520 – Croire à ta bonne étoile
Je viens de passer à une taf des embrouilles…
Lorsque j’étais en studio chez Karim, j’ai reçu une musique que mon copain Jacques Gavard avait enregistrée dans le sound-studio qu’il a installé sous son studio-photo où il passe des nuits à aimer la musique comme on chérit une maîtresse.
– Si par hasard, t’as un texte qui pourrait s’adapter…
Je ne savais pas vraiment ce qu’il voulait en faire, mais des textes, j’en ai tant ! J’ai fouillé dans le dossier intitulé « La Mine » dans lequel sont regroupés un certain nombre d’ébauches et d’esquisses, et j’ai trouvé un texte adéquat qu’après quelques corrections je lui ai envoyé. Par retour quasi instantané, il m’a invité à venir l’enregistrer. Disons que c’est ma semaine studieuse en studio. Après quatre jours intenses avec François Poitou (basse), Martin Mayer (drums) et Philippe Gonnan « Junior » (re-basse et sax ), on a quasi fini cette semaine avec Karim, les sessions instrumentales pour le prochain « les Essentielles ». J’avais un jour de battement aussi j’y suis allé. PLF-PLP comme on dit, «Pour-Le-Fun, Pour-Le-Plaisir ». Pour reprendre les mots de la stagiaire journaliste de l’autre fois « c’qu’est bien quand on est artiss’ c’est d’essayer des trucs». Faire de la musique pour jouer, comme on joue, quand on aime jouer. À 18h30 j’avais fini. On s’est salués avant que le grand Jacques ne reparte à Compiègne où il va se reposer le W.E.
– Tu repars ce soir ?
– Oui, mais avec les embouteillages, j’en ai au moins pour une heure et demi…
– Quoi ? En moto, tu passes pas entre les bagnoles ?
– Parfois mais quand même… Ma Harley n’est pas aussi maniable que ton scooter… Le périph’ c’est l’enfer à cette heure-là le vendredi soir…»
Moi, je reconnais que sur mon 125 Business, je me pose moins de questions. Je fonce et du coup avec les radars, les caméras et le trente à l’heure, il ne me reste plus guère de points. Mais à moins d’être un bonze, comment on fait pour respecter ce qu’on nous impose et qui change sans cesse ?
Le studio de Karim est à 40 kms. Au retour, après l’autoroute, je me suis encore retrouvé dans la mélasse d’un périphérique immobilisé. Chaque fois que je perds du temps, j’ai l’impression de perdre ma vie. Quand je m’emplâtre dans les bouchons, je m’irrite, je stresse à mort je somatise. Alors tant qu’à faire, je préfère le froid, la pluie, le vent, même parfois la neige, les dangers autoroutiers sur mon deux-roues léger, plutôt qu’une mobilité plus confortable au prix de longues séquences de paralysies automobiles. Je me faufile conscient qu’on n’a plus le droit de le faire. Putain de société qui veut faire ton bonheur à ta place. On te prend par la main, on te guide vers le «droit chemin », on te menace d’amendes et de représailles : « enfile ton masque », « va te faire vacciner une troisième fois… » Société dirigiste qui ne cesse d’inventer des interdits, grignotant ainsi chaque mois un peu plus l’espace qu’on appelait « de Liberté » remplacé par un fantasme de contrôle soit-disant égalitaire. Et nous voilà parqués dans des enclos de « tolérance», comme des animaux domestiqués obéissants aux directives ordonnées par des énarques puissants, limités à la « raison du plus fort » et des hommes au pouvoir qui rêvent d’une organisation absolue dont ils seraient les Maîtres…
Bref, j’ai acheté quelques barquettes de succulentes nourritures chez le traiteur italien dans la rue à côté et je suis parti dans l’idée d’aller visiter la nouvelle expo Tomasz Machciński présentée chez Christian Berst. Mais arrivé sur place soudain, coup de froid, j’ai constaté que n’avais pas/plus mon téléphone. Et meeeerde, j’ai imaginé que je l’avais oublié chez Jack, à l’autre bout de Paris. J’ai pensé rentrer chez moi pour trouver un autre phone afin de l’appeler, mais s’il était sur la route, il ne répondrait pas. Ou bien je prenais le risque d’y retourner le plus vite possible, dans l’espoir qu’une heure après, il soit encore là. La probabilité était très faible, pourtant c’est l’option que j’ai choisie. Parfois il faut y croire. Même s’il n’y a qu’une petite chance sur cent. Tant pis pour les points… J’ai foncé. Foncer au noir dans les rues mouillées. Si Jacques est déjà parti, ce dont je ne doute pas il me faudra espérer qu’il accepte de revenir demain. Mais demain il va pleuvoir… Comment ai-je pu l’oublier ? Passe-sanitaire, billet de train et tout ce qui s’en suit, aujourd’hui, on ne peut plus vivre sans téléphone. Cet objet est devenu un organe,une adjonction à notre corps, un organe extérieur portable… À moins que peut-être je ne l’ai pas emporté en venant tout à l’heure ? Hypothèse peu probable… Les idées tournaient dans ma tête à mesure que je traçais le plus vite possible pour espérer rattraper mon oubli. Et chaque feu rouge me donnait à craindre plus encore l’embrouille. Sueurs froides. Si ça se trouve d’ailleurs, il a quitté le studio tout de suite après mon départ… Je suis idiot d’imaginer qu’il puisse y avoir une possibilité qu’il soit encore là. Et mince, les flics bloquent la voie rapide. Mais pourquoi ? Pour qui ? Les motards de la police, eux s’en donnent à cœur joie. Nous, les cons, on est immobilisés. Je ne peux même pas supplier: « M’sieur l’agent laisser moi passer, faut que j’récupère mon téléphone… Oui, vous êtes en train de me fourrer grave dans le pétrin… » De toutes façons Jacques est déjà loin, il roule sur l’autoroute, et dans son studio « le téléphone pleure »… J’emprunte les déviations à fond. Je passe sur les voies de bus, les trottoirs feux oranges et quelques infractions qu’au regard de la loi j’ai « peut-être » commises et j’arrive finalement en vue de l’avenue Bosquet où est installé son studio. Ça y est, j’y suis. J’avance encore, j’essaie de voir de la lumière, mais non. Tout est éteint. Je m’approche et là… Je le vois comme un acteur dans son blouson de motard, tirant une dernière taf avant de monter sur sa grosse moto. Je lui dis : – Tu m’attendais ?
Un peu surpris, écrasant son mégot, il me répond : – Non, pourquoi ?
– Ben, j’ai oublié mon téléphone chez toi.
Comprenant soudain, ce que cela aurait pu signifier pour lui que de devoir revenir demain en urgence…
– Oh putain… J’ai pourtant fait le tour, mais je n’ai rien vu.
Il rouvre l’endroit, débranche l’alarme, rallume un instant la lumière, descend au studio… et revient avec ledit cellphone.
– Dis donc, mon pote, tu peux croire à ta bonne étoile. Tu devrais acheter un ticket de Loto, ou au minimum appeler chez toi, si tu vois c’que j’veux dire… T’as vraiment de la chance…
– Bordé de nouilles tu veux dire, et pas parce que j’ai ach’té des pâtes chez l’Italien d’à côté…
On rigole comme à la fin d’un épisode de soap comédie américaine, on se congratule à nouveau et de même je replonge dans le trafic, de même j’entends le beau son de sa grosse machine qui s’éloigne à l’inverse vers de nouvelles aventures…
CharlElie COUTURE
Nov 2021
535 – Il y a trente-six conflits armés sur la terre en ce moment
J’ai connu la guerre dite « froide », celle qui opposait deux idéologies contraires : d’un côté le bloc communiste à l’Est, de l’autre l’empire capitaliste à l’Ouest. J’ai connu la « guerre économique », celle des seigneurs de l’industrie se livrant des combats sans merci en utilisant toutes les armes financières pour conquérir des…
534 – Exposition à Lunel
Mercredi 23 Février Comme si certaines régions me faisaient plus confiance que d’autres, peut-être, je ne sais pas disons surtout depuis que Stéphane Jurand est venu me visiter à la REGallery dans mes années New-Yorkaises, j’ai donc exposé depuis plusieurs fois dans le Sud-Ouest : à Sète au Musée Paul Valéry, en 2019 à l’Arbre…
533 – Visite virtuelle de la grotte de Lascaux
Si depuis la nuit des temps l’homme rêve d’un toit pour le protéger, si chacun/chacune rêve de devenir propriétaire de l’endroit qu’il habite, pour autant « la cité de l’architecture » ne peut pas se vanter d’être le plus visité des Musées de Paris. Combien de fois suis-je passé devant sans même savoir qu’il existait……
532 – « NOS vieux »
Au fond le scandale des exactions commises par certains au détriment de leurs pensionnaires sous l’enseigne ORPÉA, ne choque que ceux qui veulent bien être choqués. Comme un coup de pied dans la fourmilière. Et on apprend ensuite que les pratiques du groupe Korian ne semblent guère plus « civiles ». Et je me souviens d’un dîner,…