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18/01/2024
Inspiré par la très belle musique de Thierry Aymes, j’ai écrit et interprété il y a déjà quelques mois le titre “Tous témoins” pour son album “To Romy 82”. Le disque est maintenant disponible et vous pourrez trouver toutes les infos sur le site leseditionsduchienquipasse.com
Les excellents musiciens donnent à ces morceaux une tonalité Cool Jazz très envoûtante: Stéphane Belmondo : bugle, Thierry Aymès : Piano,claviers, Frédéric Schneider : contrebasse
Dawoud Bounabi : batterie et Stéphane Cavene aux percussions, plus quelques invités talentueux.
Je suis heureux d’avoir été mêlé à ce projet élégant et ravi que mes mots soient portés par la mélodie sans âge de ce morceau.
TOUS TÉMOINS
Sur un banc, dans un square ou au bord du canal,
Au coin du boulevard en lisant un journal,
Quand le vieux monde libéral court à sa perte,
Dans le vide sidéral des avenues désertes.
Témoins de tout, témoins de rien,
Malgré nous on est tous témoins,
Témoins de tout, témoins de rien,
Malgré nous on est tous témoins.
Ça s’castagne sur les barricades à Kaboul à Belgrade,
Et ça sent l’ammoniaque dans une ruelle en cul de sac,
Snipper solo en Syrie, règlement de compte en Tchétchénie,
Attentat suicide à Bagdad , panique à bord et bousculade.
Témoins de tout, témoins de rien,
Malgré nous on est tous témoins,
Témoins de tout, témoins de rien,
Malgré nous on est tous témoins.
Wagners en Ukraine, enflammés de rage,
Dénoncer la haine, les martyres les carnages,
Les colis piégés, la loi du Talion quand s’élève au ciel ou gros champignon,
Faillite climatique ou crise monétaire,
Coup d’état militaire, full contact planétaire,
Le monde en guerre un peu partout,
Et ça se passe aussi, à deux pas d’chez nous.
Instrumental
Les flaques de pétrole, la ferraille qui rouille,
Et puis le symbole des femmes que l’on souille,
La terre qui tremble, les souterrains,
Et puis le grondement d’un train qui déraille,
Un missile au loin dés le petit matin,
N’y a-t-il pas d’heure pour livrer bataille ?
Alors je m’évade en fermant les yeux,
De quoi a-t-on besoin pour être heureux ?
Le bruit des chenilles qui se tirent au loin,
La fin des combats, le néant soudain,
Qui qu’on soit, où qu’on aille, qu’on le veuille ou non,
On est tous témoins
Témoins de tout, témoins de rien,
Envie que ça s’arrête envie de rien,
Sinon de musique quelque chose d’humain,
Envie de calme et de paix le front dans les mains ;
Faudrait pas qu’tu crois qu’c’est d’l’indifférence
Simplement parfois on a juste besoin, de silence.
15 janvier 2024
C’est un honneur pour moi de partager avec vous le post publié par Dominique Blanc-Francard qui a réalisé l’album ’CONTRE TOI’ qui sortira dans un mois,
Et d’autant plus quand on connaît l’expérience, le savoir-faire et la clairvoyance de ce grand monsieur qui a travaillé avec tellement d’artistes talentueux à qui on sait qu’il a permis d’exprimer le meilleur d’eux-mêmes.
Dominique Blanc-Francard
Je voulais vous parler de« Contre toi »,le nouvel album de Charlélie Couture qui doit sortir le 9 février prochain, que j’ai eu le privilège de réaliser avec lui et Karim Attoumane, guitariste éclectique et sensible dont le jeu fluide et précis entour
la majorité des chansons de ce disque.
Travailler avec CharlElie est une joie. C’est quelqu’un de très exigeant, mais qui fait confiance aux autres. Il sait exactement ce qu’il veut entendre et surtout il sait dire « non » immédiatement à toute idée qui n’a aucune chance d’améliorer sa production.
Avec lui, les choses sont simples, efficaces et rapides.
Les journées sont bien remplies et le résultat est juste un concentré de ses émotions, comme un café expresso serré qui vient de couler dans une tasse.
Avec lui , il faut suivre sa route, enlever les cailloux qui la ralentissent, trouver toujours des solutions simples pour que ses chansons soient libres de circuler directement vers votre cerveau. Il espère entendre le son de chaque chose telle qu’il les imagine dans sa tête, à nous de les rendre audible à travers le dédale des micros, préamplis, compresseurs, plug-ins, et autres fichiers wav…
Avec lui, il ne faut pas hésiter à discuter de tous les petits détaits anodins qui pourraient nuire au plaisir de l’écoute, même si il faut couper dans le texte ou modifier les harmonies et la structure des chansons…
Le soir, quand il partait du studio, le sourire sur son visage était ma récompense de la journée.
Le sourire d’un artiste content.
Merci pour ces super moments, CharlElie.
13 janvier 2024
Rêver de s’inscrire dans l’histoire comme un « réformateur », protégé par un paravent de prête-noms ministres, il survit seul sur son île de Pouvoir. Monsieur « venez-me-chercher », l’ami d’Uber et d’Alexandre Benalla, Emmanuel en boîte automatique est à la manœuvre en conduite accompagnée pour imposer au pays sa vision illuminée d’un libéralisme centriste. Sept ans d’exercice du pouvoir, il navigue à l’envi comme bon lui chante, gouvernant à l’emporte-pièce comme le faisait un certain Sarkozy qui semble l’inspirer. Et depuis qu’il a découvert l’usage aisé du 49,3, l’énarque amiénois accouche au forceps de lois orphelines sans l’assentiment de ses pairs. Celui-qui-ne sait-pas-déléguer a donc formé SON nouveau gouvernement autour du svelte premier ministre transplanté d’un pot à un autre, d’un poste à un autre spot. Jeu des chaises musicales à Matignon. Pour ce énième gouvernement, on prend les mêmes, et c’est reparti pour un tour de manège. La garde rapprochée des trente fidèles, maxi ou mini ministres permutent à la table du conseil (et soudain en prime la Culture apparaît comme une fève bling bling dans la galette).
Affirmer une chose un jour, faire le contraire le lendemain et puis à nouveau changer d’avis le surlendemain. Y-a-t-il une logique, une cohérence dans tout cela ? Non, pas vraiment.
Cet opportunisme ne trompe personne, pas plus le peuple que les observateurs étrangers. Juste un projet politique fait d’une suite de petits arrangements inspirés par l’illusion d’une croissance économique qui ne profite qu’aux très riches.
Noyer le poisson en faisant des sourires « cool » (ou en consolant M’Bappé sur la pelouse de Doha/Qatar), abuser des temps d’antenne pour dispatcher un baratin d’annonces comme s’il pulvériserait des gaz euphorisants désodorisants, intitulés « Brise démocrate », « J’entends ce que vous dites », « Parfum de sécurité », « Sous-bois milliardaire », « Menthe émigrante », ou « Fleur de matraque à la bombe lacrymo ». Ô discours parfumés qui n’ont pour intention/finalité que de camoufler l’odeur de merde qui monte aux narines Le Pen.
Nouveau gouvernement ? C’est ce qu’on dit, mais qui qu’ils soient, les missi dominici dévoués continueront d’animer les plateaux télé pour affirmer la « baisse du chômage » ou l’ambition de l’indépendance énergétique, nier les super profits des cadors de la spéculation financière, ou parler de réindustrialisation. Et dans le même temps, on verra augmenter les taxes (10% sur l’électricité), et les herbes pousser sur les anciennes voies ferroviaires, tandis qu’on nous soulera de pubs pour les voitures électriques.
Difficile de prendre du recul quand on est collé au mur de l’instantané comme des condamnés ciblés par les jugements et commentaires des social médias.
Bien sûr que le mensonge a toujours fait partie des « méthodes » politiciennes, mais s’il cautérise les plaies à court terme, le mensonge ne génère pas pour autant un sentiment de bienêtre. La relation qu’un peuple entretient avec son État, est la même que celle qui s’établit dans un couple. Quand on n’a plus confiance dans la parole donnée, envahi par le doute, tout devient suspect.
Le démantèlement de la gauche n’a mené qu’à la banalisation d’une extrême droite devenue simplement la Droite.
Brrr, ça fait froid dans le dos en même temps que l’hiver est bien là !
CharlElie COUTURE
6 janvier 2024
Depuis deux mois, en plus de ce que je fais habituellement, tous les jours, je suis plongé dans les films proposés aux César 2023. À ce jour, en plus de ceux que je suis allé voir en salle malgré la menace de punaises de lit, j’en ai vu un peu plus de cent dix. Sans méthode, de façon aléatoire, mais tous les jours je m’y colle. Puisque je suis juge, alors je lis mes dossiers. Ça représente beaucoup de temps, mais c’est aussi une contrainte passionnante à laquelle je m’astreins chaque année.
Cette lecture panoramique de tout ce qui se fait en matière de cinéma en France, me donne une idée large sur les préoccupations et l’esprit de notre époque.
Avec une intrigue ET une conclusion, comme un roman, une pièce de théâtre, un disque ou toute œuvre accomplie, un film est un objet fini. Avec un début ET une fin.
Dans le genre qu’on appelle « série », c’est différent. On y « entre » comme dans une nasse. Chronophage. Créées avec le secret espoir de reconduire les personnages de saison en saison, les séries durent « le plus longtemps possible ». Même moribondes elles refusent de finir et s’achèvent sur une nouvelle énigme. Fausses pistes, labyrinthe, bagarres chorégraphiées à l’infini, courses poursuites à pied à cheval ou en voiture, délayer les plans séquences, remplir les cartes mémoires des caméras, rajouter des rôles inutiles et des scènes en flashback… Les techniques sont nombreuses pour diluer le contenu afin de remplir le contenant. Mais à force de tresser les intrigues, même les auteurs perdent le fil, et dès le cinq ou sixième épisode, la psychologie des personnages explose et ça devient n’importe quoi.
Un film c’est différent, on le monte, on le démonte, on le remonte. Un film est un tout, un entier dont l’énigme se veut en général, résolue quand le post-générique défile.
Le cinéma Français est toujours bien là, avec ses propositions variées, avec ses comédies et ses drames populaires, avec ses confirmations et ses révélations touchées par la grâce.
Films improbables ou biopic, comédies commerciales ou prises de risque, petits films sans moyens tournés en quelques jours, ou grosses productions alimentées par des millions, en décor naturel ou entièrement reconstruits, en prêt à porter ou en costumes, la proposition est à 180°. On peut estimer qu’il y en a trop mais comment choisir ? La promotion d’un film n’est pas un gage de qualité. Je découvre des films passionnants venus de nulle part dont on n’a même pas entendu le titre et à l’inverse, des films promus à l’ivresse, qui ne mérite pas le détour. D’ailleurs je dois convenir que parfois, j’accélère, je zappe ou je lâche à la moitié. Mais du moins j’essaie, et je regarde tout y compris ceux dont le titre, l’affiche ou le casting ne m’apparaît pas tentant.
2023, une grosse production, plus que jamais beaucoup de déchet, mais aussi des pépites qui justifient tout mon amour pour le cinéma.
Je n’ai pas encore achevé de tout voir, (je ne sais pas si j’y arriverai), il me reste encore quelques jours/nuits avant de prononcer mon vote, mais pour donner une idée, (en insistant sur le fait que j’ai encore à visionner d’autres films importants), voici néanmoins une sélection de douze/quatorze films parmi ceux que j’ai (pour l’instant) préférés pour telle ou telle raison …
Ça c’est César…
1-« Je verrai toujours vos visages » réalisation Jeanne Herry
2-« Chien de la casse » de Jean Baptiste Durand
3-« Sur la branche » de Marie Garrel Weiss
4-“Dalva” Premier film d’Emmanuelle Nicot
5-« De grandes espérances » de Sylvain Descloux
6-“Il Boemo” de Petr Vaclav,
7-« Pour la France » de Rachid Hami
8-« Les trois mousquetaires » réalisé par Martin Bourboulon
8bis-« Jeanne du Barry » de Maïwenn
9-« 16 ans » Réal Philippe Lioret
10-« Vincent doit mourir » de Stéphane Castang
11-« L’été dernier » de Catherine Breilhat
12-« Chambre 999 » documentaire de Lubna Playoust
12 bis-« Mars express » film d’animation de Jérémie Perin
CharlElie COUTURE
NB: en prime évidemment, le déjà primé “Anatomie d’une chute”, l’un des meilleurs films de cette année.
1er janvier 2024
Ô dangereux repas de famille. Banquets du clan. Chaque année on passe au contrôle technique. Le repas de famille est une plateforme de reconditionnement. Passer au scan du jugement familial. Les questions qui n’en sont pas.
– Et toi comment ça va ?
N’est que la première question de l’inquisiteur. S’en suivent une ribambelle d’autres.
– La santé, tout ça… C’est important la santé…
On arrive tout sourire, mais assez vite on s’aperçoit que rien, ni personne n’est vraiment innocent. Déjà à l’apéro, ça peut partir en live:
– T’as trouvé un job ?
– …
– Je parle d’un vrai travail… Un CDI chez Dédé…
En pointillé. D’année en année. Comparer les valeurs.
– Mais le télétravail, c’est du VRAI travail !
– Ah… ? C’est nouveau ça…
Après l’argent, le boulot, viennent les questions « perso », des questions de voyeur concernant le rapport au monde :
– T’as une copine ? T’es marié ? Non. Tu me diras, j’suis con, on l’aurait su, hein …
– J’ai DES copines…
– Attends… DES copines, ça ne compte pas, enfin j’veux dire, tu vois …
– Qu’est-ce que tu veux dire…
– Ouais, pour la bagatelle, ok, mais sérieux, des enfants t’en veux ?
– … (no answer)
– Et ta voiture, finalement t’en a changé ?
– …
Un verre et puis un autre. Parler de soi, parler trop. L’alcool désinhibe. Gare aux mutins qui ne correspondent pas à l’archétype, méfiance face aux taiseux qui restent dans leur coin. Sans fin des mots sans frein, façon réseaux sociaux. Fromage, desserts, les rapports se tendent. De dièse en dièse, le ton monte. Les jalousies apparaissent. Les animosités animales remplacent les fines affinités. La belle nappe se couvre de miettes.
Mais pour éviter de finir en baston à propos des retraites ou de l’inflation, de la loi sur l’immigration ou de Mélenchon, de Marine L.P en parallèle des accès de fièvre antisémite, à propos de Palmade, ou de Gérard Depardieu, de Poivre d’Arvor, de Cauet ou de Nicolas Bedos, à propos des millions de dégâts après la mort de Nael Merzouk et puis les incendies dus à la sécheresse, ou tous les militants blessés à Sainte Soline, à propos de l’arbitrage de la ½ finale de la coupe du monde de Rugby, il y a toujours une bonne raison pour s’engueuler quand le verre est vide.
Mais plutôt que finir avant qu’il ne soit trop tard, se quitter avec une dernière blague sur le palier … « C ’est Sheila qui téléphone : – Allo c’est Sheila…
– Sheila quoi ?
– Sheila fin d’l’année ».
CharlElie COUTURE
28/12/2023
Ignorant souvent les fondations qui ont permis qu’elle se construise, mais excitée par sa jeunesse pleine d’entrain, chaque nouvelle génération qui prend le pouvoir, veut imposer sa vision du monde. Pour marquer sa différence, elle refuse les compromis. Ça peut se passer de façon fluide si les protagonistes maîtrisent l’art de la diplomatie, mais ça peut aussi se faire de façon plus abrupte si le manque d’éducation (politique) incite les assaillants à grimper sur des échelles pour escalader les remparts de la génération qui précède.
En France, un quart de la population a moins de 20 ans. Mais ceux-là manient (et manipulent) les réseaux sociaux bien plus et mieux que leurs ainés. Moins de devoirs à la maison le soir, il leur reste pas mal de temps libre pour propager leur espoir (candide) de voir un jour le monde correspondre à l’image idéale qu’ils s’en font. Du coup, même si les ¾ du pays pensent autrement, on pourrait avoir l’impression que leur point de vue « adolescent » est majoritaire.
Aujourd’hui donc, la nouvelle génération suggère qu’on déboulonne les statues, qu’on change le nom d’un quartier ou le titre d’un livre, ou même qu’on efface les symboles des contes de fées…. Et donc Depardieu « le scandaleux » est mis sur la sellette. S’il est coupable des faits qui lui sont reprochés, l’œuvre qu’il a accomplie ne peut en aucun cas l’exonérer, mais ceux qui s’attaquent à lui ont-ils jamais été émus par ce qu’il a fait ? Quand chacun en remet une couche, pour lui reprocher d’être finalement ce qu’il est. Allumé par le méchant Moix, attise-t-on le brasier du bûcher de la morale pour brûler ce sorcier d’un autre âge ? Ou bien, a-t-on si peu confiance en la Justice, que chacun décide du jugement qu’il voudrait voir appliqué, en adoptant des positions tranchées, sans connaître des détails du dossier ?
Débats houleux dans les familles. « Ils en ont parlé… » Verdicts fondés sur des valeurs différentes, des principes opposés, points de vue radicaux, générationnels. D’un côté ceux qui défendent une certaine rusticité rabelaisienne, une trivialité « humaine », une grossièreté paillarde, de l’autre ceux qui, pleins d’empathie, prennent le parti des victimes « sous influence » jusque-là trop souvent tenues sous silence… (Je me garderai bien de me mêler de prendre part à la mêlée. Même si le rugby moderne s’est professionnalisé, subsistent encore bien des écrasements de couilles et des doigts dans l’œil-).
Le Présent est bien là, il faut faire avec. L’eau ne remonte jamais à sa source. Le rythme s’est accéléré au point de fracturer le Temps. La continuité dans laquelle ont vécu ceux qui s’amusaient à étirer le temps comme de la pâte à sucre, cette continuité logique ennuie les nouveaux venus, qui vivent eux, dans un monde d’images fragmentées. Vidéos accélérées. Sujets brûlants ! Reels épicées. Violences sadiques. Atrocités. Blagues à la con et rires débiles. Un monde Tik tok fait d’images chocs. Twitter en version « X » où se confondent vrais scoops et fake news.
Si la nouvelle génération veut faire la morale à celle qui lui a précédé, de quelle morale parle-t-on ?
Dans la charte qui leur sert de référence, on va dire qu’il y a des articles de loi qui parlent d’écologie, de transformation des déchets, de seconde main et d’économie d’énergie, et puis ce rapport homme/femme qui se veut inversé, et aussi le respect des droits de l’animal… mais il y a aussi un certain nombre de paragraphes à l’eau de rose, chochotte à fleur de peau, qui ne ressemblent vraiment pas à la vie de chien que mène cette génération pour simplement survivre.
C’est vrai, les codes de la déroute ne sont plus les mêmes…
CharlElie COUTURE
26/12/2023
Si l’on considère que le talent, c’est l’habileté naturelle à faire un geste ou analyser une situation, le talent ne s’apprend pas.
Bien sûr, qui que l’on soit, doué ou maladroit, on peut toujours corriger ses défauts et apprendre à améliorer une pratique pour se dépasser, afin d’atteindre peut-être un jour le sublime, mais même cet extraordinaire-là dépend d’un certain nombre de circonstances indépendantes de notre seule volonté.
À fortiori si l’on a des prédispositions, on peut (on doit) bien évidemment préciser cet avantage « inné » par le travail et la répétition, par l’acquisition de techniques et par l’expérience. Mais qu’il s’agisse de mathématique, d’art ou de business, de goût ou de sport, ce qui semble facile pour les uns, restera un effort pour les autres. Ce qui est ludique pour les uns sera toujours un combat pour d’autres. Ce que les uns font en souplesse, d’autres le font en serrant les dents.
La scène est un révélateur ultime. Aujourd’hui, on est confronté à une vague de nouveaux stand-up comiques qui croient qu’il suffit d’étaler devant un public la médiocrité détaillée de leur pauvre vie de cons pour nous faire rire, mais cette marée d’algues pue simplement la marée. On a mal pour eux. Aussi mal que lorsqu’un politicien oiseux nous emmerde avec un discours lu, ahané devant son prompteur, ou qu’une médiocre chanteuse s’égosille à tenter les trilles de stars américaines conditionnées, comme un bâton de sucette se prenant pour un mât de cocagne. « Y a guère qu’un seul conteur pour tant de baratineurs » disait la chanson. Et ça n’a pas changé depuis 1975.
Mais, de même le talent ne s’apprend pas, de même heureusement je veux croire qu’il perdure bien plus longtemps que le simple « effet de mode ».
La mode est aussi jalouse qu’infidèle, aussi facétieuse que dogmatique. La mode est une bactérie cruelle et gourmande, pourtant aussi volatile qu’un gaz asphyx-chiant. Étincelant de toute sa frivolité charmante, la mode guirlande scintille dans la nuit des quidams éteints. Elle qui se poste au détour de chaque saison, pour traquer la nouveauté comme les abeilles affamées guettent les premiers atomes des pollens du printemps. La mode scrute le moindre néo-détail comme une femelle moustique attirée par les phéromones qui vont la nourrir. Oui, tremper sa trompe avec délice dans un point de concordance (danse), rempli d’énergie nouvelle, et se vanter de s’être régalé de cette sève nouvelle. Et puis la broyer, la digérer, avant de la conchier.
C’est un principe sournois, mais inexorable : plus on a aimé et plus on déteste.
Les mêmes adorateurs qui ont vanté ton talent, te balanceront avec autant de fièvre qu’ils t’ont adulé. Mais un chef qui a perdu une étoile au firmament de son amour-propre, perd en même temps le goût de vivre et mérite-t-il qu’on l’enterre vivant derechef ?
Quand les brindilles brûlent, ça fait de la lumière, des flammes hautes qui dégagent une chaleur inouïe, oui mais pas de tisons… C’est ce qu’on appelle « l’amour passion ».
Jusqu’à ce que les critiques ou aficionados de la mode qui ont servi de référence et défini les valeurs /critères d’une époque, se retrouvent à leur tour avalés par la vague suivante. Alors comme par enchantement, ces mêmes caustiques si corrosifs qu’ils furent, s’attendrissent en même temps que renaît en eux le souvenir de leurs exaltations et leurs joies extatiques, quand ils aimaient (pour de bon) quelque chose ou quelqu’un. (En musique, je pense à ceux qui ont ironisé à propos du rock et du jazz vieillissant, et qui se retrouvent aujourd’hui tout aussi véhéments réactionnaires évoquant la culture Hiphop des nineties avec des sanglots dans la voix)…
Mais quoi de plus normal. En relisant un livre, en revoyant un film, en réécoutant une musique, ou en goûtant un plat, (une madeleine), on peut se sentir envahi par un sentiment flou qui fait fi des détails, et qu’on appelle « nostalgie ».
Quand le souvenir ne dessine plus en nous qu’une silhouette approximative de ce qu’on a vécu, alors apparaît le spectre illuminé de nos anciennes amours idéalisées. Comme s’il ne restait que le fond, sans la forme. C’est l’intention qui compte !
Convenons que le talent perdure au-delà de l’instant, et que le savoir-faire ne peut pas se résumer aux caprices de la mode.
CharlElie COUTURE
Imagine John Lennon 25/12/2023
(traduction libre CC)
Imagine que le paradis n’existe pas
Facile, vas-y essaie
Pas d’enfer non plus sous terre
Au-dessus de nous, juste le ciel
Imagine un monde au jour le jour
Imagine qu’il n’y ait pas de pays/pas de frontière
C’est pas si difficile
Plus de raison de tuer ou de se sacrifier
Et pas de religion non plus
Imagine les gens vivant en paix leur vie entière
Tu peux me traiter de rêveur
Mais je ne suis pas le seul
J’espère qu’un jour toi aussi …
Et le monde ne fera qu’un !
Imagine : plus de titre de richesse
J’sais pas si tu saurais le faire
Fini l’appât du gain
Un monde de fraternité
Imagine un monde (entièrement) partagé
Tu peux me traiter de rêveur
Mais je ne suis pas le seul
J’espère qu’un jour toi aussi…
Et le monde ne fera plus qu’un !
———version originale——
Imagine there’s no heaven
It’s easy if you try
No hell below us
Above us only sky
Imagine all the people living for today
Imagine there’s no countries
It isn’t hard to do
Nothing to kill or die for
And no religion too
Imagine all the people living life in peace
You may say I’m a dreamer
But I’m not the only one
I hope someday you’ll join us
And the world will be as one
Imagine no possessions
I wonder if you can
No need for greed or hunger
A brotherhood of man
Imagine all the people sharing all the world
You may say I’m a dreamer
But I’m not the only one
I hope someday you’ll join us
And the world will be as one.
WOW—WWOWW—WWWOWWW- On dirait que ça se rapproche… D’abord les fêtes du solstice d’hiver et son nouveau soleil. WOW ! Now Noel se rapproche, Yes now …
Et puis le début d’une année qu’on rêverait volontiers meilleure que la précédente… Et puis les jeux de l’Olympe à Panam, entre espoir et panique, entre colère et râleries des usagers en amont de l’augmentation des tarifs des transports, installations de caméras, de bornes d’identification, de radars sur le périphérique, suppression de places de parking sans alternative ni compensation mais des PV’s à tire larigot, disparition des bouquinistes pour raison de sécurité, etc… Pas besoin d’être un augure pour voir venir les dépressions et les burn out en Août. Ça va être la joie ! Alors on peut bien éclairer les rues, WOW…
Nouvelle année. Les bonnes résolutions, pour soi, et pour les autres…
Et puis les réformes qui continueront dans l’allégresse des 49,3,
Les pro-messes d’un côté, (les amateurs de l’autre) et les laïcs au milieu,
Et le réchauffement climatique perdurera jusqu’à la fulgurance, on étouffera sous des températures caniculaires qui nous assécheront le gosier, et les rivières à sec, le sol dur comme la pierre et les centrales nucléaires en panne. On l’aura bien voulu. Mais les vendeurs de glaces et de climatiseurs y trouveront leur compte. Et les compagnies de paquebots continueront de vendre des voyages d’illusion aux retraités, et les cargos traverseront les océans chargés de leurs tonnes de marchandises chinoises livrées par centaines de milliers de containers abandonnés sur les quais des grands ports saturés, WOW, on dirait que ça se rapproche oui.
Mais aussi les gens généreux, les altruistes et les assos caritatives feront toujours don de leur temps pour aider les nécessiteux, et les vrais gens courageux, plus nombreux qu’on ne le dit, feront toujours la nique aux trous du cul narcissiques et autres zozos qui se croient protégés sous la carapace de leur bêtise ignorante, eux qui frémissent pour un rien quand le vent de la vie fait vibrer leur tige à la moindre vicissitude.
Et puis l’Art, la musique et l’humour des poètes nous feront goûter autant les grands que les petits bonheurs, on se régalera des plaisirs délicieux toi et moi, tous les deux…
Et l’on passera d’autres soirées à échanger des idées et des blagues entre amis,
Et ces instants amnésiques forceront l’oubli.
WOW, on dirait que ça se rapproche, la vie qui repartira pour un cycle en entendant les rires d’enfants au printemps…
WOW, on dirait que ça se rapproche oui.
Sans oublier la sortie de l’album « CONTRE TOI , en Février,
Et repartir en tournée,
Sur la route ad libitum,
WOW …
CharlElie COUTURE
Quand je suis rentré de l’île de la Réunion, cette année au mois de Mai 2023, Henry Duffour qui avait supervisé la reprise de “l’avion sans ailes” et “je suis ton ami” par ses élèves de l’école Benjamin Hoareau à Le Port, Henry donc m’a demandé si j’avais un texte qu’il pourrait faire travailler à ses élèves en guise de Nouveau projet pour l’année prochaine. `Je lui ai envoyé le poème ci-dessous qu’il a joliment mis en musique.
Je découvre aujourd’hui avec joie par hasard, qu’ils ont déjà donné vie à la chanson…
Bravo à vous.
CharlElie
Mots liberté, égalité
Sur les murs de nos cités
Mots d’amour prisonniers
Du silence ou du papier.
Mots censurés, mots interdits
Ou mots serrés, dans les livres
On les fait vivre quand on les dits
Quand on les lit, on les délivre.
Au-delà du temps, au-delà des âges
Les mots sont des oiseaux en cage)bis
Mots de dialogue ou de fraternité
Mots de code ou aveux expiés
Qu’ils soient écrits ou bien parlés
Qu’ils soient chantés ou murmurés.
Au-delà du temps, au-delà des âges
Les mots sont des oiseaux en cage)bis
Mots d’injustice, condamnés
Ou sur les affiches, imprimées
Les mots rêvent de s’envoler,
Pour être heureux, libérons-les !
Au-delà du temps, au-delà des âges
Les mots sont des oiseaux en cage)bis
Au-delà du temps, au-delà des âges
Les mots sont des oiseaux en cage)bis
Gare de Vierzon, en contre-jour, chargé de nous emmener sur le lieu de tournage à quarante kilomètres de là, un type nous a fait signe en nous demandant si on avait fait un bon voyage. J’ai répondu : – Rien à dire, si ce n’est que le train est arrivé à l’heure.
– Comment ça ?
– Il y a quelques jours, on a pris la même ligne pour aller faire un concert à Châteauroux et tant à l’aller qu’au retour on a pris une ½ heure dans les dents. À l’aller aux Aubrais, on a débarqué un voyageur tombé en pâmoison, au retour idem, immobilisé ½ heure parce qu’un autre train était “en panne” sur la même voie… Tu es « runner » sur ce tournage ?
– Oui, enfin, j’prends c’qu’on m’donne.
Avant, il bossait dans le fret ferroviaire, et puis après le premier confinement, il a burn-outé en août et du coup il était allé « dans l’artistique »,
– C’est à dire?
– Ben vous voyez quoi, le cinéma, le théâtre, la télé, « tout ça »…
Maintenant, il est intermittent du spectacle.
– C’est quoi tes compétences « dans l’artistique ? »
– Bein, euh…J’vous conduis, quoi… Sauf que, j’devrais pas vous l’dire mais c’matin, j’ai cassé le camion de loc qu’on m’avait demandé de déplacer… Oui, bon, ben, euh, on m’demande de tout faire, tu vois. »
En mon fors intérieur, je pense qu’il n’est pas vraiment prêt pour « l’artistique »… Peut-être qu’il aurait dû rester dans le fret.
Arrivé sur site.
Une friche industrielle reconvertie en lieu de culture.
Aux murs des tags, des murals et des graffittis de belle facture. Il fait froid. Il bruine. L’assistant qui nous conduit nous montre le plateau décoré façon Jungle où l’on jouera ce soir. Dans une autre grande pièce aménagée en galerie, il y a un grand piano à queue et de super sculptures.
– On va d’abord déjeuner.
Dans une autre bâtisse, l’hôte de ce tiers-lieu-collectif-coopérative-associatif, nous énumère les détails du menu végétarien posé dans des marmites sur la longue table. Il parle en riant : « il y a toujours bcp de monde ici… » Il s’appelle ANTI, il est artiste mais il se veut antiartiste ( plutôt artisan… ) C’est lui l’auteur des super sculptures. En même temps qu’on se régale de ces produits bios issus du potager, deux techniciens hyper pointus échangent des infos pointues à propos de mangas. Ils parlent un langage abscons truffé de références que j’ignore. Ô perceptions Parallèles, c’est ça l’Umwlet dont parle Jakob Uexkküll, et que cite Ed Yong dans le livre “un monde immense » que je dévore actuellement.
Il y a maintenant plus d’une vingtaine de personnes dans la salle à manger. Je salue le réal et l’assistant réal, et la dir de prod., le chef op’… Arrive ensuite l’excellent SLY2 qui va peindre une fresque tout à l’heure, et Laure « Tigre bleu », (anciennement Tilo, moitié du duo Toukan Toukan ) qui développe un projet solo pop-electro. On nous a demandé de chanter un titre ensemble, j’ai proposé qu’on reprenne « Imagine » de John Lennon en résonnance avec le « jardin surréaliste » (vaste foutoir) qui nous entoure,.
L’après-midi se passe entre les répétitions de la chanson, les attentes et les interviews avec les sympathiques Elise Chassaing et Raphäl Yem qui animent ce magazine culturel « Renversant » financé par la région Centre Val-de Loire.
Pendant une pause, ANTI me raconte comment il a racheté cet endroit qui s’étale sur cinq hectares (plus vingt autres de terrain) pour en faire un centre de création, une sorte de phalanstère ZAD dans les anciennes usines qui fabriquaient les cuisinières Rosières. Plus de mille ouvriers (ières) travaillaient ici. Après la fermeture l’endroit est resté à l’abandon, jusqu’à ce que des artistes et deux cent cinquante bénévoles choisissent de faire revivre ce tiers-lieu : reconstruire les toitures, changer les vitres brisées…
Aujourd’hui, comme « après la bombe », le jardin en désordre, ressemble à ce que fut Christiania dans le Copenhague des années 70, une autre version de la demeure du chaos de Thierry Ehrmann, un vélo accroché aux branches, des poules et un coq en liberté qui pérore à tout va dans un cercle de pierres peintes en rouge, un ours blanc dans une cabine téléphonique, des poupées et un soldat de la guerre des étoiles… Pourtant malgré le bordel apparent, ANTI semble avoir une vision très précise, très militante de ce qu’il refuse ou de ce qu’il cherche à atteindre. Mélange d’intelligence artificielle, de haute technologie et de « roots » brut de pommes. Faire des soudures et du codage, les pieds dans la gadoue…
Dans la froideur humide de la nuit tombée, le tournage s’achève enfin dans la bonne humeur, et le même runner apprenti nous rapatrie dans le brouillard jusqu’au Mercure proche de la gare de Bourges.
Diffusion prévue de l’émission au début d l’année 2024…
CharlElie COUTURE
decembre 20XXIII
Vendredi 8 décembre- Chateauroux/COMPLE
Dernier concert des “quelques ESSENTIELLES” en Duo (CharlElie COUTURE / Piano / Guitare : Vocal et Karim ATTOUMANE, Guitare, prog; B-Voc) après une tournée au cours de laquelle on a joué une setlist revisitée façon “intime in time”; le spectacle n’a cessé d’évoluer au fil du parcours et qui m’a, entre autre, fait re-découvrir le plaisir de jouer sur de vrais pianos à queues, de toutes les marques et de tous les styles. Merci à tous ceux qui ont participé à ce spectacle dont l’ingé son Philippe GUICHARD, lumières créées par Julien SPARKS, régies Christophe Frapa / Paco Fernandez.
Merci encore au brillantissime Karim ATTOUMANE, et au public de celles et ceux qui se sont déplacés nombreux,en toutes circonstances, masqués ou démasqués, pour que ma musique en Live du moins, continue d’exister.
Après la sortie en Février du nouveau LP “CONTRE TOI”, je repartirai vite sur la route avec un nouveau projet, nouveau set, nouveau programme, nouveau spectacle, nouveau son, nouveau groupe, bref tout nouveau (sauf Karim qui sera, bien sûr, de la partie…)
Concert 16 et 17 avril Théâtre de l’Atelier…
Booking concert AZIMUTH PRODUCTIONS – Julie Giraud
3 décembre 2024 Shane MacGowan
On dit que l’alcool ne dissout pas le génie, mais qu’il corrode la dignité. Avec son sourire compliqué, Shane MacGowan faisait partie de ceux qu’on imaginait encore plus saoûl qu’il ne l’était vraiment. Boire ou conduire, Shane n’avait pas le permis, mais il s’autorisait à “mal” se conduire de verre en verre, sur les scènes de travers. Shane MacGowan, ex chanteur des Pogues, groupe iconique du Punk Irlandais zigzagua ainsi sans retenue dans les années 80/90.
Né dans le Kent de parents Irlandais, Shane Patrick Lysaght MacGowan fut le héros des anges déchus. Sa voix rugueuse était envahie par une sorte de passion irrémédiable. Lui l’Irlandais d’Angleterre, féru de Littérature, s’était fait virer de la prestigieuse Westminster School pour possession de quelques grammes de substances, et il avait atterri dans les pubs où se produisaient les Sex Pistols, les Clash… C’est ainsi qu’avec les Nibs puis avec les Pogues, il avait donné un son et même une identité à l’Irlande dans un Londres Underground, quand Belfast était encore en guerre. Lui le punk dans le sens noble du terme, comme Alain Pacadis en incarnait le dandisme à longueur d’articles parus dans Libé.
Charles Bukowski, Hemingway, Faulkner ou Edgar Alan Poe, Churchill, Francis Bacon, Toulouse Lautrec, Lemmy Kimlister, Tom Waits, Renaud, Gainsbourg à la bourre, ielles sont nombreux ceux qui ont bu plus que leur soif des pintes et des chopines, des flûtes et des coupes, des shooters, des bocks et des ballons…
Même si Shane MacGowan avait plus ou moins disparu du paysage depuis des années, ne faisant que des apparitions sporadiques ici ou ailleurs, poursuivi toute sa vie par ses addictions comme les casseroles accrochées aux pare-chocs d’une carriole de mariés,
À ce Shane MacGowan, âgé de 65 ans emporté par une encéphalite virale, on ne peut aujourd’hui que souhaiter le fameux « rest-in-peace,”
désormais six pieds « saoul » terre.
2 décembre 2024 Johnny Jane
Mon 26ème album “CONTRE TOI” sortira en Février. Dans les interviews en amont, certains me demandent si je suis sensible à ce qui se passe dans le domaine de la musique aujourd’hui. S’agit-il d’une question perfide, ou seulement curieuse ? En ce qui concerne la chanson française, trois noms me viennent à l’esprit, plus un : USSAR, Zed Yun Pavarotti, Malik Djoudi et puis aussi Johnny Jane. J’ai découvert J.J., il y a quelques mois, par hasard grâce à l’algorithme Instagram. La mélodie joyeusement triste de “Normal”, m’a tout de suite interpelé. Je ne sais pas, quelque chose de “différent”. Plus tard la chanson “à l’américaine” m’a fait penser à “T’en vas plus t’en vas pas” que j’avais enregistrée sur “Poèmes-Rock”. Mais pour raconter quelque chose d’assez semblable, Johnny Jane adoptait une approche plus généraliste, celle d’une époque qui parle d’un pays irréel qui n’existe plus, un rêve américain idéalisé façon “Lala Land”.
Je suis allé l’écouter à la Cigale. Il faisait froid dehors, mais à l’intérieur, c’était très chaud. Un public à son image qui connaissait par cœur, et reprenait déjà en chœur, le dernier “son” publié il y a à peine un mois. Comme quoi, les mêmes qui s’offusquent de ce que certains profs veulent leur faire retenir des dates de l’Histoire ou de la Géographie, savent quand même apprendre par cœur ! Encore faut-il vouloir le faire…
Musiciens adéquats, “refusant” les démonstrations virtuoses et se contentant de bien jouer en place des morceaux qui, pour la plupart, s’achevaient de manière abrupte façon “voilà-j’ai-fini-ce-que-j’avais-à-dire-alors-je-me-tais”. Néanmoins un bon show Pop, attrayant et cordial, sans fantaisie inutile ni autres fausses manières inspirées. Un grand garçon à l’aise qui bouge sans complexe devant un parterre de fans en liesse qui hurlent des séquences à tous crins, et allument leurs portables pour ne rien manquer de ce moment inoubliable. C’est un mec sympa qui raconte ses malaises sans s’en plaindre. L’audience acquise sait de quoi il parle. Ils sont ceux de la fatalité, ceux qui disent : “tu vois, le monde “tout-ça”, on n’y peut rien, c’est comme ça.” De ce monde-là, J.J. n’en parle pas, même si on le devine en filigrane entre les couplets qui racontent les vicissitudes d’un mec qui erre entre peines de cœur et ivresses, sur une terre où il ne trouve pas sa place. Vous me direz : c’est juste la définition de l’adolescence, pas vraiment nouveau. Oui mais, chose plus étonnante, il n’en tire ni haine ni d’acrimonie. Comme s’il n’en voulait à personne. Il a le côté fataliste de ceux qui ont abdiqué, les résignés qui ont signé n’importe quoi pour avoir la paix.
On dit: “si tu veux changer le monde commence par te changer toi-même”, les “djeuns” l’ont bien compris, eux qui boivent binge jusqu’au coma (pas comique) ou inhalent des bombes de protoxyde d’azote (pas plus comique). Et puis la coke pas cher dans les villages, ou n’importe quoi qui met la tête en biais, eux qui chemsexisent au GHB, GBL, 3-MMC pour oublier. Tout oublier. Zyva fonce Alfonse dans la défonce, celle qui ralentit les neurones et accélère la chute, quand les champions allumés appuient sur le champignon hallal-lucinogène; n’importe quoi pour tromper l’ennui, cet ennui ennemi qui éteint.
Attention, je ne dis pas ça pour Johnny Jane lui-même, qui promène sa grande silhouette avec la désinvolture de ceux qu’on appelait jadis des “grand Duduche”, et ses allures de poète à la mine poupine sous un casque de cheveux peroxydés, une dégaine de grand escogriffe aux textes suffisamment bien tournés pour qu’on espère une suite à ce qui pourrait n’être que le bouquet d’un seul été. Tout est dans l’inspiration. L’air du temps.
Il y a ce qu’on montre et le non-dit aussi. Dans une chanson, J.J. répète à l’envi qu’il voudrait être une fleur. On lui apporte un beau bouquet, et il jette presque aussitôt le bouquet « en pâture » dans le public. N’est-ce pas là, l’exemple flagrant de ce que la psychanalyse appelle un “acte manqué, sous-entendu : “Je veux être cette fleur, détruisez-moi.”
Et c’est bien l’ambiguïté de ce drame sous-jacent qui me plaît dans la musique de Johnny Jane.
30 Novembre 2023
A quoi ça sert ?
À quoi ça sert ? Mais à rien. On peut toujours dire qu’une chanson ne sert à rien. Un véhicule sert à se déplacer, un épluche-légume peut servir en cuisine, un vêtement sert à se couvrir, une arme sert à donner du pouvoir, ou un outil utile sert à remplacer la main de celui qui l’utilise, mais un poème, à quoi ça sert ?
Un texte ne sert à rien, un roman ne sert à rien, un discours ne sert à rien, un article ne sert à rien, une œuvre d’Art ne SERT à rien, une blague ne SERT à rien, un compliment ne sert à rien, comme une prière ne SERT à rien. À rien ? Sinon à faire naître un atome de lumière dans le cœur de celui/celle qui la prononce…
Quand il s’agit d’immatériel et d’invisibilité, on a beau jeu de laisser entendre que « ça n’existe pas ». Les fervents zélateurs de la pensée matérialiste obnubilés par les nouvelles molécules ne pensent qu’au poids de la matière pour estimer une valeur. Quand bien même serait-elle « grise », que rien d’invisible ne trouve grâce à leurs yeux. D’ailleurs à force de parler « bagnole », certes ils s’intéressent au foot et au sport en général, mais ils ne vont plus au cinéma, ils ne se déplacent jamais au théâtre, ou ne visitent des Musées que contraints lorsqu’ils sont « un » parmi une délégation, en voyage d’affaires (ainsi se vantent-ils de l’avoir fait). Pourtant depuis la nuit des temps des chaman(e)s ont guéri des guerriers. Le « docteur Biquet », magnétiseur de son état, m’a bien aidé après que les conséquences d’une méchante radiothérapie eurent à ce point altéré les tissus que je m’en trouvais réduit à n’espérer plus autre chose que disparaître, jusqu’à ce que ce monsieur d’un autre âge m’ait remis sur pied en quelques séances (refusant toute contrepartie). Oh, rien de visible, rien de spectaculaire, mais un résultat effectif qui m’a redonné goût à l’existence.
L’Art, ça SERT à quoi ? demandent les imbéciles en se croyant très intelligents de poser la question. L’ART ? Mais à rien. L’Art ne SERT à rien. Pourtant certains mots ont sauvé des âmes perdues, pas seulement ceux de l’Abbé Pierre, non des mots comme ceux de certains poèmes qui ont accompagné des prisonniers, et qui sont restés vivants pendant des vies entières. Ceux de Mallarmé, Verlaine ou Queneau, que récitait ma mère, ou ces longues stances d’Apollinaire qu’aimait « ruminer » Stéphane Hessel.
Ça SERT à quoi ? Mais à rien, voyons. Sinon que certaines chansons, des mélodies, des voix, des musiques, des films ont traversé le temps et bercé les nuits beaucoup trop longues de ceux qui n’en voyaient pas la fin. Combien de chefs-d’œuvre ont sublimé des états de tristesse.
Ça SERT à quoi ? Mais à rien, voyons. N’empêche que j’ai rencontré vendredi dernier une femme qui m’a raconté qu’elle serait bientôt l’heureuse grand-mère d’un bébé qui s’apprête à naître à l’autre bout du monde, là où vit désormais son fils qui avait grandi en écoutant les albums que j’avais enregistrés à Melbourne… « Indirectement, c’est un peu grâce à vous » m’a-t elle dit, les yeux brillants…
Qu’ils soient murmurés, déclamés, joués ou chantés, les mots partagés ont le pouvoir de vous faire entendre que vous n’êtes pas seul, Robinson abandonné sur l’île déserte de notre désespoir. Certains d’entre eux, mots à la ligne, ont repêché des noyés, en donnant du sens à des moments qui n’en avaient plus. Crever le silence de l’isolement.
Lire ou entendre qu’un(e) autre traverse la même épreuve que soi, permet de relativiser sa propre situation, voire même se remettre en concordance, pour ne pas dire en osmose avec le monde qui nous entoure. Si consommateur qu’on soit (donc obsédé par l’envie de satisfaire des pulsions onanistes) pour autant la vie n’a vraiment de sens qu’au sein d’un ensemble de forces émises par les autres, comme en lévitation au centre d’un cercle d’aimants.
Alors l’Art à quoi ça SERT ? Mais à rien, voyons, sinon à desserrer l’emprise des forces sournoises de l’empire du pire !
Et ça n’est pas rien !
CharlElie COUTURE
27 Novembre 2023
Festival Charabia Reims
Au retour du concert intense qu’on a donné au Castel de Chateaubernard / Cognac, je suis allé à Reims participer à un colloque / table ronde animé par Olivier Bas en marge de la 6ème édition du Festival Charabia, créé par le chanteur Barcella, régional de l’étape.
Le thème pétulant était “la chanson a-t-elle un sexe ?”, supposé être le préambule d’une lecture érotique faite par Catherine Ringer, mais qui venait d’être annulée pour cause de “mauvaise chute”(quand le col du fémur est fermé à la circulation, enneigé en hiver… Bon rétablissement à toi, Catherine)
Bref, une fois les présentations faites, assez vite Blandine Rinkel (chanteuse de “Catastrophe”) fit entendre ses arguments déclarés “féministes”. On sentait qu’elle cherchait le conflit afin de mieux faire entendre ses engagements. Barbara Carlotti quant a elle défendait, avec plus d’humilité un livre de nouvelles intitulé “l’Art et la manière”. Elle a donné de l’érotisme une définition subtile bien vue : “l’envie de créer le désir,”. Sans chercher à chipoter, je vois plutôt l’érotisme comme une suggestion, un non-dit, ” l’Art du désir”, une irradiation, ce magnétisme qui se dégage d’un être, ou d’une chose (image, film, roman, texte ou objet) qui a effectivement pour intention de “susciter le désir”. – Si l’on reste dans le sujet cru ( ou cuit), la pornographie serait plutôt la vision clinique, « tutoriale » de l’acte d’aimer, comme si la caméra était bien placée au-dessus de la table d’opération pour que le spectateur-élève assiste en direct à la manipulation des chairs et viscères par des chirurgiens démasqués.
On a abordé différents sujets, avec lesquels je m’amusais à jongler, c’était assez amusant. l y a eu la fameuse question “genrée” : y a-t-il une écriture de chansons spécifique à l’H. ou à la F. Si oui en quoi est-elle différente selon que l’on est Femme ou Homme…
UNE chanson, oui mais UN chant… Oh lala quelle histoire ! UNE chaise oui, mais UN banc. UNE chauffeuse ou UN fauteuil, ça reste dans tous les cas un endroit où poser ses fesses…
Ni scribe, ni rapporteur je ne vais pas retranscrire ici les propos tenus lors de cette table ronde, mais j’ai retenu entre autres que parmi tous les mots qui définissent l’homme, il y a celui de “brutalité”, tandis que celui de “raffinement” serait attribué j’imagine à la féminité). Sans être brutal, j’accepte l’idée que je suis brut, (comme dirait les amoureux du champagne ou comme un matériau immatériel. Brut comme UNE bûche (au féminin). Un tronc scié, fendu qui a le pouvoir de réchauffer l’ambiance quand on l’allume.
Dans une société froide, administrative qui se veut détachée des fragilités de la tendresse humaine, dans cet hiver de pragmatisme cynique, n’est-ce pas agréable de se réchauffer auprès d’une bûche enflammée, si brute qu’elle soit, en même temps que ses fibres pètent en gerbes d’étincelles.
Quitter Reims et reprendre le train en sens inverse, envahi d’une certaine légèreté guillerette, après avoir goûté quelques bulles à jeun…
Et vive la vie à poêle en hiver !
CC
21 novembre 2023
Oralité et violence au présent
Les quotidiens relatent chaque jour des faits divers qui concernent des agresseurs de plus en plus jeunes et de plus en plus cruels. Les raisons qui causent cette montée de la violence sont assez diverses et nombreuses. Parmi tous les agents pathogènes, même les non spécialistes étho-sociologues pensent qu’il y a une corrélation entre les explosions de coups de poings, coups de couteau, voire coups de feu, entre bandes rivales, pour « défendre un honneur » dopé à la testostérone de gamins sur-vitaminés, et une certaine incapacité des mêmes à formaliser leurs envies, leurs jalousies, leur amertume ou leur mal-être existentiel.
Mais pour bien parler, il faut savoir écrire, or à force de ne plus écrire, on fait parler les poings… Pas ceux de suspensions, vu qu’on a aussi tendance à supprimer les ponctuations « emmerdantes » dans le langage SMS fait d’abréviations.
Sans rentrer dans des polémiques rétrogrades, on peut constater que depuis les années 80/90, en parallèle du développement des nouvelles technologies, une certaine culture dite « a minima » née dans les territoires suburbains – pour ne pas nommer les banlieues-, s’est installée un peu partout.
La disparition progressive des : passé simple, subjonctif, imparfait, formes composées du futur ou participe passé, mène à l’usage d’un « présent » neutre. (Et que dire de la confusion entre « futur » et « conditionnel » qui interdit les formules hypothético-déductives). L’effacement des conjugaisons nous dirige vers une pensée de l’instant « présent ».
Appréhender la temporalité, c’est savoir situer les événements comme les boules d’un collier. Mais estimer une durée devient quasi impossible dans une langue qui ne fait plus la différence entre le « possible » et la réalité effective, entre ce qui est concret et l’hypothèse de ce qui « pourrait advenir », ou même entre ce qui sera et ce qui n’est qu’un espoir… En renonçant, par paresse, à ne plus décliner le temps, ne risque-t-on pas d’en perdre la conscience ?
Toutes les dictatures ont brûlé des livres. Les démagogues caressent « le ras sur sol dans le sens du poil ». Ils veulent nous faire entendre que la langue écrite est celle d’une élite instruite tandis que la communication verbale est populaire, comme un lien vernaculaire entre les cultures communautaires. Mais, si colorée que soit la langue oralisée, elle utilise un vocabulaire flamboyant volatile, très éphémère, à la grammaire changeante, mais surtout réduit. Peu nombreux sont les raps qui me contrediront. (Je ne parle pas du slam qui, au contraire tente de forcer la langue en la faisant vivre, coûte que coûte, vaille que vaille).
Si ouvert que je sois au langage « anglicisé », convenons néanmoins que ce français « tout-terrain”, “tout présent », comprime les finesses et subtilités qui permettent l’élaboration de pensées sophistiquées affinées, de même que la formulation des émotions se trouve réduite à des basiques simplistes genre trois couleurs primaires : « j’aime, j’aime pas, je sais pas », ou « ta mère, ‘nculé, fais ièch ».
Certes la poésie génère des tirages limités, et elle ne rapporte pas assez d’argent aux éditeurs qui préfèrent les romans, les récits ou les « feelgood books », mais la poésie est plus qu’une ligne dans un registre qui linéarise notre pensée. La poésie est une gymnastique de l’esprit qui fait suer les comptables, parce qu’elle invente des paradoxes et des sonorités, elle qui joue avec les mots choisis pour ce qu’ils ne veulent pas dire.
Alors désobéissez aux idiots, et osez utiliser les temps ! Corrigez ceux qui aplatissent la langue ! N’écoutez pas les fatalistes qui disent qu’il faut simplifier l’orthographe, amusez-vous des exceptions grammaticales plutôt que de les dénoncer, choisissez la nuance plutôt que le tout-venant.
Si la parole est le propre de l’Homme (et donc de la Femme), si « Paroles-paroles, toujours des mots » dit la chanson, si les situations, si les relations humaines, si les cultures évoluent sans cesse en parallèle des technologies, si ces changements obligent en permanence à des réajustements, c’est par l’échange et le dialogue que l’équilibre peut se faire.
Il ne peut y avoir de paix sans dialogue, au passé, au présent comme au futur… comme au conditionnel.
CharlElie COUTURE
Le 18 Novembre 2023
Les Conservatoires d’Espaces Naturels
Depuis les années 1990, le Conservatoire d’espaces naturels développe une politique de protection des étangs piscicoles alors le jour où la commission Européenne en a repris pour dix ans de glyphosates et de pesticides (dire que les représentants Français n’ont même pas voté « contre » et se sont contentés de s’abstenir lâchement “bouououh”) donc ce même jour, je suis allé écouter une conférence passionnante à propos des étangs. L’exposé était animé par un duo de fervents, composé de JB SCHWEYER naturaliste et Alain SALVI du conservatoire d’espaces naturels de Lorraine. De la bouche de ces érudits passionnés, j’en ai appris beaucoup sur les eaux calmes “stagnantes”, qui contribuent grandement à la biodiversité.
Tourbières, gravières, sablières, affaissements miniers, mares, il y a toutes sortes de plans d’eaux dormantes, (sans parler de ces saletés de bassines)…
Certains étangs sont anthropiques (naturels), ils se nourrissent d’une eau courante qui peut être un simple ruisseau parfois et ce même ruisseau alimente un chapelet d’étangs se déversant les uns dans les autres. Quand l’homme s’en mêle il bâtit une digue et installe des vannes qui permettent de réguler l’eau ou faire l’assec quand on vide l’étang. La vidange se fait par pompage, siphonage, ou par une bonde qu’on appelle un « moine » mot qui reste de l’époque de ceux qui ont créé ces étangs autour de leurs abbayes, pour la pisciculture. Le poisson était alors une nourriture “pauvre” et noble (christique) à la fois.
Souvent peu profond, un étang oblige à un entretien régulier (curage pour repousser l’envasement, faucardage des roseaux pour limiter la prolifération de la végétation aquatique, coupage des arbres sur les rives, voire même le colmatage des trous que font les rats musqués dans les berges et digue, don daine… Bref, un étang nécessite un peu de boulot quand même. Un travail difficile. Peu de candidats postulent pour reprendre la succession des anciens. Il faut être réaliste, un étang ne permet pas de s’enrichir. Certes la demande en poisson de rivière est là, mais elle est moindre que celle pour les poissons de mer, achalandée par les monstrueuses usines flottantes qui livrent sur les étals des poissonniers des tonnes de produits déjà préparés. Les consommateurs se sont habitués aux produits standardisés. Alors oui pour les filets de perches déjà taillés, quelques carpes, brochets ou sandres, un peu d’esturgeon ou des truites, mais en dehors de ça que nenni.
À l’arrivée j’ai retenu qu’il y avait plus de demande que de poissons sur le marché, et pourtant on manque de pisciculteurs…
La Lorraine est une des principales zones d’étangs de France, principalement concentrés sur les départements de plaine.
Outre la loutre qui a disparu, on a entendu parler de ratons laveurs et ragondins, et toutes sortes de noms d’oiseaux… Canard colvert, Canard chipeau, Canard siffleur, Canard pilet, Balbuzard pêcheur, Grèbe huppé. Pigargue, Rousserolle turdoïde, Phragmite des joncs, Busard des roseaux, Butor étoilé, Héron pourpré… dit comme ça on dirait un capitaine Haddock en manque, jurant par mille sabords.
Bref à l’arrivée j’ai passé une soirée « silver », parmi un gang de passionnés qui, même si leur vue baisse et profitent des assistances auditives, continuent de tenter de voir plus loin, plus profond un monde qui disparaît.
Bon allez, juste comme ça en passant par la Lorraine, je ne vais pas m’étendre plus que ça
sur l’étang
d’autant
qu’il fait froid et que les temps
sont durs…
CharlElie
Le 17 novembre 2023
Je suis de ceux qui partagent l’idée que : « La « créativité » n’est pas un talent. » Le talent c’est l’habileté ou l’aisance à « bien » faire quelque chose. « La « créativité » est un jeu, celui qui consiste à jouer à essayer de faire quelque chose coûte que coûte.
La créativité est liée au plaisir des mélanges. Oser essayer d’associer des traits, des choses, voire même des mots ou des concepts entre eux. Du genre : tiens, qu’est-ce qu’il se passe si je fais cela ?
Le résultat n‘est pas une fin en soi. Au fond, le résultat importe peu. Le résultat (appelé « œuvre ») n’est que la conséquence des actes qui précédent. D’ailleurs, rarement l’auteur est satisfait de son œuvre.
Au fond ce qu’on appelle la « créativité », c’est faire une cuisine, indépendamment des convives. Si certains confondent (à juste titre) la créativité avec l’enfance » c’est justement parce que les jeunes enfants ne savent pas, et s’amusent de tout en « essayant des trucs ».
Oui la créativité c’est le fait d’essayer sans savoir.
Le jour où l’on sait, le jour où l’on maîtrise alors on s’applique juste à bien RE-faire, comme on nous l’a appris à l’école. La créativité est une forme de désobéissance ; un changement d’angle, ou de paradigme.
La créativité en tant que telle, n’implique pas à la notion de « bien » ou de « mal », de « beau » ou de « laid ». La créativité c’est juste le fait de faire, d’agir. C’est aussi ça la poésie.
Maintenant cela ne signifie pas que pour autant, pour les autres toutes les « choses faites » sont estimables au même niveau. Certains estiment les choses en fonction de leur « finition », d’autres admirent plutôt l’innovation.
L’intérêt « novateur » que peut avoir une « création » est engendré par l’originalité des ingrédients utilisés. Sont-ils compatibles ? Incompatibles ? L’a-t-on fait avant ?
Ou pas ? En anglais, on dit que la valeur d’une œuvre découle des trois « W » : Who, What, When, (en français, les trois « Q » : Qui, Quoi, Quand).
Oui, la valeur d’une œuvre ne se résume pas à ce qu’elle est, mais aussi à ce qu’elle représente par rapport à son époque. Pour faire simple en restant dans le domaine de la peinture, en choisissant au hasard quelques exemples parmi des milliers d’autres, quand autour de 1910, Henri Matisse peint « la danse » ou « l’Atelier rouge » en utilisant les grands à-plats, personne, non personne n’a jamais peint comme cela avant lui. Ce caractère innovant rajoute évidemment de la valeur à la chose que l’on voit, et le boulimique « artophage » Picasso l’a tout de suite compris, comme il avait immédiatement assimilé le cubisme de Braque. Quand Jean Michel Basquiat mêle le trait du graf à la peinture dans les années 1970, jamais personne n’a fait cela avant, depuis des millions de Jean Michel Basquiat ont copié la méthode. Quand Marcel Duchamp conceptualise, quand Ben écrit, quand César compresse, quand Andy Warhol, Jeff Coons, quand Christo (et Jeanne-Claude), quand Ernest Pignon Ernest, quand Keith Haring, quand Banksy, quand J.R… etc, personne n’a jamais fait cela avant. Les grands inventeurs de l’Art ont tous refusé une méthode pour inventer la leur.
Quel que soit le spectre d’activité dans lequel on opère, que ce soit dans l’Art ou l’Artisanat la Littérature, la Musique, dans la Science ou dans la finance, dans l’ingénierie ou l’industrie aussi, peut penser qu’être un créateur cela veut dire « faire n’importe, n’importe comment », oui, mais avec une constance, une obstination et une passion immuable.
CharlElie COUTURE
6 novembre 2023
Parce que l’éparpillement des adresses des saumons qui, comme un retour aux sources, se sont délocalisés dans leurs campagnes respectives, parce que le télétravail, ou parce que le repli sur soi vers des valeurs dites « essentielles », parce que tout ça, on se voit moins souvent, on s’invite moins les uns chez les autres.
Même si un livre, un film, un disque peuvent vous accompagner en solitude, même si les sorties publiques peuvent vous satisfaire, il n’y a pourtant rien de plus vivifiant que les expériences vécues au contact de l’autre comme les soirées / dîners entre amis et amis de ceux-ci.
Il y a celles qu’on a prévues de longue date, et d’autres dites “surprises”, invitations inopinées qui se décident du jour au lendemain mais quoi qu’il en soit, rien n’est plus stimulant pour l’esprit qu’une soirée à huit, passée à discuter avec des gens intelligents, qui écoutent, comprennent et se relancent la balle, partageant un savoir, sans être pour autant envahi par l’intention de convaincre.
Je parle du plaisir de ces rencontres privées « à la française ” auxquelles chaque convive arrive apportant son bagage d’expérience, chacun y allant de sa considération synthétique sur le monde. Ça me manquait beaucoup quand j’habitais à NYC.
Oui, assis à huit au coin du feu par exemple.
Huit est un bon nombre, pour recevoir des gens.
Quand on est plus de huit, on se coupe la parole mutuellement. Les dîners à plus de huit, vous laissent toujours un sentiment mitigé.
Si l’attrait de ces moments de partage tient dans l’échange intellectuel, convenons aussi que quelques verres de vin choisi, et le goût de la bonne chair peuvent aider à délier les langues des plus timides fines gueules. Quand l’hôte est gourmand(e) et fin(e) cuisinier(ière) bien sûr que cela ajoute encore un degré supplémentaire au plaisir.
Hier soir par exemple, on a échangé sur : la Chine et le labo P4 de Wuhan, les ados gaspilleurs, le déclin de François Fillon, les mares abandonnées dans l’Allier, les conséquences du conflit au Proche-Orient et les remontées nauséabondes de l’antisémitisme, mais aussi l’éducation à New York, comme on a évoqué l’influence de M’Bappé et Wembanyama sur le temps qu’il fait…
Culturelles ou politiques, émues par la foi ou athée, nous avons tous des sensibilités différentes et nous vivons de facto dans des mondes parallèles. Chacun obéit à une logique qu’il s’est fabriquée pour lui-même. Concentré sur sa spécialité (professionnelle), certes chacun est obsédé par la notion d’efficacité, mais faire de nouvelles rencontres permet de tisser des liens entre les communautés. Même si l’on est tous persuadé d’avoir raison, ne pas se vouloir trop prosélyte et débattre sans se battre, tout en acceptant l’idée que l’unanimité n’est pas une fin en soi.
En résumé, j’adore ces soirées intimes, « parisiennes et bourgeoises » semblables à celles de l’époque des « salons » littéraires, au cours desquels, si éloigné qu’on soit les uns des autres, chacun peut néanmoins trouver avec autrui des points de concordance.
2 NOVEMBRE 2023
La loi des séries
Quand enfin la pluie, mais la pluie sans cesse, quand la pluie bat les carreaux et qu’aussi le vent… Bref quand la météo d’automne incite à rester indoor ; et quand le soleil se couche en dépit de l’heure d’hiver, alors inexorablement s’allume la lumière des écrans. Mais comment se défaire de la fascination qu’ils exercent ? Et comment éviter le piège tendu par les séries ? Oui, Serial time-killers, chronophages. Ô séries cirées non désirées, suggérées à grand renfort de com ou s’imposant à vous via le meilleur/pire diffuseur qu’est le bouche-à-oreille. Attirantes, épuisantes, analgésiques, opioïdes les séries télés sont des drogues addictives qui vous laissent en manque lorsqu’enfin elles font semblant de s’achever quand l’intrigue reste en suspension, au cas où il y aurait une saison bonus/malus de plus.
Et même si l’attrait dépasse rarement la seconde saison, on s’y englue jusqu’à l’épuisement. Nos nuits disparaissent, obnubilés que nous sommes par des histoires tarabiscotées, improbables mais qui titillent néanmoins notre curiosité ou flattent nos instincts. On ne regarde pas une série, on y entre comme des anachorètes, comme des ermites, coupés du monde, en retraite dans un couvent, ou plutôt comme des marins dans un sous-marin, qui quitte la rade et s’enfonce lentement vers les abysses. S’en sortir revient à se réveiller.
Pour se libérer de l’emprise d’une série, il faut trouver les mêmes arguments que ceux des entomologistes qui mettent en garde les papillons de nuit, craignant pour eux qu’ils ne se brûlent les ailes en s’approchant trop près de la flamme. Sauf que les conseils des bons samaritains pleins d’empathie sont impuissants face aux ruses du Malin. « Arrête de boire… », « Mange moins de sucre/sel », « Fais attention ! », « Calme-toi ! » ou « éteins la télé », tu parles Charles, facile à dire ! Enfermés, éblouis, on ne se rend même plus compte de la réalité. Ensorcelés, hypnotisés, changeant 20 X de position dans le canapé, en apnée. Faisant de nous des endives, les plateformes ont tué/remplacé des centaines d’autres activités domestiques remises à plus tard, ou à jamais …
Hier au sortir d’une auberge où j’étais allé me restaurer à Vaudémont, village médiéval proche de la colline de Sion en Lorraine, on m’a tendu les clés d’une ferme-musée que je pouvais aller visiter seul à mon rythme, suffisait juste de mettre en route le compteur électrique. Étonnante expérience qui m’a bizarrement rappelé celle que j’avais vécue en immersion, le casque sur les oreilles dans la prison d’Alcatraz où, entre les murs de la prison, l’audio-scénarisé m’avait transformé en Capone, Machine Gun Kelly ou Birdman. Ici, dans cette ferme lorraine, ce n’était pas le même bagne, pas vraiment la même Californie… Ici, pas un bruit. Juste le silence du temps en suspens. Et la poussière qui se pose sur les objets lourds qu’utilisaient jadis les gens de la campagne. Peu de lumière, un camaïeu de gris, et les couleurs qu’on choisit pour la tristesse. J’imaginais les corps voûtés de ceux qui regardaient le sol à longueur de journée. Ils étaient maigres, le dos arqué, repliés sur leur humble condition de bipèdes vivant à jamais dans la pauvreté, protégés certes derrière des murs épais, mais dans l’ombre et le froid humide, entourés de vide et de toiles d’araignées. Dire qu’ils dormaient assis parce qu’ils craignaient la Mort! Vu l’austérité de leur vie quotidienne, aller à la messe était sûrement pour beaucoup une distraction synonyme de bamboche. L’église : un lieu de rencontres ! Les histoires cocasses, morales (et aussi effrayantes) racontées au catéchisme ou les sermons des prosélytes religieux, devaient faire apparaître dans la cervelle vacante des candides brebis, des images de paradis ou d’enfer. Aujourd’hui, nous sommes soûlés d’histoires saturées, anxiogènes ou fantaisistes qui ont sur nous le même effet hallucinatoire que les prédications de jadis. Pour épicer leurs récits, les scénaristes ne se contentent plus de suggérer les choses. Comme les montreurs de zombies dans les foires, à grand renfort d’hyper violence décrite en détail, de trucages de coups de marteaux et de sang qui jaillit, les réalisateurs se plaisent à montrer l’innommable et l’horreur en gros plan. Obéissant à un cahier des charges, aussi nommé « bible » mais qui n’est autre dans ce cas qu’une grille d’écriture – « loi des séries » – des teams de scénaristes mercenaires (script doctors) inventent les intrigues à la commande pour satisfaire l’audimat. Pourtant quel que soit le nombre de cerveaux qui mettent « la main à la plume », toutes les saisons d’une même série ont rarement toutes, la même intensité. Pour autant les spectateurs s’y embourbent comme dans des marais. Et les heures défilent à ne rien faire.
Les séries sont des épreuves de force, de résistance, qui s’imposent à vos yeux ébahis : l’épisode suivant s’auto-diffuse avant même que vous ne l’ayez décidé vous-même.
À croire que les séries sont créées par des serpents qui considèrent le spectateur comme une proie, une Ève gourmande à qui l’on veut faire connaître l’enfer.
Néanmoins quelques séries méritent pourtant le temps qu’elles réclament. Parmi toutes celles que j’ai pu voir (liste non exhaustive), celles qui me reviennent à cet instant où j’écris pourraient être : « The wire », « le Bureau des légendes », « le Prisonnier », « Twin Peaks », « Borgen », « Breaking Bad », « Paris Police 1900, 1905 », « True detective » (saison 1), « the Killing » (saison 1), « les soprano », Engrenages, « Braquo » (saison 1 seulement), « Black Mirror », etc. J’en oublie sûrement, je vous laisse compléter, moi je file faire autre chose.
15 Octobre 2023
On reproche aux artistes de ne pas se mouiller assez pour dire leur effroi depuis une semaine, mais quand l’un d’entre eux le fait en s’exprimant spontanément sous le coup de la colère, on fustige son manque de langage diplomatique. On voudrait que ce nouveau rebondissement meurtrier dans le conflit Israélo-Palestinien soit condamné unilatéralement, mais à travers seulement certains mots choisis, et surtout pas de “oui mais”. On considère comme « suspect » quelqu’un qui ne se montre assez virulent vis-à-vis des meurtriers. Une fois encore, en guise de provocation malsaine et réductrice, on s’entend dire que « si tu n’es pas contre, c’est que tu es pour ». Par ailleurs on réclame une sorte de consensus national pour se donner bonne conscience, tout en feignant d’ignorer que l’antisémitisme est déjà tellement implanté en France que les profs sont livrés à eux-mêmes, responsables de leurs programmes, contraints de s’autocensurer, à défaut d’affronter les intimidations des réseaux religieux d’influence. L’agression mortelle d’un fichier « S » Tchétchène venu pour tuer dans la cour d’une école d’Arras armé d’un couteau « à la recherche d’un prof d’histoire », n’en n’est qu’un horrible exemple de plus.
Je n’ai pas l’habitude de reculer, pourtant aujourd’hui, face à ces actes de barbarie, c’est vrai que je reste sans voix. On prônait le dialogue pour trouver des arrangements mais aujourd’hui que peut-on arranger? Il n’y a plus d’arrangement possible. Quelque chose s’est irrémédiablement brisé, pour des années.
Je m’associe à l’opprobre faite à l’encontre des auteurs des atrocités perpétrées sur des jeunes filles, des jeunes garçons, des bébés, des vieux et des cibles civiles innocentes.
J’ai vu certaines vidéos diffusées par les infâmes auteurs, et je ne sais pas comment exprimer le gouffre qui s’est ouvert dans ma conscience. En dehors de ma logique, les mots balbutiés ne me viennent que pour répéter l’écœurement que génère tant d’inhumanité. Coincé devant mon écran comme au fond d’une impasse, je ne suis qu’un témoin de plus, stupéfié par ce qui nous est montré. Dans ce chaos de cris et de pleurs, chaque mot que l’on dit se transforme en brindille sèche, les formules raccourcies se transforment en slogans, elles s’enflamment et retombent aussi vite en poussière. Je ne cherche pas à éluder la question mais je ne m’accorde ni le droit, ni la légitimité d’attiser le brasier.
Je ne suis pas un commentateur politique, ni un analyste suffisamment renseigné pour suggérer une solution ou un angle d’analyse différent. Ma connaissance généraliste de la situation se limite à ce qu’on m’en a dit, ou ce que j’en ai vu/lu.
En France, aujourd’hui, le sentiment de sécurité est certes altéré par des tensions sociales liées à l’inflation, à la perte des valeurs éducatives et à la paupérisation grandissante, mais ces troubles sont sans commune mesure avec les combats de survie au jour le jour qui sont le quotidien des pays en guerre. Pour autant force m’est de constater que les aspirations à nous « protéger mieux », émanent surtout de partis ou de syndicats extrémistes qui, par ailleurs attisent l’intolérance et le sectarisme.
Bien sûr que la sagesse et le recul peuvent sembler mièvres et trop timides pour ceux qui sont immédiatement concernés par les enterrements de leurs proches trucidées, bien sûr que je comprends la douleur de ceux qui s’inquiètent du mauvais sort réservé aux quelques cent trente otages, jeunes et vieux enlevés sans discernement, bien sûr que je vomis cette violence abjecte. Le monde est à vif et rien ne peut cautériser les plaies béantes ouvertes par les attaques terroristes préméditées des fanatiques du Hamas, comme celles d’ailleurs de tous les extrémistes bellicistes qui ne voient que le sang pour noyer leur chagrin. Mais pour autant as-tu vraiment besoin qu’un autre, qui qu’il soit, te crie encore dans les oreilles des harangues et des mots de haine exacerbée, quand déjà, tu en es rempli ?
Choisir de se taire, pour enterrer sa peine.
13 Octobre 2023
Je me refuse à commenter l’horreur de ce qui se passe en Israël depuis une semaine.
Sachez que cela m’atteint en résonance, comme une émotion profonde remplie de tristesse.
Je partage la douleur de mes amis, comme celle des amis de mes amis, blessés dans leur chair, dans leur cœur, dans leur âme, rongés par la torture lancinante de la mémoire des disparus et l’inquiétude liée au sort des otages de tous âges.
Après le fracas des bombes et des rockets, je pense à ceux qui vivent dans le silence des absences insupportables.
Comme la colère qui nous embrase, l’envie de vengeance est un sentiment naturel mais terriblement dangereux, car il nous aveugle et nous incite à ne plus faire la différence entre ceux qui méritent qu’on les punisse et les innocents associés malgré eux au délire assassin des fanatiques semant la terreur.
L’escalade de la violence ne mène souvent qu’au bas de la falaise des montagnes de haine.
9 Octobre 2023
6 Octobre
Peut-on dire que la vie est belle ?
Bien sûr qu’il y a des moments heureux. Heureusement, manquerait plus que ça. C’est dur à penser et pourtant même les pires salauds ont vécu des moments de joie.
Pourtant je me suis toujours méfié de ceux qui affirment avec légèreté que « la vie est belle ». Qu’est-ce qu’ils en savent ? Bien sûr, il y a dans la vie des périodes excitantes, exaltantes, dont on profite à fond, quand on ne voit même pas le temps passer parce qu’on est obsédé par l’objectif qu’on s’est fixé, par le morceau qu’on travaille, ou le rêve qui nous anime. Bien sûr il y a des heures merveilleuses, même des journées extraordinaires, mais comme son nom l’indique ce sont des extras, en dehors de l’ordinaire.
Pour autant quelle que soit l’intensité de ces séquences délicieuses, peut-on faire une généralité et extrapoler sur l’ensemble d’une vie et affirmer avec aplomb que « la vie est belle ? »
En fait cette assertion « la vie est belle » ressemble plutôt à un souhait, une prière, une thèse, une supposition…
Tu me diras cela dépend aussi de ce qu’on définit comme la Beauté…
Je crois avoir constaté que la Beauté apparaît quand on a atteint une sorte d’équilibre. Quel qu’il soit. C’est cette fragilité liée à un équilibre précaire qui fait naître ce sentiment délicieux qu’on appelle la Beauté. Il peut s’agir d’un ciel étoilé, d’un coucher de soleil, ou d’une image inventée, créée, peinte ou photographiée. Il peut s’agir d’un geste fluide ou de la mouvance d’un corps parfait. Il peut s’agir d’une construction savante (matérielle ou virtuelle) voulue par une intelligence, ou au contraire de l’expression spontanée d’une émotion rupestre. Il peut s’agir de la candeur d’un enfant innocent ou de la beauté d’une amour idyllique, il peut s’agir de la beauté d’un son abstrait ou d’une composition musicale sophistiquée… Pour tout cela oui, on peut parler de beauté, tout en sachant la précarité de cet avis et l’incertitude liée au fait cela ne dure pas, que les modes évoluent, etc.
Mais qu’en est-il de la vie ? Cette vie qu’on ne maîtrise qu’en partie, et qui, parfois malheureusement s’interrompt beaucoup trop tôt, sans prévenir, alors qu’on n’a pas achevé de faire ce qu’on avait à cœur de faire, un accident en cours de route, ou la visite de l’Enkou …
Cette vie qui, à l’inverse parfois, n’en finit pas de ne pas finir, telle une longue et lente agonie, dans une solitude cruelle qu’avec les années, on voit de plus en plus rarement entrecoupée par des instants de partage. Parce que les enfants sont loin, parce qu’on n’a plus d’amis, parce qu’on n’a plus que la sagesse de la résignation à opposer aux tortures de la maladie, aux maux qui nous paralysent, aux affres de l’ennui qui envahissent les nuits.
Pour que la vie soit belle, il faut que la mort le soit aussi ! Pour qu’on choisisse de s’endormir comme un soulagement, un dernier sommeil, il faut qu’enfin soit votée une loi raisonnable qu’on nous promet depuis des années, mais sans cesse reportée, cette loi du choix de fin de vie qui évitera que l’énigme ne se s’achève seulement que lorsqu’on tombe dans la tombe, comme celle que j’irai accompagner tout à l’heure, partie à 102 ans…
Mais pour autant pourra-t-on jamais dire que la mort est belle ?
10 Septembre
Les Amusiques
Comme je plains les amusiques, ces immobiles qui n’entendent pas les émotions que la musique véhicule ! Quelques rares personnes l’ont avoué (Ché Guevara ou Théodore Roosevelt), mais le Los Angeles Times évoque le nombre effarent d’une personne sur vingt qui resterait de marbre en écoutant de la musique. Pas un rejet, ni une phobie, mais une sorte d’apathie, une indifférence ! On dit aujourd’hui qu’ils sont atteints d’anhédonie musicale. Emprunté à la psychologie, le terme est apparu en 1896, (c’est pas tout neuf). Il désigne l’incapacité de quelqu’un à éprouver des émotions « positives » lors de situations considérées comme jouissives. Pas une phobie, mais plutôt une sorte d’insensibilité. Les dépressifs, certains consommateurs de neuroleptiques et nombre de schizophrènes n’ont pas la capacité de se laisser envahir par autre chose que leurs propres obsessions. Du coup ils ne ressentent pas ce qui fait tant plaisir à d’autres. Comme la vie doit leur être triste !
Je suis allé en Alsace pour écouter le concert d’ouverture des Musicales du Rhin qui avait lieu à l’église de Dessenheim. Le programme était alléchant : un morceau d’Henry Purcell en ouverture, un concerto de Vivaldi pour orchestre à cordes et picolo (avec la flutiste Adeline Karcher en soliste -brillante-), et enfin le Requiem, cette somptueuse pièce de cinquante minutes, composée par Karl Jenkins en 2005 pour orchestre et chœurs.
Karl Jenkins est un compositeur Gallois que je connaissais pour avoir rejoint Mike Ratledge et le groupe Soft Machine en 1976.
Disons-le tout de suite dans ce « Requiem », le livret n’est pas ce qu’il y a de plus accessible. Quand bien même il s’agit d’un assemblage entre une messe en latin et des haïkus, (poèmes d’adieu japonais), il est rare qu’on comprenne les paroles d’un chœur, quel qu’il soit…l’essentiel n’est pas là. Mais quand les voix se sont mises à vibrer en osmose avec les notes de l’orchestre de cordes alors on avait de quoi se mettre en joie. La fluidité des harmonies, la fusion organiques des fréquences entre elles dans la résonance de l’endroit, tout cela titillait les capteurs des mélomanes et m’envahissait de bonheur au-delà des mots.
Bien que terriblement mal installé en compagnie d’élus de la communauté urbaine sur les bancs de bois, (que j’imagine avoir été volontairement conçus pour être inconfortables par un ébéniste intransigeant qui voulait empêcher quiconque de s’appuyer au dossier dans cette l’église), je me suis pourtant senti transporté ailleurs. Dés « l’introit », j’ai oublié où j’étais et je de me suis dématérialisé dans cette musique qui par moments atteignait le sublime. Quelque chose qu’on nomme la « note bleue » dans le jazz, celle qui vous fait frissonner d’extase…
Merci à ceux à tous les artisans, artistes et financiers élus ou sponsors qui œuvrent pour que toutes les musiques existent, qu’elles soient classiques ou modernes, du moment qu’elles enchantent l’âme et donnent de l’énergie.
Connaissant les contraintes qui s’imposent à nous quand on est une douzaine sur la route, je tire mon chapeau à ceux qui organisent ces grands concerts, et qui trouvent à répondre aux multiples embûches de logistique que rencontre quiconque souhaitant mettre en mouvement un chœur d’une quarantaine d’adultes femmes et hommes, ainsi qu’une trentaine de musiciens… Enfin « special congratulation » à Emmanuel Fritsch, chef de l’orchestre CHÜT, qui avait dirigé le Symphonic Orchestra lors des deux concerts mémorables « Ode à l’Est » que nous avons donnés à Neuves-Maisons et Vandœuvre en Février et Mars de ce début d’année.
27 Sept 2023
Les deux…
C’est à ce moment que je les ai vus, ils m’attendaient au tournant… Des tueurs !
– Non…
– Si, j’te jure, deux molosses qui voulaient me racketter.
– Dam !
– Deux voyous, j’te dis, super musclés. Bodybuildés stéroïdes, des armoires à glace sans tain, on pouvait voir la haine à travers leurs yeux vides. Des monstres, j’te jure, venus des profondeurs de l’oubli.
– T’exagères !
– Non, j’aurais voulu qu’tu les vois.
– Et alors ?
– Ils m’ont menacé en émettant une sorte de feulement sourd.
– Whaa, ça fout les fouettes !
– …ils ont dit qu’ils allaient me balancer sur les réseaux sociaux si j’leur donnais pas c’qu’ils voulaient.
– Ah les fourbes ! Et ils voulaient quoi ? Un os à ronger ?
– … (silence) …
J’ai baissé les yeux, finalement j’ai murmuré :
– En quelque sorte…
– Alors t’as fait quoi ?
– Hé ben j’ai détaché ma jambe de bois en ivoire, je l’ai balancée à quinze mètres, et ils se sont rués dessus comme des morts de faim sur un pilon de dinde après Thanksgiving.
– Mince ! Heureusement que t’as pu quand même te tirer
– À cloche-pied ! M’en parle pas.
– Il faut croire à la chance.
– Ouais, heureusement, c’était pas mon jour.
… (silence)
– Mais t’as pas peur qu’ils reviennent ?
– M’en parle pas, j’en dors plus.
– Quel cauchemar !
Septembre 2023
Francis Hines
J’ai rencontré Francis Hines en arrivant à New York. Il était venu me voir dans mon atelier sur la 37th, et puis j’avais à mon tour visité le sien downtown. On avait discuté, il connaissait bien Lou Reed, qu’il croisait souvent dans son immeuble. Dès les années 60/70, Francis Hines avait commencé à emballer des choses, des objets, des mannequins, un peu comme Christo, mais à une échelle moindre. L’endroit était baigné dans une sorte de pénombre, sur des crochets il y avait des rouleaux de câbles, des filins, des cordes, des boîtes pleines de ficelles et de fils de fer, un univers oppressant, légèrement S.M., et lui qui s’amusait de l’embarras qui était le mien.
Francis était à la fois tendre et fermé, buté à la New Yorkaise, un entêté, compact, à la fois généreux et mystérieux. J’aimais bien son travail tout en tension. De ces amitiés d’artistes qu’on ne peut pas définir. Et puis il a dû déménager son storage, et je ne l’ai plus revu. Plus de réponse…
Je viens d’apprendre aujourd’hui la suite dramatique de son histoire. Quelques années après nos rencontres, Francis Hines a eu un accident vasculaire cérébral en 2014, qui l’a beaucoup altéré. Deux ans plus tard il est décédé dans un hospice. Son appartement sur la 11eme rue, dans le Bowery qu’il avait acheté en 1976, avait été absorbé quelques années plus tard dans une coop’ (co-propriété partageant les frais d’entretien d’un immeuble, mais décidant aussi de qu’on peut faire chez soi…). Aussi après la mort de Francis, il fut décidé de vendre cet appartement envahi par des papiers et les dessins, resté inoccupé pendant des dizaines de mois. Ils ont vidé l’endroit et, après l’avoir vendu, ils ont distribué aux fils (et au fisc) les 1,6 million que la vente avait rapportés.
Mais l’essentiel des œuvres n’était pas là. Elles dormaient en nombre, sagement entreposées dans une grange qu’il louait depuis 1976 à Watertown dans le Connecticut. Cependant plus personne ne payant le loyer, les proprios décidèrent de vendre la grange. Les acheteurs étaient pressés et personne ne s’étant vraiment manifesté pour nettoyer le contenu de ladite grange, celle-ci fut considérée comme « abandonnée ». Une entreprise de nettoyage fut mandatée pour la vider de son contenu et les œuvres de Hines se sont retrouvées entassées dans une benne à ordures sur la propriété de Watertown. Mais à nouveau la benne à ordure faisait tache au fond de la propriété, aussi les services d’environnement furent à leur tour requis pour évacuer la benne.
Avant de mettre les scellées, un employé jetant un œil sur le contenu, remarqua qu’un certain nombre de toiles représentaient des pièces ou éléments de moteur et de carrosserie automobiles. Pris de remords ou simplement ne voulant pas être tenu pour responsable d’avoir détruit quelque chose d’intérêt, l’employé informa le propriétaire qui semble-t il n’était jamais venu jusqu’à cette benne et qui, à tout hasard contacta un nommé Jared Whipple, mécanicien automobile installé à quelques rues de là.
Whipple n’y connaissait rien en Art, il a néanmoins accepté de stocker le conteneur, puis il a contacté la famille de Hines leur suggérant de venir rechercher les « choses ». Mais les fils de Hines ne voulaient pas s’embêter avec tout ce fatras. C’était trop. Ils n’avaient pas la place. Et ils ne s’y intéressaient pas. Ils ont autorisé Jared Whipple à faire ce qu’il voulait de l’ensemble pour s’en débarrasser : les conserver, ou vendre les œuvres d’art, il en faisait ce qu’il voulait …
Un jour un directeur du Mattatuck Museum de Waterbury est venu faire réparer sa voiture chez le garagiste. Celui-ci lui a parlé du contenu de cette benne qui l’encombrait. Ouvrant la porte comme un trésor d’Ali Baba, le directeur du musée abasourdi, décida de sauver ce qui pouvait encore l’être et certaines pièces furent exposées en 2021.
En 2022, une exposition s’est mise en place avec les galeries Hollis Taggart intitulée « Unwrapping the Mystery of New York’s Wrapper ». (Révélation du mystère d’un emballeur NewYorkais)…
Cette histoire peut faire frissonner tous les artistes, qui doivent résoudre la difficile question du stockage de leur travail.
Créer c’est une chose mais que deviennent les œuvres après que leur créateur a disparu ?
Août 2023
Si toutes les vérités ne sont pas bonnes à dire, est-ce que pour autant tous les mensonges le sont ?
Même si certains considèrent que le mensonge est « amusant » intellectuellement, comme une vrille de l’esprit, comme un twist ou une volute de la pensée, pour autant on peut aussi considérer que le mensonge est une planche pourrie sur laquelle on marche le cœur battant.
J’ai entendu lors d’une interview, le grand avocat devenu par la suite ministre de la justice, garde des sceaux, (aujourd’hui inculpé de prise illégale d’intérêt) affirmer sans vergogne que le mensonge était un « droit ». Un droit inaliénable, qu’on pouvait utiliser comme moyen de défense, une issue « de secours »… Mais les menteurs ne sont pas des héros. Ce sont des termites qui se nourrissent de la crédulité de leurs semblables.
S’ils ne sont pas romanciers, conteurs ou poétes, on peut admettre que les mythomanes et faux-témoins sont des malades mentaux qui se perdent dans leur déraison à force de croire ce qu’ils affirment. Mais les menteurs, eux, conscients d’énoncer des contre-vérités à la face du monde, utilisent le mensonge comme une arme, comme un outil, sinon comme un lubrifiant pour vous faire admettre des choses, qu’ils savent inexactes. Et tant pis pour les cons qui s’y laissent prendre.
Plus que jamais aujourd’hui, bernés par la publicité et les médias, nous sommes alimentés par des fausses infos, des fakes news mensongères. S’habitue-t-on pour autant à ce qui nous tue ? Non. Le mensonge est un vice de forme, une corruption.
Écœurés par cette débauche de mensonges et de fausses promesses, certains idéalistes suggèrent l’idée que les mensonges « officiels » (s’ils sont avérés/démontrés), devraient être considérés comme les « crimes & délits » punis par la loi, et sanctionné a minima par une amende. Est-ce que ça simplifierait les choses, peut-être ? Mais comment penser que ceux qui le manipulent à longueur de discours, puissent accepter de se mettre des entraves, en s’interdisant l’usage de leur outil de prédilection qu’est le mensonge ?
Ce n’est pas nouveau. En racontant la mécanique du Pouvoir, Machiavel a laissé une belle place au mensonge parmi les appareils permettant d’accéder au dit pouvoir (comme pour le conserver).
Quand Joseph Goebles inventa la Propaganda, il pré-sentit tous les avantages de la fake news pour convertir les masses. On peut aussi citer le champion toutes catégories, Donald Trump qui en fit une industrie, lui qui sans complexe a énoncé 30.573 mensonges ou approximations au cours de son mandat (selon le “Fact Checker” du Washington Post).
Combien en attribueront-ils au président, à son ministre de l’intérieur, et autres Pinocchio du gouvernement actuel ?
Papa ment, maman ment, tout le monde ment, alors pourquoi se gêner quand les Maîtres donnent l’exemple ?
De façon plus légère, mais à la fois symptomatique de l’époque, M6 diffuse cet été une excellente émission de divertissement intitulée « les Traîtres ». Il n’y est question que de trahisons, de coups fourrés et de mensonges entre les participants. Le principe est certes le même que celui du jeu des « loups-garous », mais l’intitulé « les traîtres » porté à l’écran, rend les spectateurs témoins de ces querelles et déchirements malsains entre participants au jeu.
On s’en amuse, peut-être ? Mais on se retrouve surtout mal à l’aise face à ces disputes entre brebis. Les uns armés du mensonge fomentent des intrigues, tandis que les autres qui n’ont pour défendre leur bonne foi que leur « intuition », ne cessent de s’entredéchirer.
Si dérangeante qu’elle soit, l’émission n’est-elle pas, au fond, que la mise en scène de ce chaos intérieur qui nous anime tous, en dehors de l’écran …
3 Août 2023
Vérité et mensonge (suite)
Pour faire suite à mon précédent post, je me dois de dire que bien sûr la Vérité n’existe seulement dans l’Absolu…. L’interprétation de chaque chose, de chaque événement, de chaque instant dépend de la sensibilité, de la « connoissance » ou de la foi religieuse qui anime chacun d’entre nous.
Pour autant, si l’on n’est jamais certain à 100% de réussir ce que l’on entreprend, il y a une différence entre viser l’œil d’une cible et tirer en l’air.
La vérité est un mur sur lequel on peut s’appuyer.
Le mensonge est un répulsif.
Le mensonge donne le mal de mer, il brouille les repères.
Le mensonge est une illusion, une image virtuelle.
Je suis allé voir « Yannick » le nouveau film de Quentin Dupieux. Encore une fois le réalisateur surprend avec cette farce dérangeante qu’on peut lire comme une acrobatie burlesque autour de la vérité…
Pitch: “Au cours d’une pièce de théâtre un homme se lève pour dire aux comédiens et à la salle toute entière l’embarras et l’ennui que la pièce lui procure. À la manière d’un commentaire subjectif posté sur les réseaux sociaux, le gars justifie son intervention par rapport à lui-même, le temps qu’il lui a fallu pour venir ou autre détail de sa vie privée sans aucune considération pour le monde qui l’entoure.
LA vérité de ce spectateur devient celle qui s’impose à tous. Prenant le public en otage, avec la même naïveté qui anime ceux qui s’accordent tous les pouvoirs sans rien connaître de rien, le candide armé d’un révolver va ensuite proposer une pitoyable alternative… “
Cette comédie acerbe sur le monde, soulève plus de questions qu’il n’y répond. Un régal dérangeant.
Dès la première réplique, le malaise s’installe et on plonge en apnée dans les méandres de cette courte fable tournée en quelques jours dans un lieu unique.
Sans oublier l’ensemble du casting judicieusement choisi, les trois acteurs principaux : Blanche Gardin en tête, éblouissante de drôlerie, Pio Marmaï, à travers qui certains reconnaîtront plus que jamais la verve de Patrick Dewaere, ou encore Raphaël Quénard le « spectateur rebelle » qui parle mal ou parle bien tantôt, on sent que les acteurs s’amusent avec le scénario de Quentin Dupieux avec la même délectation que ceux qui tournaient jadis avec JP Mocky. Sauf que Dupieux maîtrise à merveille une technique de réalisation/narration rapide qu’on pourrait en littérature comparer à une nouvelle.
Autre pied de nez aux séries qui n’en finissent pas, le film ne dure qu’1h7minutes. Et ça marche, le film s’interrompt avant qu’on n’ait eu le temps de s’ennuyer. Comme un menu d’un seul plat. Mais du moment qu’il est bon, on se sent rassasié. Peut-être que c’est ça aussi le cinéma ?
À l’opposé des blockbusters populaires qui vous explosent dans le cerveau à grand renfort d’effets spéciaux, à l’inverse ici, dans ce huis-clos intense, pas de fausse manière, tout le monde joue le jeu de la vérité.
Mais c’est vrai aussi que ce n’est pas si simple et lorsqu’on se dit tout, quelquefois aussi ça fait mal.
Pourtant quand quelque chose vous indispose / vous fait souffrir, peut-il y avoir un diagnostic objectif, en vue d’une thérapie curative, si l’on refuse de voir la vérité en face ?
Bien sûr que le mensonge fait partie des « méthodes ».
Si comme l’humour, le mensonge peut dégripper une situation, si comme la politesse, le mensonge est une des huiles essentielles qu’on utilise pour faciliter la diplomatie, néanmoins je ne suis pas certain qu’il génère tant que ça un sentiment de « feelgood »…
Gestes gratuits
Depuis quarante ans, j’ai profité des premiers jours de l’été pour faire une centaine de dessins/collages, que j’envoyais ensuite au hasard. Randomly, comme on salue un ami. Comme un « bonjour » inopiné de l’autre côté de la rue. Sans attendre rien en retour, j’envoyais cette « œuvre postale » à ceux qui m’avaient, à telle ou telle occasion, tendu leur carte de visite. Parfois, des années s’étaient écoulées depuis que ladite carte ou papier griffonné avait atterri dans la boîte, mais je m’amusais à l’avance en pensant à leur étonnement, intrigué, perplexe ou circonspect, quand ils recevaient ce “geste gratuit”. Enfin, je veux dire que ça ne me coûtait que le timbre et l’enveloppe…
Cette année encore j’avais commencé, la pile est à côté de moi. Et puis je me suis souvenu du nombre conséquent d’enveloppes qui me sont revenues non ouvertes l’année dernière : « Inconnu à l’adresse ». « n’habite plus… ». Aussi avant de clore les premières enveloppes, j’ai préféré m’assurer que les destinataires étaient toujours en activité. Avec Google c’est facile, on peut savoir instantanément « où est qui ». Et là, oh surprise, quasi un sur deux n’existait plus : soit leur compagnie avait disparu / radiée, soit leur site ne bougeait plus depuis deux ou trois ans, et même sur Facebook ils ne publiaient plus. J’ai commencé à réaliser l’ampleur des dégâts. C’était comme si le monde que je connaissais, oui ce monde-là avec lequel j’avais été en contact à un moment donné, comme si mon monde venait à disparaître…
À cela est venu s’ajouter un autre changement lié au courrier physique lui-même. Jadis quand, parmi les courriers papetiers distribués par le facteur, on trouvait une enveloppe avec une adresse manuscrite, on la manipulait comme un cadeau. Après en avoir décrypté l’origine sur le tampon faisant foi, on ouvrait avec gourmandise cette missive venue d’ailleurs.
Aujourd’hui, c’est fini. Les épîtres postales (auxquelles je venais m’immiscer) ne sont plus le meilleur moyen de transmettre partout des confidences, des aveux, des confessions amoureuses, des promesses de pardon, ou toutes sortes de proses intimes sous enveloppe. Non, les courriers qu’on reçoit, et qui nous rendent fous d’angoisse chaque fois qu’on ouvre la boîte aux lettres, sont quasi exclusivement des injonctions, des demandes administratives, des mises en demeure, des relevés bancaires, des factures et paperasseries, par ailleurs souvent décachetées par les secrétaires ou assistants, en amont du destinataire…
Oui, même l’usage du courrier a changé.
Alors quel sens peut bien avoir l’envoi incongru d’une œuvre aléatoire ? Quel intérêt ?
Je regarde la pile de ces dessins devant moi et je me rends à l’évidence : même ça, c’est dérisoire; désormais hasbeen !
La postière du village voisin, qui s’amusait chaque année de me voir arriver avec cette pile d’enveloppes pour lesquelles je choisissais des timbres spéciaux, la préposée après les avoir pesées une à une, ne dispatchera plus partout dans le monde ces enveloppes surprises.
Encore une chose que je ne ferai plus.
Moi qui aimais tant le papier, j’avoue que je suis un peu triste. Mais soyons réaliste : si l’on veut atteindre quelqu’un aujourd’hui, (même si on prend le risque de se faire broyer dans la corbeille parmi les centaines de spams), il n’est plus question d’autres adresses que celles des boîtes mail.
La virtualité a pris l’ascendant sur la réalité.
Le Covid fut une révolution culturelle. Il nous a contraint à faire cette mutation sociétale. Habillement manipulé, le Covid a permis de forcer le passage pour nous faire entrer à jamais dans l’Ère Digitale.
On a perdu l’attirance/admiration, la passion qu’on avait pour la « chose », la terre, l’humain, le « vrai », le « dur », la « pierre et les éléments », et nous sommes en orbite, en attraction/ fascination pour un monde de concepts et de NFT.
En d’autres termes, nous sommes passé de l’homo sapiens à l’homo digitalis.
« Quand l’idée d’une chose, suffit… »
Pour le meilleur et pour le pire.
En attendant mes dessins vont rejoindre à jamais le fond d’un tiroir, et personne n’en saura rien.
Déjeuner à Quatre Mains
Le jeune chef étoilé Charles Coulombeau m’a invité à une incomparable autant que succulente expérience gastronomique dans son restaurant « La Maison du Parc » à Nancy, où il avait organisé un « déjeuner à quatre mains ». Un menu en duo pour lequel il partageait son plan de travail, le marbre et ses feux avec le chef étoilé Jan Smink venu des Pays Bas pour l’occasion avec deux de ses assistants. Vraiment de la haute volée ! Pour le plaisir! Notre table de gourmets n’avait pas pour fins d’attribuer une note-juge, mais pour autant les invités savaient de quoi ils parlaient. C’était pour les acteurs en cuisine un véritable défi d’inventivité et de recettes en création. La barre était placée haute, car parmi les convives, il y avait trois chefs, dont deux étoilés : Cédric Deckert du restaurant « la Merise » ** venu d’Alsace, Takashi Kinoshita* du restaurant « la Cueillette », ainsi le chef influenceur « anti-gaspi » Nabil Zemouri arrivé de Paris.
Dès les canapés, on se serait cru au cœur d’une émission de challenge culinaire pour champion en finale : « Amande de mer, tartelette skyr, brioche croustillante remeker et bœuf wagyu ». Ça donne une idée de ce qui nous attendait tout au long de ce déjeuner dominical qui s’achèverait des heures plus tard. Un dimanche en voyage, un parcours en bouche attablé au bord du parc par une belle journée de ciel bleu.
Chaque plat était une surprise, une création gustative qui remettait en question nos habitudes et connaissances : « Lapin à la truffe d’été, encornet et poudre de café » servi avec un Ravines Dry Riesling Finger Lakes NY 2019, puis du « Kingfish au codium, combawa et curry vert » accompagné d’un vin orange bio 2020 de Patrice Beguet, suivi d’un « Thon rouge miso kumquatt et foyot » avec un verre de Morgon Lapierre, etc.
Parfois complexe, intellectuelle, incroyablement technique et réalisée de main de maître par deux érudits passionnés, chaque nouvelle bouchée m’interpelait. Les sens aux aguets, j’essayais de déchiffrer les goût, les saveurs mystérieuses, les arômes et textures qui explosaient dans mon palais. Tout au long du repas, ce ne furent que des « oh » et des « ah ». Jusqu’à ce dessert incroyable, cette « Figue à la cardamome/calamondin et pistaches sous un drap de lait gélifié aux algues ». Guimauve sésame, praliné girolle et chocolat cerise, on a fini sur des mignardises arrosées par une dernière lampée de cet excellent Taittinger qu’un des convives avait spécialement apporté de Reims, et après un dernier café choisi, on s’est enfin levés de table, le cœur en joie, flattés d’avoir partagé ensemble cet ultra savoir-faire jouissif.
Pour autant, quelle qu’ai pu être la diversité des plats qui nous avait été proposés, je me sentais presque léger au sortir de table. L’esprit clair et l’âme enjoué, rien à voir avec certains repas faits de portions au kilo pour des nourritures trop grasses. Aujourd’hui rien à voir, même si mon estomac sensible allait devoir trouver les acides adéquats pour me faire digérer certains de ces aliments qu’il goûtait pour la première fois, ça ne lui a pas semblé une tâche difficile. Il est vrai que ces quatre ou cinq bouchées par plat, entrecoupées par un entretemps idéal qui nous laissait reposer entre chaque service, j’ai pu me régaler sans craindre d’exploser.
Alors je réitère à travers ce post, mes remerciements pour l’ensemble de la brigade en salle et en cuisine et particulièrement au chef Charles Coulombeau qui m’a invité à déguster ce subtil déjeuner gastronomique. Je souhaite à chacun parmi vous, lecteurs curieux, d’avoir la même chance de goûter un jour de telles recettes d’exception.
PS :
Pour l’anecdote, comme s’il me restait de la place pour entendre encore parler de nourriture terrestre, j’ai fini la soirée dans le hard en regardant trois épisodes de « Hot ones » l’émission de Kyan Kojandi au cours de laquelle un invité bavant, suant, ruisselant ou suppliant sa mère, tente de répondre à des questions tout en ingurgitant des nuggets à la sauce-piment de plus en plus forte, (allant même jusqu’au million sur l’échelle de Scoville).
Bref, (comme disait Kyan) moi qui avais vécu le rêve, je me suis endormi devant un cauchemar…
Juillet 2023
Je ne vois pas le rapport entre le meurtre reflex par un agent de la circulation incontrôlé et le saccage d’une bibliothèque de quartier dans les pourtours de Châteauroux qui a eu lieu lors de la troisième nuit d’émeutes ayant embrasé le pays. En quoi donc les émeutiers se sentent-ils donc “solidaires de Nahel” multi récidiviste ? Il devait passer au tribunal cette semaine pour une infraction identique au volant d’une grosse bagnole qu’il conduisait sans permis, pourtant le môme était « sur le chemin de la rédemption » selon les dires de son entraîneur de rugby. Mais en quoi la compassion autorise-elle l’incendie d’une maternelle près de Bordeaux ? Veulent-ils forcer la main au grand Stroumpf pour qu’il abaisse l’âge légal du permis à seize ans ? Ils ignorent peut-être que la décision est compliquée à prendre car l’âge légal est à dix-huit ans… Peut-on confier un volant à des nouveaux pilotes pendant deux ans, alors que ceux-ci sont par ailleurs considérés comme irresponsables de leurs actes aux yeux de la loi ?
Ou bien sont-ce les mensonges à répétition du ministre de l’intérieur qui n’a cessé d’exalter la « bravoure » des forces de répression à l’encontre de toute forme de contestation, (voir la dissolution injuste des “Soulèvements de la terre”)? Avec le manque de discernement propre aux animaux de trait, ce ministre laboure une terre en ligne droite, aveuglé par des œillères.
La France n’aime pas ce Président, qui a trouvé le moyen de se faire réélire, ça on le sait, ce n’est pas nouveau, mais celui-ci s’en bat-lec’. Lui, le fuyard qui visite Pétaouchnock dès que ça commence à barder, et qui tel un Néron jouant de la lyre devant l’incendie de Rome assiste au concert d’Elton John pendant que le pays s’enflamme ?
Depuis l’après-guerre particulièrement, une certaine France déteste les représentants de l’ordre. Traitées comme les membres d’une caste à part, les forces de police bénéficient de non-lieux et d’indulgences de la Justice quand ils se comportent mal.
Mais pour autant quel rapport entre ce désamour, et les dégâts envers les édifices publics dans le Nord de la France, ou à Marseille, ou dans cette bibliothèque de quartier à Châteauroux ?
En quoi est-ce que ça peut faire avancer les choses ?
Même si j’imagine que certains sauront une fois encore tirer profiter de ce chaos, j’avoue que je ne sais pas comment répondre à toutes ces questions.
Châteauroux justement où je suis retourné à l’occasion du vernissage de la grosse expo « Urban Poectic », en place jusqu’au 17 Septembre au Couvent des Cordeliers.
J’y présente quatre-vingt œuvres peintures, sculptures, dessins et photographies, mises en résonance avec le lieu.
Venu à l’Envolée des livres en 2021, puis j’ai redécouvert l’espace vide, en fin, le plan sous les yeux, collant des petites images sur le papier, j’ai rêvé l’exposition comme un voyage virtuel avant de voir ce « rêve » transformé en réalité.
La sélection des œuvres s’est concentrée sur le rapport Photographie/Peinture. La Photographie est une captation, on « prend » quelque chose qui existe, c’est comme si l’extérieur trouvait un écho avec l’intérieur. OUT-IN. La Peinture c’est exactement l’inverse : on a une émotion, qui prend forme sur la toile/support vierge. IN-OUT. J’aime bien ce moment de jonction entre le réel et l’interprétation qu’on en fait.
L’exposition est accompagnée d’une conférence au cours de laquelle je développe les thématiques de l’exposition, de même que pour compléter le « combo » Expo/ Conférence/Concert je reviendrai avec Karim pour un concert en Décembre.
Le maire de Châteauroux avait décrété le couvre-feu. En milieu d’après-midi, les scènes extérieures montées pour les spectacles musicaux qui devaient avoir lieu le soir, (dont le concert annuel des jeunes du conservatoire) ont été démontées.
Est-ce que malgré tout, les gens allaient oser sortir ? Pourtant l’inauguration a bien eu lieu, et après les discours, les visiteurs ont découvert mon travail de plasticien.
Mais c’est vrai qu’il régnait au coucher du soleil un calme étrange sur la ville. Allait-on vivre une quatrième nuit d’échauffements ?
À la nuit tombée, pour s’assurer qu’aucun rassemblement n’allait pas se faire, dans les rues quasi désertes, d’inquiétantes bandes de policiers patibulaires, casqués, encoquillés dans leur harnachement moyenâgeux, sillonnaient en armes les places et lieux publics. Froids comme des soldats de plomb. Paranoïaques au coude à coude, le regard droit, n’affrontant personne mais se la jouant grave, ils se sont avancés vers nous trois, vieux péquins, nous refusant le passage. Pas un “bonjour”, pas un “bonsoir”, ils nous ont obligés à les contourner, juste comme ça juste pour s’imposer. Je ne vois pas là une attitude citoyenne de leur part. Faut pas s’étonner non plus si la tension monte dans la cervelle de ceux qui s’ennuient, et qui voient là un mauvais prétexte pour se distraire si débile que soit ce jeu du chat et de la souris.
Bref toute la nuit par la fenêtre j’ai entendu des sirènes, et pourtant au lendemain la ville s’est réveillée…
Telle qu’en elle-même, comme disait Depardieu… « Ah Châteauroux ! »
Naufrages
Certains médias ont tenté de faire un rapprochement entre l’horrible naufrage d’un chalutier surchargé de 700 migrants partis de Tobrouk et qui a sombré en méditerranée au large de la Grèce, avec cet autre drame concernant l’implosion d’un sous-marin haute technologie parti visiter l’épave du Titanic et ayant à son bord cinq personnes. C’est comparer une voiture avec un boulon. Bien sûr qu’il faut des boulons pour faire un moteur, mais la comparaison s’arrête là. Quel est le point commun entre ces deux drames de la mer ? Seulement la mer. Dire que la mer peut tuer, quel intérêt ? Manque plus qu’une attaque de requin et on aura fait le tour…
Celui qui est de mauvaise foi n’est pas celui qui a proposé d’en faire un titre, le connard c’est celui qui a mélangé les concepts. D’un côté des gens qui fuient une situation dramatique dans leur pays, poussés par la situation politique ou géo-économique, de l’autre des hommes curieux de voir l’épave du paquebot ensevelie depuis 1912 !
Quand ce genre de « titre provocateur » clashe sur le web où il y a tellement de propositions comme des poussières dans le vent, on hausse les épaules, mais quand ça transparaît sur les médias « installés » alors les proportions changent, on veut croire que ça répond à une intention, qu’il y a eu des analyses, des décisions prises … Les médias sont les prêtres du Pouvoir. Ils/elles transmettent, diffusent, expliquent, justifient la parole divine qui provient de ceux qui les financent et servent les intérêts du Pouvoir.
Comme partout parmi eux il y en a des bons, mais aussi comme dans toutes les églises, il y en a de mauvais. Mais difficile de dénoncer les mauvais prêtres. Aussitôt l’évêque s’empêtre à défendre son prêtre, au nom de l’Institution idéale à laquelle il a voué sa foi. Alors il tente de noyer le poisson et prend des décisions pour protéger coûte que coûte l’image de marque de son église. Mais il n’est pas le seul, c’est pareil dans toutes les corporations. Vous en un seul et tous se sentent attaqués, prêts à faire bloc pour défendre l’indéfendable. C’est ce qu’on appelle : l’esprit de corps. Critiquez UN prof et le corps enseignant tout entier vous tombera dessus à commencer par le rectorat, critiquez UN flic et tous les gens de l’ordre vous conspueront, remettez en cause la parole d’UN médecin et les autres se rangeront derrière le Conseil de l’Ordre. Et que dire de la Grande Muette ? Et que dire des incroyables tolérances accordées aux membres du corps diplomatique qui peuvent se permettre d’avoir des accidents en état d’ivresse sans être jamais inquiétés… Y a guère que chez les artistes où chacun joue pour sa pomme, et s’amuse de la détresse dans laquelle peut sombrer un des leurs sans bouger le petit doigt…
Mais pour en revenir aux médias vu qu’ils tirent l’essentiel de leurs revenus des financements de la pub, et vu que plus il y a d’auditeurs, plus les espaces publicitaires sont vendus cher, alors ce sont surtout les grands nombres qui les font bander. Le « big flow » ça les rassurent. Ils s’excitent comme des roseaux dans le vent en énonçant « des centaines », que dis-je « des milliers », « des millions », voire « des milliards », d’argent, de profits, de coût de production, de vente d’albums, de spectateur, ou pour la valeur d’une montre, d’un tableau ou de n’importe quoi pourvu que le nombre soit élevé. On dirait que c’est dans leur ADN.
Dans les années 80 on appelait ça le SSA. Oui on sait de pour vendre du papier, pour faire de l’audience à ras de terre, il faut : – du « Sang », du « Sexe » et de « l’Argent ». Sauf qu’aujourd’hui les propositions sont nombreuses et pour attirer l’attention du public, il faut ajouter des superlatifs. Il faut du SSA oui mais « beaucoup ». C’est ça, beaucoup de SSA. Sans chercher plus loin, ces deux drames de la mer cochaient un certain nombre de cases : d’un côté BEAUCOUP de pauvres qui meurent, de l’autre cinq personnes dans un sous-marin avec BEAUCOUP de technologie qui avait coûté BEAUCOUP d’argent…
Tu me diras « faut pas s’étonner », quand le bac de philo n’est plus qu’une formalité, une sorte de page additionnelle, facultative, quand les gens de la réflexion Éthique contrecarrent les intentions perverses de fabricants de puces informatiques qu’ils voudraient implanter sous nos peaux, faut pas s’étonner que soient mis en relation des événements si dramatiques soient-ils, mais qui n’ont rien à voir…
c’est aussi ça ce qu’on appelle : le naufrage de la pensée !