511 – Samedi 9 Octobre 2021- Limoges

Samedi 9 Octobre 2021- Limoges
Changement d’habitude. Finis les amours passagères, les amours éphémères, accolades d’une nuit dans les hôtels de province quand on vivait en dehors du temps et dans l’anonymat des tournées. Désormais les équipes repartent de bonne heure, le plus tôt possible pour profiter peinard de leur samedi chez eux, ou être disponible pour un autre boulot à l’autre bout de la France. Résultat : à huit heures, je déjeune seul. Et les «comment ça va ? Bien dormi ? » se font par SMS. Changement d’époque…
La distance est courte entre mon hôtel et la belle gare de Limoges, pourtant l’ancien directeur qui m’avait programmé hier a tenu à venir me chercher pour m’y conduire. Compagnon du matin c’est avec lui que je partage quelques souvenirs autour d’un café en attendant le tortillard qui m’emmènera de gare en gare jusqu’à Poitiers.
C’est là que m’attend Jacques, le chauffeur bénévole venu pour me conduire aux 25e Journées Nationales du Livre et du Vin qui se tiennent à Saumur. Prof d’économie qui aime la nature, il vient de prendre sa retraite, mais ses élèves lui manquent déjà. Pour son plaisir, depuis 25 ans, pendant trois jours, il transporte des auteurs et des personnalités, certains insupportables et prétentieux, d’autres charmants. D’après son expérience, les plus imbus d’eux-mêmes semblent être les acteurs et les gens des média (je tairai les noms de ceux qu’il m’a cités). Même si la route départementale est toute droite, on roule sans rouler. Si confortable soit les véhicules, il n’y a plus de plaisir à conduire désormais. La Volvo toute neuve prêtée pour l’événement est peut-être capable de faire du 225, mais à quoi ça sert de fabriquer des grosses caisse comme ça ? On ne dépasse pas le 90 sur cette route infestée de radars planqués pour te niquer. 90, 80, 30 et puis 60 et 90 à nouveau pendant 5kms puis 50 sans prévenir et 30 à nouveau. Sûr que les poules ne risquent plus rien dans les villages.
École-écologie ou Covid, durant tout le voyage, on compare nos avis sur la situation mondiale et je dépose finalement mes affaires à l’hôtel « chambre 229 »,avant de filer aux admissions. On me donne un pin’ et un verre de vin. Livre et le vin. Ivre de lire des livres légers d’un kilo, ou des pavés d’une livre. L’ivresse. Déjà installés derrière leur pile d’ouvrages, je reconnais des visages amis : Benoit CohenCohen et Eléonore PourriatPourriat, Marek Halter, Daniel Papédé Herrero Senior ou Edouard Bureau. À force de fréquenter les salons du livre, j’ai l’impression d’arriver dans une cour de récré au retour des vacances. « Ah tiens, comment tu vas ? Plaisir de te revoir, tu présentes quoi ?… » Et puis aussi « les nouveaux » je veux dire ceux que je ne connais pas. Grands auteurs célèbres ou écrivains d’un jour, novices ou vieux routiers habitués à l’exercice, il y a les ouverts, les cordiaux et ceux qui préservent leurs sourires en exclusivité pour leurs lecteurs.
J’avale une assiette en compagnie de l’organisateur qui fut jadis producteur des films de Jean Pierre Mocky et qui se souvient bien de Tom, et je m’installe à mon tour à ma table, d’un côté Fabienne Carat qui voit défiler un public populaire, de l’autre Orlan Orlan qui en effraie certains autres; moi c’est assez tranquille, je fais du dix à l’heure en croisière. Une hôtesse m’interrompt pour m’accompagner au « café littéraire » qu’anime un présentateur sympathique qui a scrupuleusement recopié ses infos sur Wikipédia, mais qui me laisse en plan soudain au bout d’une demi-heure et 5 questions; comme un film qui casse. Il s’excuse, file ailleurs et je reste interdit devant une audience pour le moins surprise. Bon, pas de problème, je retourne satisfaire la demande des visiteurs en goguette. À 18h fermeture des portes et dégustation de vins. Je vais me changer vite fait et Jacques le chauffeur m’emmène à la soirée des Auteurs qui a lieu dans un château de conte de fée situé à une trentaine de kilomètres.
Je discute avec #santiagoamigorena, co-auteur entre autre du scénario « Ce qui nous lie » de Cédric Klapisch dans lequel Yamee Couture a joué. La nuit tombe.
À la table de Marek Halter,@jeanphilippe.lustyk et Tonino Benacquista on se régale «en compagnie». Je fais aussi connaissance d’autres auteurs, je serre des mains (celles de Dominique Besnehard ou de Un juif en cavale-Laurent Sagalovitsch), et puis vient l’heure de la liqueur du Combier-Koenig… Mais si certains effrénés, débridés poursuivent l’aventure de la journée au-delà des limites de la nuit, je fais partie des « assagis » qui choisissent de rentrer avant que le carrosse ne se change en citrouille.
Dimanche 10 octobre 2021- Saumur
Au sortir de la douche je me demande si c’est la buée qui s’est déposée sur la vitre de ma chambre. On ne voit rien. J’ouvre la fenêtre. Pas mieux : tout le paysage est enveloppé dans la brume autour d’une Loire sereine.
Sagement certains auteurs font acte de présence, visiblement d’autres ont choisi de se réserver pour l’après-midi. Je m’arrête sur le livre « ascenseur pour Pékin » du jeune auteur/acteur Clovis Fouin Agoutin contemporain de mes filles, celui de Said Taghmaoui, et de Guy Lagache rencontré lors du déjeuner et dégustation au foyer du théâtre. Ainsi va la routine des écrivains entre eux : on s’observe, on s’interpelle, on se questionne, on s’amuse, quelques généralités, on reprend un verre, on parle vite, allez, encore un verre et on taille de costards… Et puis il faut bien retourner se mettre au défi d’affronter les regards et les jugements de badauds qui me demandent cent fois si je continue de chanter, et si j’ai arrêté la peinture, et « comment va votre frère ? Il est revenu des Etats-Unis ? Ah c’est vous ? Ah ! » Et « vous faites toujours des voix- Comment ça ? J’adore votre voix ? Non, ça c’est souvent ce que l’on dit à mon frère… – Mais « comme un avion sans aile, c’est lui ? » – Non, ça c’est moi. » On peut prendre un photo…
À 18 heures. On vient nous chercher pour prendre le bus direction la gare d’Angers. C’est Jérôme Attal qui tient la feuille nous attribuant nos places. Je reconnais certains que j’ai croisés au salon sans savoir qu’ils faisaient partie des invités (parmi lesquels Thibault Bruttin).
Le TGV démarre. Après une demi-heure on entend les hautes voix d’une échauffourée apparemment avec le contrôleur. Quand celui qui s’assoit à côté de moi est tout ému. Il vient de s’agacer avec un contrôleur auquel il a refusé de présenter ses papiers après que celui-ci l’ait interrompu dans sa conversation pour lui intimer de remettre son masque alors qu’il parlait au téléphone avec un membre de sa famille malade. Et là ça a mal tourné, mon voisin lui ayant dit d’aller se faire voir. Arriva alors un autre contrôleur qui a remis de l’eau sur le feu, etc. La situation est tendue. Blocage. Ils ont le téléphone à la main. Ils veulent appeler les flics de la gare et amendes de 1500€ pour insultes plus le masque, et ça s’est mis à chauffer. On est sous un tunnel le téléphone des contrôleurs ne passe pas. L’auteur est honteux, inquiet. Tout le monde et en émoi mais personne ne bouge. Alors Guillaume Hevin et moi-même nous nous levons bien décidés à parlementer avec les forces de l’ordre. Guillaume se dit médiateur et moi j’ai le goût du dialogue… Nos méthodes sont différentes. Guillaume tente d’amadouer les deux uniformes, façon aïki-do, moi je tente de leur faire entendre raison en replaçant le fait reproché dans des justes proportions. Les deux contrôleurs, jouent les offensés, ils sont très remontés contre ce passager, « On en a marre, c’est tous les jours comme ça ! – Il faut faire un exemple, dit l’autre – Mais un exemple de quoi ? Qui le saura ? Je les appelle par leurs prénoms, « Écoute Gérard , moi aussi en tournée, je passe ma vie dans les train et des contrôleurs aussi j’en vois… – On doit faire appliquer la Loi – Écoute Michel, la loi est un principe fondé sur l’idée d’un équilibre entre les citoyens, afin que la société soit cohérente, tout n’est qu’interprétation, vous pouvez choisir d’être rigides ou intelligents et compréhensifs. Le contrôleur constate que le mec a remis son masque. Guillaume insiste pour faire entendre l’argument de l’émotion, la regrettable maladresse du passager, sa famille malade… Au fond, ils n’ont pas grands reproches à faire sinon que le type les a pris de haut et qu’il les a vexés. Je fais remarquer que l’un des contrôleurs debout sur les marches me prend lui aussi de haut… Ça ne le fait pas rire, mais finalement la diplomatie paie et bien que furibonds, ils conviennent de passer l’éponge. «Mais c’est la dernière fois ». Les négociateurs (nous) rentrons dans le compartiment, accueillis des remerciements chaleureux de la part des auteurs. On se félicite de l’issue heureuse. Shake-hands. Tout est bien qui finit bien.
À ce moment l’équipe de France de foot est à 0/0 sur la tablette de Benoit Cohen, elle n’a pas encore gagné la ligue des nations en battant l’Espagne quand on arrive Gare Montparnasse.
Alors je monte dans un taxi, et traverse la nuit parisienne vers de nouvelles aventures….
CharlElie Couture

535 – Il y a trente-six conflits armés sur la terre en ce moment

J’ai connu la guerre dite « froide », celle qui opposait deux idéologies contraires : d’un côté le bloc communiste à l’Est, de l’autre l’empire capitaliste à l’Ouest. J’ai connu la « guerre économique », celle des seigneurs de l’industrie se livrant des combats sans merci en utilisant toutes les armes financières pour conquérir des…

534 – Exposition à Lunel

Mercredi 23 Février Comme si certaines régions me faisaient plus confiance que d’autres, peut-être, je ne sais pas disons surtout depuis que Stéphane Jurand est venu me visiter à la REGallery dans mes années New-Yorkaises, j’ai donc exposé depuis plusieurs fois dans le Sud-Ouest : à Sète au Musée Paul Valéry, en 2019 à l’Arbre…

533 – Visite virtuelle de la grotte de Lascaux

Si depuis la nuit des temps l’homme rêve d’un toit pour le protéger, si chacun/chacune rêve de devenir propriétaire de l’endroit qu’il habite, pour autant « la cité de l’architecture » ne peut pas se vanter d’être le plus visité des Musées de Paris. Combien de fois suis-je passé devant sans même savoir qu’il existait……

532 – « NOS vieux »

Au fond le scandale des exactions commises par certains au détriment de leurs pensionnaires sous l’enseigne ORPÉA, ne choque que ceux qui veulent bien être choqués. Comme un coup de pied dans la fourmilière. Et on apprend ensuite que les pratiques du groupe Korian ne semblent guère plus « civiles ». Et je me souviens d’un dîner,…