« Trésors cachés et Perles Rares » est un disque saturnien, un astéroïde, une météorite qui vient de nulle part.
Réalisé sur un coup de tête, ce 24 ème album de CharlElie COUTURE est un disque imprévu, dans lequel la voix et les textes sont mis en avant comme un cadeau pour les fans et ceux qui apprécient le style unique de ce poète rock inclassable au débit /flow/slam si particulier, entre rock tendu, blues social et poésie cinématographique.
Sans fioriture inutiles ni instrument superflu, « Trésors cachés et Perles Rares » est un disque essentiel ! Comme des fruits macérés dans un fût d’expérience, comme une essence distillée, une liqueur de mots transformés par l’esprit alambiqué de CharlElie COUTURE.
À l’écoute de ces 10 chefs d’œuvres on a le sentiment que depuis les années 80, CharlElie a conservé intact le feu de la création, n’en faisant qu’à sa tête en continuant sa route coûte que coûte, en dehors des sentiers battus. (…)
Bien plus original qu’un « best of », plus généreux qu’une sélection de face B, « Trésors cachés et Perles Rares » est une relecture–réécriture de sa propre histoire, avec des chansons re-visitées et des titres inédits « Perles rares » .
« Changement d’objectif, changement de focale, une manière de changer d’angle de vue, pour me remettre en question parce que le monde, change… » dit le texte de présentation
Réalisé avec son complice Karim « Churchil » Attoumane, les deux compères n’ont pas hésité à faire appel à d’autres musiciens « historiques » de CharlElie pour l’une ou l’autre chanson :
Alice Botté, guitare sur « la ballade de Serge K »,
Nicolas Mingo, guitare sur « les faits divers » et « qui je suis qui je fuis »,
Vincent Bucher harmonica sur « Nés trop loin » et « Je n’ai pas changé »,
Sam Garcia, accordéon sur « Quand tu partiras »
Pierre Sangra, violon sur « il neige »
Martin Mayer drums sur « Nés trop loin » et « Faits divers »
Jacques Gavard « presque rien »
Mathieu Denis contrebasse sur « Après la fête »
et Yamée (vocal sur « Une main dans la mienne », « Good night Esmeralda » …
CharlÉlie Couture – Trésors cachés et perles rares
L’existence de CharlÉlie est jalonnée de notes, d’images, de couleurs, de perspectives et de mots. Il s’est ouvert à la peinture et à l’histoire de l’art grâce à son père, intarissable érudit, tandis que sa mère le sensibilisait à la nécessité du mot juste et sa grand-mère au piano. Il n’a jamais désiré choisir entre tous ces domaines. Il en aurait du reste été bien incapable. Sa raison d’être s’enracine au plus profond de ces expressions plurielles.
Le plaisir de raconter des histoires l’a happé dès l’adolescence. La sensualité du lexique, la possibilité de tordre le langage afin d’en troubler le sens, tout cela a ouvert de vastes horizons à celui qui dans « Écrire » rend un hommage vibrant et minéral à cette littérature qui l’a toujours stimulé. De ces « Faits divers et autres histoires » reflétant le monde, CharlÉlie s’est fait le chroniqueur. Il aime les laissés pour compte, les personnages aux destins brisés à l’instar de « Serge K. » devenu, quand sort Poèmes rock en 1981, la figure emblématique d’une société malade de ses richesses. Le quotidien, ses aspects sordides comme ses perspectives lumineuses, constitue la colonne vertébrale de sa poésie urbaine et sociétale. De Tchao Pantin (1984) à Fort Rêveur (2010), de « Good night Esmeralda » à « Nés trop loin », CharlÉlie a toujours vibré pour ces hommes et ces femmes qui, un jour, basculent du côté obscur.
À travers la renaissance de ces titres anciens, la pérennité de sa prose s’impose comme une évidence. Les images et les climats qu’elle génère, parfois poisseux, parfois solaires, puisent leur vitalité dans la dualité et le clair-obscur de l’artiste. On est frappé de l’intense musicalité de ses textes à l’écoute de ces réinterprétations plus brutes, portées par une voix puissante, incantatoire, timbre de bluesman ou phrasé de griot, magnifiées par le minimalisme soigné et chaleureux des arrangements. CharlÉlie promène aussi son regard tendre sur les turpitudes sentimentales et existentielles, sur les doutes et les angoisses qui cimentent sa création et alimentent sa palette d’émotions. Avec Yamée, sa fille cadette, régulièrement invitée à chanter à ses côtés, il reprend « Une main dans la mienne » vingt ans après la première version, comme preuve de son indéfectible affection pour sa famille et les siens. Comme son œuvre, son héritage est multiple.
Ces Trésors cachés et perles rares ne suffisent évidemment pas à résumer la diversité de la carrière de CharlÉlie. Reste que l’aperçu qu’ils en offrent devrait transmettre l’envie de pousser d’autres portes, de déverrouiller quelques serrures et de se ré-aventurer sur des chemins constellés de mélodies anciennes, parfois oubliées. Infatigable, lui continue de sceller les pierres de son œuvre, les unes permettant aux autres de consolider leur assise depuis plus de quarante ans.
David Desvérité (biographe)
Serge K : Poèmes rock (1981)
Retourne-toi : Tchao Pantin (1984)
Nés trop loin : Fort rêveur (2010)
Good night Esmeralda : Art & Scalp (1984)
Une main dans la mienne : Soudé soudés (1999)
Mon amour interdit : Victoria Spirit (1991)
Faits divers et autres histoires
Presque rien
Écrire (Littérature)
Il neige sur Oxford (chanson de l’hiver)