Le menteur de métier
On a sonné chez moi, quand j’m’y attendais pas,
j’suis descendu ouvrir, j’connaissais pas, c’typ’ là
Il m’a dit : j’voudrais t’voir en enlevant un bonnet noir
mais j’l’avais jamais vu, vraiment un inconnu
Il parlait sans arrêt, il avait pas d’accent,
j’l’écoutais à moitié, il avait pas l’air méchant,
il avait des cicatrices en dessuus des poignets
tentatives de suicide, il m’a dit: t’sais j’en ai chié
Il m’a touché l’épaule, tout d’un coup c’était louche
i’m’dit: j’ai fait d’la taule, faut pas qu’ça t’éfarouche
je veux refaire ma vie, repartir du bon pied
j’ai p’t êt’ fait des conn’ries, maint’nant c’est terminé
I’m’a dit: euh siou plaît t’as pas un peu d’monaie
pis l’est parti sonner chez l’ voisin d’ à côté
il lui a raconté une histoire d’enfant blessé,
sa femme à l’hôpital et lui qui trouv’ pas d’ travail, pas d’travail
Y en a plein sur la terre, des menteurs de métier
qui connaissent la pitié, à l’ombre d’ leur misère,
j’ai refermé la porte, j’ai débouché une bière
mais j’vais dans la gorge un drôle de goût amer
J’ai refermé la porte, j’ai débouché une bière
mais j’ avais dans la gorge un drôle de goût amer