Le Phénix (ballade en Ruine # 2)
Ce jour-là, il pleuvait comme une plaie en Egypte, une pluie de cauchemar qui fait craindre le pire,
Au bout de la ligne, je suis descendu au milieu de nulle part.
Traverser le Bronx et à côté du zoo, y avait cette panthère noire qui marchait devant moi ,
Oh féline élégance et moi plein d’insouciance
Quand elle s’est retournée, j’ai compris le danger, j’étais une proie facile soudain très isolé,
Quand des p’tits anges enfants d’chœur ont détourné son regard, mon heure avait pas sonné comme les cloches de l’église
Elle m’a laissé continuer à vaquer vers l’Harlem du hibou mon ami qui niche sous un toit
En faisant des « ouhouhouh » au milieu des esprits.
Il invite des chamans qui servent l’Haïwaska potion hallucinatoire qui te fait tout savoir,
J’tenais plus mes pinceaux, j’en aurais mis partout, j’crois qu’j’ai couvert les murs, je ne m’en souviens plus
Le vent chassait les nuages, c’était maint’nant le soir les immeubles qui flambent dans une lumière d’or,
Il faut faire le bilan après l’Apocalypse et soigner les blessés.
Je descends dans l’subway direction Colombus, un gorille me salue comme si nous étions frères,
I’ parle de sa fille qui mange trop d’ sucre pis d’un escroc nandou qui l’a grave plumé
Deux toucans musiciens ont sorti leur matos entre deux stations s’ont joué une chanson
Sale temps pour les cigales personne les écoutait alors les sombreros ont changé de wagon.
Passagers migrateurs dans ce train face à face un grizzly, trois caniches chacun dans son espace
Grues huppées Jason Wu, Popeyes Abercombie, le visage impassible concentré sur rien
Les fils blancs des Ipod sortaient d’leurs pavillons, jouer sur Blackberry pour tromper le temps
J’ai quitté le sous-sol, remonter en surface au niveau de la mer, j’ai r’trouvé un peu d’air.
La pluie avait cessé dans la nuit des néons les enseignes qui flashent et qu’explosent la rétine
Debout sur pattes arrière mangoustes et suricates f’saient cuire des hot-dogs pour touristes arc-en-ciel
Et les fourmis processionnaires glissaient pas à pas dans une odeur de foire, amandes grillées et dollars
Les familles hippopotames devant les music-halls s’imaginaient lévriers sur les planches de Broadway.
Le calme revenu sur la douzième avenue, j’récupère un vélo et j’avance dans le tempo
Je rejoins le peloton des gazelles fluos qui traversent la nuit pour mieux rester en vie,
La tête dans le guidon, j’continue, j’roule à fond, jusqu’au Greenwich village retrouver un ami
Mais à Christopher street, j’ai beau avoir fait vite, on m’dit qu’il est parti.
Les boutiques fermées, on éteint les vitrines, on sent que c’est la crise depuis Queens à Brooklyn
Je tombe sur un aut’ gang qui sniffe de la poussière en narguant les phacochères
Misère vénère, les garous en colère, les loups en ont assez d’être traités comme des chiens,
Sensation d’étouffement, que va-t il se passer ?
« Hey yo... what’s happening ?! Where are You ?I’v been waiting for years
I’m Cold, I’m wet, well God knows when the angles will come... »
Quand soudain on entend une série de coups de feu, comme la fin d’un chagrin pour un héros malheureux
Pas besoin d’synopsis quand déboule la police, l’escouade rhinocéros qui se la joue féroce
Le cellular qui vibre comme un réveil « Allo allo ... » personne à l’appareil,
Down Town, il fait noir,
Battery Park le silence...
Derrière les palissades y a les grues, les engins ils s’affairent à refaire sur la place de l’enfer
J’entends encore le bruit, le chaos et les cris de l’écroulement du monde ici à Ground Zero
C’était un onze septembre qui a tout déclenché effondrement d’un monde en perdition,
Maintenant faut reconstruire quelque chose de nouveau et à l’image du Phénix qui fut l’Elu
des ruines.
Paroles et musique
©Editions Flying Boat 2010