Je jouerai Jeudi à 9PM au NUBLU (prononcer New Blue) situé 62 avenue C.
Ce club fête son 13ème anniversaire avec une série de concerts en dehors des sentiers battus.
Le Nublu a l’air de rien. Quand t’arrives, de l’extérieur, devant la façade bombée, c’est à peine si tu sais que c’est là ; comme un speakeasy. Pourtant une fois que le rideau de fer se soulève, tu sens immédiatement que tu pénètres dans un endroit rempli d’histoires. Tu as lu le scénario, maintenant tu es DANS le film.
Ce mois-ci, ils fêtent leur anniversaire. Treize ans qu’ils font venir une communauté de créateurs musicaux inspirés, des gens à part, des talents en résistance, bluesmen, jazzmen ou compositeurs progressistes, qui tentent de se faire une place dans une ville qui plie aujourd’hui, courbée sous le bât de la finance, comme si la cupidité des propriétaires avides et la concupiscence des rapaces derrière leurs ordinateurs, avaient fini par écœurer beaucoup des artistes, créateurs, musiciens, poètes et penseurs, tous ceux qui jadis ont fait de New York ce qu’elle est aujourd’hui. Pourtant des ilots subsistent, dans lesquels on essaie encore des choses…
Dans le cœur du Lower East Side, Alphabet City c’était d’abord « Little Germany » un petit secteur dans lequel s’étaient installés des migrants venus d’Allemagne et de Pologne, Jansénistes, Luthériens et Presbytériens et juifs. Little Germany était organisé avec rigueur et droiture. Et puis il y a eu le drame du bateau « General Slocum » qui a fait plus de 1000 morts en1904. Petit à petit le quartier a changé.
Dans les années 50 les Portoricains puis les ouvriers du métro se sont venus en famille, Alphabet city était un des quartiers de Manhattan avec la plus grande densité de population.
Dans les années 80 ce foyer d’envies a vu apparaître les premiers Graffiti artists et autres Taggers, les premiers B.Boys Breakdancers, Rappers et D-J’s, venus s’installer là parce que les loyers étaient très bas. Bon honnêtement, c’était même carrément un peu la dèche. Héroïne, cocaïne, weed, on trouvait tout ce qu’on voulait pour une défonce urbaine à la fois excitée et désespérée. C’était un quartier sauvage, et t’avais des raisons d’avoir peur. Je me souviens du dicton : « A you’re Alright, B you’re Brave, C you’re Crazy, D you’re Dead. »
Après la grande bagarre du Tompkins Square Park, en 88, les homeless, drug pushers et skinheads ont été chassés de l’endroit, de même que le quartier a petit à petit changé de couleur et d’odeurs… avec le grand nettoyage de Guiliani, ça s’est javellisé pour ne par dire le mot « Karcher ». Depuis les années 90 /2000 c’est devenu sûre et tranquille.
Même si c’est un peu isolé, ce n’est pas très loin du New Museum, et des galeries qui tentent de survivre aux alentours, il s’y passe pas mal de choses, mais c’est vrai aussi que le métro n’arrive pas partout…
Se faire surprendre, c’est se mettre dans la position de ce celui qui vit une émotion pour la première fois. Or la première fois, c’est toujours excitant !
Je serai Jeudi accompagné pour la première fois par Gil Oliviera à la batterie, Michael Kiaer à la basse et aussi Karim Attoumane à la guitare avec qui je partirai ensuite rejoindre Emmanuel Trouvé et mon équipe pour les dates au Canada.
http://www.nublu.net/article/308
® CharlElie – 20XV