Quand j’étais plus jeune, je n’arrivais pas à penser à ce que serait le fait d’être « âgé ». Un jour, j’ai demandé à mon père de me décrire cet état, et il m’a répondu que je m’en apercevrais bien assez tôt.
Vu de l’intérieur, je découvre les petites douleurs, celles qui viennent et qui disparaissent. On les oublie, et puis elles reviennent plus ou moins lancinantes. Et elles disparaissent à nouveau. Ouf…
La faculté d’adaptation est un principe de logique personnelle, une manière de réagir aussi.
La seule vraie question est :
– Comment rester assez souple pour s’adapter aux nouveaux modes de vie imposés par l’apparition d’objets nouveaux, d’application nouvelles, de comportements nouveaux sans pour autant abandonner ses propres idéaux, ceux pour lesquels on s’est battu ? Ceux qui vous ont fait tenir, qui vous ont motivé…
À moins d’un accident, une guerre, un drame, dans la vie il n’y a pas réellement de rupture. C’est un continuum, ça n’est pas un switch, « jeune » / « vieux ». Iné-Vie-tablement, j’appends depuis peu la lente modification de mon métabolisme parallèlement à l’évolution du système « externe », celui des autres.
Aujourd’hui le regard des autres se modifie, on vous fait bien comprendre que l’expérience est un poids.
Certains se sentent mis à l’écart si vous ne faites pas l’effort d’aller vers les autres, ils ne viennent plus à vous. Le téléphone ne sonne plus, on ne vous invite plus, on ne vous écoute plus quand vous parlez, on ne vous voit plus quand vous êtes là.
C’est ça l’évolution,
(sachant que chacun trimbale en lui une certaine inertie plus ou moins refractaire à l’idée d’abandonner ce qui marchait jusque là et qu’on pourrait appeler un « certain quota de références ». )
Chaque journée est une feuille de papier qui se pose sur la pile des journées déjà vécues.
On peut utiliser n’importe quelle couleur d’encre pour écrire ce que l’on veut, ça n’empêchera pas la feuille de se poser sur la pile pré-existante cherchant la cohérence, qu’on pourrait appeler équilibre instable. À ce jour j’ai vécu 3083 semaines et couvert 21585 pages de vie, et j’aime à me dire qu’il me reste pas mal de pages vierges…
® CharlElie – 20XV