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Confesse Book

21 – Papier de soi

Liberté d’Xpression et papier de soi…

On parle en ce moment beaucoup de « liberté » d’expression, mais de quelle expression s’agit-il ?  Pas vraiment d’expression créative, mais plutôt de cette expression qui consiste à donner son avis sans retenue, et dire n’importe quoi sur tout ;  même si ce « n’importe quoi » est parfois blessant, cruel ou simplement débile… Car on vit dans la culture du Grand Portnawak.

Papier de soi, et commentaires à vif, écrits à la première personne. Sans fumée et sans faire de cendres, les infos flambent comme le papier de soie.

Le problème n’est pas l’Information elle-même, qui doit circuler librement, mais  le trouble vient plutôt l’accélération de son processus de transmission. Via internet et les réseaux sociaux, ça va de plus en plus vite. On n’a plus le temps de prendre du recul, et chacun comme une feuille, réagit dans le vent.

Puisque cela pourrait avoir une connotation discriminatoire, on n’appelle plus cela le « téléphone arabe », n’empêche que, pareil, chacun répète des choses entendues, lues, ou reçues, sans s’être pour autant interrogé sur l’origine desdites infos.

Ainsi chaque relais en dénature le sens, et l’accommode à sa sauce : ajouter un peu de piment dramatique, une pincée de morale démago, une grosse cuiller à soupe d’ignorance, saupoudrer de « politically correct » et un doigt de jeunisme, et vous aurez une bonne info transgénérationnelle. Truquée, démesurée, disproportionnée, en bien ou en mal d’ailleurs, édulcorée ou amplifiée, chaque rédacteur cherchant l’impact, si ça fait mal, c’est encore mieux. On appelle ça le poids des mots, le choc des photos. Les lecteurs sont prévenus !

De même la manière de raconter l’Histoire n’a jamais été neutre, de même il n’y a jamais eu d’information objective. Je sais, ça, c’est pas un scoop ! Les modestes bonifaces qui manquent de sens critique, ont souvent pris ce qui était dit, ou écrit pour argent comptant. Pourtant tout est question d’interprétation !

Pour beaucoup de ces néo-pseudo-journalistes, les infos sont des projectiles qu’on jette comme des cailloux ou des grenades provocantes pour « faire réagir » les lecteurs. Titres accrocheurs, articles polémiques, et stars cocaïnées, la subtilité s’est faite substituée.

On n’aime plus, « on adooore », ou alors « on déteste cette merde à chier de sa race! »  Woooh là, calmos.

– Pourquoi qu’ tu veux qu’ je m’ calme ? Et balle au centre? Mais quoi, le centre? Il est vide, le centre il est mou !

Dans un monde trop rapide, trop plein de tout, quand même le fait de reconnaître une erreur peut être considéré comme une preuve de faiblesse, alors il n’y a plus vraiment de place pour l’humour pince-sans-rire et la finesse ambigüe.

Les points de vue lucides sont trop complexes, les demi-teintes font des camaïeux, alors les stylistes vont à l’extrême:

– Xtrem sport, Xtrem violence, Xtrem sex, Xtrem adrénaline, on veut de à l’X, polytechnique et spectaculaire !!

Sale temps pour la délicatesse et la pondération des avis mitigés ! C’est le TOUT ou RIEN MANichéen.

Si le ciel est un peu couvert, au lieu d’un imper, on te conseille d’enfiler un casque, des moon boots, un scaphandre, et te construire un abri en béton en prévision d’une tempête atomique.

– Attends, tu crois pas qu’ t’ Xagères, c’est quand même que de la bruine…

Si les événements qui se sont déroulés en France début Janvier, ont aussi pris une telle importance, (quasi planétaire), c’est parce qu’on se sent tous concernés,

Vu qu’on vit déjà dans un monde de

caricatures.

 

® CharlElie – Jan 20XV