Quelle joie peuvent ressentir ceux qui commettent des actes barbares ?
Aujourd’hui après avoir abattu des gens désarmés au journal Charlie Hebdo, ceux qui ont fait cela, se sont enfuis en poussant des cris. « … !! » Maintenant, ils sont planqués quelque part, ils fument des cigarettes, peut-être même qu’ils rigolent d’énervement. On leur a bourré le crâne en leur disant des conneries, et comme ils sont bêtes et naïfs, ils ont cru ce qu’on leur a dit. Soumis et obéissants aux ordres, ils ont tué 12 personnes. Maintenant, ils ont le sentiment d’un devoir accompli. Sont-ils soulagés ?
– Il fallait le faire !
– Mais pourquoi ? Pourquoi fallait-il donc faire cela ?
Pour satisfaire les exigences d’un gourou dément qui prétend détenir la vérité, pour imposer une loi, pour venger un honneur bafoué, pour faire comprendre aux mécréants qui est qui ! On peut toujours penser qu’il y a au moins une bonne raison pour justifier la haine.
Celui qui a commandité cette tuerie jette un voile de tristesse sur un monde déjà sombre. La religion n’a pas d’humour. Oh, bien sûr rien n’est prouvé, ni démontré à ce jour, et les autorités s’entendent pour gagner du temps, à tout prix ne pas faire d’amalgame, éviter que ça s’envenime. À chaque fois, c’est pareil : les mêmes baratins et prêchi prêchas mous. N’empêche, aujourd’hui douze personnes sont mortes, et ça ressemble à un signal, une tuerie symbolique, pour attiser la peur. Parce que la peur sert les intérêts de ceux qui détiennent les clés de l’Enfer.
Honteuse, ladite majorité silencieuse courbe le dos. Prostrée, elle prie en attendant que ça passe. Pauvre majorité silencieuse constituée d’honnêtes gens qui dénoncent comme ils peuvent les actes « inacceptables » de quelques terroristes. Elle compatit, pleine de contrition… et puis elle se relève comme les fourmis qui reforment inlassablement la colonne. Quoi qui se passe.
Les majorités silencieuses ont toujours servi d’alibi. Constituées d’innocents scandalisés par les agissements honteux de leurs semblables, elles sont néanmoins aussi complices, partageant, de façon très diluée certes, mais partageant pourtant les mêmes convictions ADN que ceux qu’elles dénoncent officiellement comme extrémistes ? Mais c’est une autre affaire, les gens n’ont jamais aimé qu’on parle de « responsabilité collective », et pour cause!
D’habitudes les victimes d’attentat n’ont pas de noms, aujourd’hui c’est différent!
Quand Cabus, Wolinski, Charb, Tignous et huit autres personnes, se sont réveillés, et levés ce matin, comment pouvaient-il savoir qu’ils deviendraient avant midi des martyrs de l’humour ? Qu’ont-ils pensé au dernier instant, quand ils ont vu la silhouette de celui qui tenait l’arme qui a fait feu sur eux ? Ont-ils cru à une blague ? Ont-ils seulement eu le temps d’avoir peur ? Se sont-ils levés de leur chaise en entendant les premiers coups de feu, ou bien étaient-ils visés ? Je ne sais pas, je ne veux pas savoir. Doit-on se noyer dans les détails ?
– Mais bien sûr ! Répond l’avocat en se frottant les mains, il faut trouver les mots pour asphyxier les jurés à force d’informations détournées.
Car il est déjà aux affaires celui qui se proposera pour défendre les assassins de ces 12 personnes tuées à Charlie Hebdo. Oui, un jour évidemment, on attrapera ceux qui ont fait ça, et on les enverra devant un tribunal, et pour que le procès soit dit « équitable », on leur trouvera des « circonstances atténuantes ». De quelle Justice parle-t on? De leur côté, ont-ils accordé des « circonstances atténuantes » à Cabus, Wolinski, Charb’ et Tignous ? Pas que je sache, ils ont été jugés coupables d’appartenir à un journal qui avait osé défier les menaces de fanatiques, et par voie de conséquence, exécutés sans autre forme de procès.
Le français est une langue taquine; les Français aiment blaguer, jouer sur les mots, jongler avec les idées. Qu’il s’agisse d’Art, de mode, de la vie de tous les jours ou de diplomatie, ce sont la finesse et la Liberté des analyses qui ont fait de la culture Française une référence d’intelligence, l’humour est un de ses atouts majeurs. D’autres cultures préfèrent l’action directe. Malheureusement. En tout cas, ça semble plutôt terriblement efficace.
On pouvait, ou non partager les avis énoncés par Charlie Hebdo, mais si on devait tuer tous ceux avec lesquels on n’est pas d’accord, il n’y aurait pas 6 milliards d’individus sur la planète.
Cabus et Wolinski, que j’avais connus, (de même que Charb’ et Tignous que je ne connaissais pas), ces dessinateurs de presse ont accompagné de la plume ou du stylo, plusieurs générations de lecteurs amusés, que leurs insolences divertissaient. Plus ou moins présents au milieu des contorsions de la société, ils étaient là comme des masques au milieu de danses rituelles, ces masques qui font des sourires en montrant les dents, caricatures grimaçantes et grotesques pour effrayer les démons. Mais aujourd’hui, les grimaces n’ont pas suffit à effrayer les démons aveugles qui avaient décidé de faire cesser la danse!
L’humour dérange trop les consciences.
Quand j’écris cela, mon cœur est aussi triste qu’il a pu sourire à leurs plumes de potaches libres,
Morts de rire.
® CharlElie – Jan 20XV