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Confesse Book

71 – Côte West

Atterri par hasard au milieu de nulle part. Au milieu du désert du Nevada, c’est la foire aux dollars, des vieux billets verts usés, des billets qui ont été échangés mille fois et qui ne sentent pas bon., mais pour beaucoup l’argent n’a pas d’odeur… Hélas Vegas. Au point mort. Assis comme au boulot devant les bandits manchots, des gens venus de partout répétent inlassablement le même geste. Ils fument et boivent, ils boivent et reboivent en appuyant sur un bouton carré. C’est simple, basique, idiot. Pas besoin de réfléchir. Appuyant fort ou pas fort sur un seul bouton qui fait tourner cinq roues derrière une fenêtre, ou une boule à la roulette, un seul bouton pour déclencher une avalanche de lumières qui se mettent en marche en éblouissant le joueur. Ce joueur flegmatique est sur un nuage. Il est venu d’une campagne ennuyeuse, ou d’une ville où il se morfond,  seul.  Et pourtant là , lui ou elle se découvre vibrant à l’intérieur de son être, comme un ver dans un pois sauteur.  Mais il ne veut rien laisser voir de son émotion, « Poker face » devant les machines, mais t’es con, ça sert à rien, man, elle te voit pas la machine. Elle est juste programmée pour satisfaire16 ou 17% des parieurs. Sous entendu y a 85% de chances que tu perdes tout ce que t’as gagné.

Impassibles quand ils gagnent, impassibles quand ils perdent.

Perdre ce qu’ils ont accepté de perdre.

On ne gagne pas aux jeux, on perd. Pas le choix. C’est le système qui veut ça.

Bien sûr parfois on gagne un peu, beaucoup, à la folie ou presque pas, mais on gagne bien sûr, sinon on arrêterait tout de suite. Mais si on commence à gagner, pourquoi on arrêterait de jouer. C’est difficile de s’extraire d’une place gagnante.  Pourquoi cesser de jouer puisqu’on gagne ? L’homme est ainsi qu’il se réjouit du mieux. Il ressent ce frisson de puissance. Plus on mange, plus on a fait, plus on dort plus on a sommeil, plus on gagne et plus on veut gagner. Alors quand on commence à perdre, on  met la main à la poche et on relance la partie. Et ainsi de suite, jusqu’à ce qu’on ne puisse plus du tout jouer.

C’est comme ça la vie.

J’avais écrit une chanson là dessus il y a quelques années: Never Enough, Jamais assez sur New York cœur.

Plus on mange, plus on a faim , plus on boit, plus on a soif

Plus on dort, plus on a sommeil, plus on est allumé plus on veut la lumière

On en a jamais assez

The more you try, the more you hope, the more you get, the more you need,

The more you  have, the more you want, the more you are, the more, you wanna be

Never satisfied, never enough

Plus on est marin, plus on veut la mer

Plus on y croit, plus on peut tout faire

Qu’on soit champion ou député, plus on est star plus on veut briller,

Économiste ou banquier  plus on gagne, plus on veut gagner

Plus on se sent seul, plus on veut être aimé )bis

The more you love, the more you cry, the more you hate, the more you die

The more you think, the more you dream…

Never satisfied, never enough

Parce qu’en fin de parcours, ils perdent. D’ailleurs si on gagnait quelque chose personne ne travaillerait dans cette ville tout le monde serait installé devant le robinet à billets. Mais non, personne gagne jamais, même si parfois des clochettes tintent, ou les sirènes hurlent, en clignotant au dessus d’une machine qui s’est sacrifiée pour donner au lieu de prendre à quelqu’un qui a eu la chance d’être là au bon moment, à la bonne place.

Se distraire coûte que coûte. Je suis là je ne sais pas pourquoi une fête foraine qui n’en est pas une.

 

® CharlElie – 20XV