Cinq années, il a fallu cinq ans pour en arriver là.
En 2009, à l’occasion d’un passage en France j’étais allé voir le maire de Nancy pour lui proposer de faire quelque chose ensemble. Il avait été d’accord sur l’idée, et j’avais suggéré que ça se passe au Musée des Beaux-Arts. Mais la directrice de l’époque ne l’entendait pas de cette oreille. Elle lui fit répondre qu’elle était tout à fait capable de gérer seule le planning des expositions et qu’elle n’avait que faire de ses propositions, d’autant que son calendrier était plein jusqu’à 2013, année qui fut celle de sa retraite. Je tentai d’infléchir sa rigueur, mais elle refusa de me recevoir, et quand je l’appelai une ultime et dernière fois depuis New York, après m’avoir mis en attente plus d’une demi heure, elle me dit textuellement « qu’étant un artiste « populaire » plutôt que de chercher à exposer dans un musée, je ferai mieux de présenter mes « choses » dans la rue. » J’avais ravalé ma salive et rappelé le maire qui m’a alors proposé une alternative : celui de la galerie Poirel. Pourquoi pas ? C’est dans ce même endroit que j’avais jadis eu la révélation de ce que je devais être. Oui, dans ce même lieu en 1970, j’avais 14 ans, visitant une exposition sur le mouvement « Dada » avec mon père, je m’étais soudain aperçu de l’évidence : je serais un artiste. Vint ensuite la question du financement de cette expo, mais le débat est resté en bas. Sitôt la question évoquée au conseil municipal qu’un article vicieux et mensonger laissait entendre qu’une somme colossale allait être gaspillée pour flatter l’ego d’un chanteur expatrié, etc. L’expo s’est endormie. Plus personne n’osant prendre de décision.
Deux ans plus tard j’ai rencontré un autre partenaire qui me proposait un lieu industriel très inspirant qui aurait permis de faire une belle expo « urbaine ». J’ai passé beaucoup de temps sur ce projet, j’ai rapporté des œuvres de New York. Ça semblait concret, on pouvait l’annoncer. Malheureusement les devis des entreprises sont tombés et les frais d’aménagement pour transformer cette « friche » en un lieu « aux normes » capable de recevoir du public, valaient trois fois le prix que ledit partenaire avait promis d’investir pour cette expo.
Quand j’ai rencontré Laurent Hénart, il n’avait pas encore été élu maire de Nancy, mais il me promit de soutenir le projet.
Les dernières élections municipales l’ayant vu accéder aux responsabilités d’édile, il a tenu sa promesse, et l’exposition s’est mise en place.
Une exposition en général, oblige à un choix, un extrait, un chapitre. Pour celle-ci, « NCY NYC », c’est la première fois que j’ai l’occasion de montrer la diversité de ce que je fais : une centaine de tableaux, autant de sculptures, des vidéos expérimentales, photos polaroïds et des objets surréalistes. Le lieu a été aménagé de façon à ce que le spectateur suive un parcours d’inspiration, celle qui m’a fait agir, essayer et recommencer, depuis 40 ans. J’ai pu aussi créer « lit-cage », et « Wild nuisettes », « qui s’y frotte s’y pique », ou « le radeau de mes nuits », des installations que je n’avais jamais mis en place.
Cette expo restera en place à l’espace d’Art Poirel jusqu’au début du mois de Mars.
PS : On m’a demandé si les œuvres étaient disponibles à la vente, elles ne le sont pas sur place, mais pour plus d’informations n’hésitez pas à écrire à la galerie : www.charlelie.nyc
® CharlElie – Novembre 2014