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Confesse Book

527 – Et toi, tu l’as eu ?

(texte corrigé) Avant même d’avoir abordé l’autre sujet sensible du moment (la campagne électorale), impossible de l’éviter, la première question qui se pose quand on se rencontre, c’est: et toi, tu l’as eu? Et ça ne tarde pas à se transformer en compét’ Covid. Et ça grimpe dans les tours, comme à l’époque de l’affaire Dreyfus : « ils en ont parlé ». Chacun veut se faire entendre. Décibels crescendo. C’est à qui en en aura le plus souffert. Une emphase de superlatifs et d’exagérations invérifiables. Mensonges, rodomontades, fanfaronnades et mystifications, affirmations, axiomes et postulats, les sophismes, les paralogismes, les contrevérités et autres enfumages ou affabulations fusent. Les arguments « incontestables » pleuvent : « Ma fille travaille dans un hôpital, elle en a vu de toutes les couleurs…», « moi, mon mari est médecin », ou « je te parle de ma tante », «moi je te parle de mes parents… », «moi de ce que j’ai vécu… ». Un déballage immonde d’intimités impudiques qu’on sort comme des atouts dans une partie de tarot. Car nombre de ceux qui en ont guéri se prennent pour des surhommes. Ils racontent leur épreuve avec l’infatuation ostentatoire de petits champions ayant vaincu Goliath, héros d’une résistance imaginaire passés à travers les lignes ennemies. Ils ont survécu. N’ont-ils pas accompli d’autres exploits, qu’ils souhaitent qu’on les admire pour cela ? Damned. D’autant que chacun l’a vécu d’une façon différente.
– Moi ça coupé l’appétit,
– Moi en plus j’ai du diabète…
– Moi j’ai perdu l’envie de boire de l’alcool…
– Noooon !!? Moi j’ai tellement dormi, je n’arrivais plus à me lever pendant au moins huit jours… T’imagines ?
– C’est dingue !
Et tout le monde bien sûr connaît quelqu’un qui en est mort, quelqu’un de plus ou moins proche, et c’est un échange de condoléances affligées, mais pour ceux qui ont été sauvés grâce à D.ieu, entre eux, c’est compet’ de séquelles :
– J’ai mis trois semaines à m’en remettre.
– Moi, six mois, et encore, c’est pas fini… Depuis, je n’ai plus envie d’aller au boulot. Je suis devenu fragile.
– Ooooh… Moi, j’ai des picotements dans les mains.
– Mince, moi j’perds la mémoire.
– Moi, j’ai mal aux articulations, et je n’ai plus que 68% de capacité respiratoire.
– 68% par rapport à quoi ? Tu t’étais fait évaluer avant ?
– Non, mais c’est eux qui me l’ont dit…
– Qui ça eux ?
– Euh…
– Écoute, je n’ai pas de conseil à te donner mais déjà, si tu arrêtais de fumer peut-être que ça t’aiderait… »
On confond tout. Ça ne mène nulle part, mais chacun veut persuader l’autre de SA vérité. Les adeptes du gouvernement disent : « sachant qu’ils n’avaient aucune référence face à une telle situation, nos gouvernants ont fait ce qu’ils ont pu », « tu parles, rétorquent ceux qui n’ont aucune confiance dans l’opportunisme des communicants qui nous dirigent, ils se sont contredits sans cesse, quand ils partiront, ils rendront les clés d’un pays avec un déficit monstrueux…»
À l’heure où ce même gouvernement se tâte pour imposer de nouvelles contraintes en Janvier, comme l’annonce de l’installation d’une clôture électrifiée pour les moutons que nous sommes, un retour à la vie « normale » n’est pas pour demain…
Sachant que dans un monde paranoïaque: « tout autre est une menace… », néanmoins je m’autorise à vous souhaiter dans l’absolu « bonnes fêtes à vous, sans masque et sans restriction » et bon courage
à ceux qui oseront affronter le danger de rencontrer d’autres qu’eux-mêmes, voire même se prendre dans les bras pour se dire qu’ils s’aiment…
CharlElie Couture
Dec 2021