À la fin de l’été dernier, Yves Dumoulin, le maire de Fareins est monté à Paris, accompagnant le galeriste qui m’avait proposé ses murs pour exposer dans la ville d’origine d’Etienne Carjat, auteur de la célèbre photo d’Arthur Rimbaud. L’idée multiste idéale: deux concerts en duo dans le cadre de leur festival de Jazz, (jouer deux fois de suite dans le même endroit est assez rare), une conférence sur le « multisme» et vernissage de l’expo à la « collection de la Traye » sur le thème : « Rimbaud New York ». Un Far-eins, deux far west et trois jours à Fareins… J’avais déjà croisé la route d’Yves Dumoulin à Québec, à la fin des années 90 quand il accompagnait les vignerons qui m’avaient à l’occasion intronisé (en tout bien tout honneur), « compagnon du Beaujolais », – je le suis aussi du Fitou et chevalier du tastevin-. Bref mais ça me plaisait d’aller faire un tour dans le beau joli, Beaujolais.
Nous jouons à l’« Espace Carjat » construit en pisé (mélange d’argile et de chaux compressés), le contexte est un peu différent des ors de Namur, mais dés notre arrivée, l’accueil souriant nous laisse prévoir le meilleur. Un beau grand queue Bösendorfer… du Whisky écossais 18 ans d’âge… no comment.
La salle pleine. Et après le concert, un sentiment de bien-être.
Vendredi
-Réveil à Villefranche (ville originaire de Benjamin Biolay dont on m’a beaucoup parlé), puis aller à la galerie, quelques conseils d’accrochage pour l’installation des œuvres, Puis généreux et succulent déjeuner avec toute l’équipe au « Faisan Doré » https://www.faisan-dore.fr/ .
Sous une lumière d’automne magnifique, je traverse ce paysage de collines qui vit jadis Jules César généralissime interrompre durement la colonisation que tentaient des pauvres paysans Helvètes cherchant une terre plus féconde, comme quoi, monsieur Zemmour, (qui n’est pas César malgré ce qu’il pense de son « triomphe », le grand remplacement, ce n’est pas nouveau!!!) Bref, nouvel accordage du piano en 440, et de nous remontons Karim et moi sur la scène pour un second concert encore plus facond que la veille…
Samedi-L’équipe « musique » est repartie. Je déjeune seul en compagnie d’un SDF qui se restaure en silence, replié sur lui-même à qui la direction de l’hôtel a la bonté d’offrir un café et un endroit pour se réchauffer quand les clients sont partis. Mais quand il me voit, sans lever les yeux, il se lève et repart comme pour disparaître.
Fin de matinée, médiathèque la Passerelle à Dombes, réglages son pour ma conférence sur le thème « du Multisme ou les chemins de la création ». Il y a du monde, le directeur de la galerie Jacques Fabry joue le rôle du modérateur, me posant des questions affûtées dans une ambiance conviviale entrecoupée par trois chansons que j’interprète sur un clavier installé pour l’occasion.
Après l’effort le réconfort, on se retrouve à La Bicheronne, une auberge à la ferme tenue par Michèle et Maurice depuis 1977 et où venait souvent «Mick Micheyl » me précise-t-on. Les plats généreux, sûr que je me régale, mais mon corps n’en peut plus et je m’interromps en cours d’omelette norvégienne.. D’autant que je dois encore garder des forces pour le vernissage qui a lieu après…
La galerie a été créée par des passionnés d’Art, et l’on voit tout de suite qu’elle s’ouvre à un large public. On me demande des autographes sur des bouts de papiers ou sur des catalogues, mais il y a beaucoup de monde, des visiteurs qui pour certains ont suivi les trois événements, concert, conférence et expo.
Vers 19h, je suis épuisé, mais j’ai un sentiment d’accomplissement. Je suis revenu en France pour cela, dans l’espoir de vivre une fin de semaine comme celle-ci ou se croisent les chemins de la Création multiste, qu’elle soit sonore, visuelle ou poétique.
Merci à tous ceux qui rendent possible ce genre d’échange, de partage.
CharlElie Couture