Mardi
Après deux semaines passées à faire des illustrations aquarellées pour un livre de Jean Rouault (à paraître), et retravailler sur un long manuscrit que je dois envoyer en lecture, j’étais content de revoir Karim pour aller jouer à Namur et retrouver un copain, je veux parler du piano sur la scène du Grand Théâtre où j’étais déjà venu en 2019 invité par Benoît Poelvoorde au Festival de l’Intime. Vu que c’est sa ville, … J’avais l’impression que le piano m’attendait comme une voiture attend son pilote. Sans être un virtuose, le piano fait partie de ma vie depuis si longtemps. Celui-ci était un beau Yamaha au spectre généreux, capté grâce aux nouvelles cellules commandées spécialement du Japo par mon ingé son. Un régal. Beau son, belles lumières dans ce cadre valorisant, public attentif, (et excellent restau d’aftershow).
Mercredi
Au réveil à l’hôtel la serveuse m’a reconnu quand j’ai enlevé le masque. Dans les enceintes d’ambiance, elle bluetooth les morceaux de sa playlist. « Missipi Dancing », « Jacques à Dit ci » ou « Juste un instant » Je suis un peu gêné.
Arrivé à Paris on charge les œuvres pour l’exposition « Rimbaud/New York » qui débute la semaine prochaine à Fareins. Concert, conférence et vernissage. (Etienne Carjat qui a pris la célèbre Photo d’Arthur Rimbaud dont je me suis inspirée, est originaire de Fareins).
Il fait beau à Paris. Je passe l’après-midi à peaufiner mon manuscrit 240 000 signes. Le soir repas de famille. J’ai beaucoup de chance, mes filles me défient tendrement, elles qui s’amusent avec humour et ironisent de mes travers.
Jeudi
Gare de Bercy. Je pars seul direction Clermont-Ferrand pour une rencontre-dédicaces à la librairie des Volcans. À l’arrivée dans le wagon de ce T.E.R, je reconnais sous son masque la voix inimitable de Chantal Ladesou qui m’invite à venir voir la pièce d’Isabelle Mergault qu’elle joue le soir. Mais je ne fais qu’un alle-retour, dans trois heures je reprendrai le même train back.
Un public nombreux est déjà installé. Sans plus attendre, je réponds aux habiles questions d’une interlocutrice aguerrie à propos de « New York Memories ». Après une heure et quart de talk, on tend le micro dans la salle. La première question est : « Quels artistes avez-vous rencontrés ? » Je réponds brièvement : Elton John à une soirée chez Cartier, Lou Reed dans un magasin de vélo, et Docteur John après son concert à la City Winnery… J’aurais pu citer aussi Eric Clapton lors d’un anniversaire, David Bowie et Jeff Coons à un vernissage, Bono lors d’une soirée caritative, Jack Black à Soho, Woody Allen à un repas chez César, Laurie Anderson à l’aéroport ou David Byrne qui habitait un temps juste au-dessus de ma galerie, mais je ne suis pas un champion du « name dropping ». J’apprends alors la présence dans la salle de ma première professeure de piano mademoiselle Hélène Godard. Je m’installe au piano et je lui dédie « Under control » avant d’attaquer la séance de dédicaces qui ne s’interrompt qu’avec l’info que le taxi m’attend pour me ramener à la gare…
Je suis seul dans le wagon, je dis bien seul, un peu mort, je m’endors. Le contrôleur qui a déjà vérifié mon billet une heure avant, me réveille pour me faire remettre le masque sur le nez. Connard !!!
Paris Bercy, 23h, je remonte sur mon scooter,
…
CharlElie