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Confesse Book

490 – Fête de la Musique au jardin Botanique de Nancy

Donc, après une après midi de signature à Metz; on est allé le chercher Karim qui arrivait de Paris par le dernier train. On a répété lui et moi assez tard les quelques chansons/guitares en vue de la prestation qu’on ferait le lendemain, jour de la Fête de la Musique au jardin Botanique de Nancy. Le lundi, il faisait beau. Dans le vert de l’endroit, il y avait des élus locaux, des officiels et quelques centaines de personnes venues pour l’inauguration du théâtre de verdure. Quelques discours, une promenade entre les plantes millénaires protohistoriques qui nous rappellent si nécessaire que l’humanité est l’invité d’un système vivant qui la précède en million d’années et qui lui survivra bien après que les civilisations se seront autodétruites. Et puis à 13 heures, sur un lieu aménagé intitulé « place des agrumes », sous un soleil à faire murir nos peaux d’orange, nous avons joué notre set acoustique au répertoire particulier devant un parterre de spectateurs assis – puisque telles étaient les consignes. Bonne ambiance pour le moins « chaleureuse » et amicale, quand la chanson est un moyen de transport qui permet de faire voyager les idées universelles au-delà du temps, des modes et des appartenances à telle ou telle famille/minorité/communauté.
Et puis on a essayé de se nourrir, mais bien que restés fermés pendant des mois, ce n’est pas pour autant que les restaurants de province acceptent de servir des clients retardataires après 14 heures. Cherchez l’erreur. Errer en ville. Reprendre le train…
Mais la fête de la Musique n’a pas été aussi docile partout… Dans de nombreuses villes cela s’est transformé en magistrales raves parties avec des sound-system incommensurables. Les rues entières de la capitale vibrant sous les basses de boomers installés sur les toits, de quoi rendre les voisins complétement fous.
Quelques jours avant les directives gouvernementales avaient interdit les rassemblements debout, dits « sauvages » de plus de 10 personnes, alors cette fête de la Musique s’est déroulée sous le sceau de la désobéissance civique. Comment pouvait-il en être autrement ? La jeunesse n’a pas la sagesse inhibée des adultes. La jeunesse a besoin de « s’éclater « , en faisant une activité physique, bouger, danser, faire l’amour… Quand on regorge d’énergie et qu’on a le sentiment d’avoir été (indûment ?) cloîtré pendant des mois, la musique retrouve enfin son sens de partage des émotions. Fusaient des rires et des cris d’hystérie qui en disaient long sur le sentiment de frustration de celles et ceux qui viennent de passer deux années, confinés, assistant à leurs cours en zoom sur leur chaise en solo dans leur petite chambre de cité universitaires un masque sur le nez, et la bouche…
Alors oui, la fête de la Musique était un prétexte pour laisser éclater sa joie. À la levée des barrières dites « sanitaires », ils se sont rués, incontrôlés, incontrôlables… À qui la faute ?
Ah ça ils ne se sont pas rués la veille sur les urnes pour dirent leur sentiment, mais dans la rue, ils ont explosé, pour se faire entendre, ils ont pris le pouvoir du son en quelques sorte.
Après l’abstentionnisme record du premier tour des élections régionales, il y a des questions à se poser sur ce qu’on appelle le processus démocratique.
Non les jeunes n’étaient pas endormis, mais peut-être qu’ils ne se sentent pas concernés par des débats politiciens dont ils se sentent étrangers, de faux débats inventés pour détourner l’attention des véritables problèmes.
Même s’ils sont restreints, les résultats de ce premier tour des élections régionales prouvent qu’une certaine France ni extrêmement à droite, ni extrêmement à gauche, une France « bourgeoise » un peu traditionnelle est toujours là, une certaine France des territoires accrochée à des valeurs régionales.
On a reproché aux Gilets Jaunes de ne pas être suffisamment clairs dans leur message contestataire de même les militants de la « République En Marche » peinent à se reconnaître à travers une pensée commune précise. La REM c’est le parti d’un seul homme.
Pourtant le chef de l’État fait comme si de rien n’était, il se place « au-dessus de tout ça » conservant son sourire désinvolte qui n’est pas loin de rappeler celui d’un autre chef d’état tellement sûr de lui qu’il nia l’évidence de son « éjection » même après que celle-ci fut prononcée par le Congrès Américain…
Le Pouvoir est une ivresse qui vous aveugle est vous fait perdre de conscience de réalité !
Bref malgré les résultats catastrophiques des représentants de son parti, il reste campé sur ses positions. Mais quelles sont-elles réellement ? Vu qu’il n’a pas cessé de changer son fusil d’épaule, – sauf en ce qui concerne les chasseurs qu’il a tenté d’amadouer comme s’il craignait d’en être la cible-. Le président s’était voulu au-dessus des partis, (ceux qu’il s’est escrimé à démanteler), stratosphérique s’élever dans sa navette Élyséenne, il a voulu tout contrôler, mais n’est pas cosmonaute qui veut et Thomas Pesquet, lui ne fait que piloter un camion de l’espace et non un pays tout entier, il s’est voulu le grand ordonnateur et le libérateur d’une jeunesse dont il s’est cru l’incarnation, mais ces élections ont démontré que ses partisans d’LREM ne représentent qu’une toute petite partie de l’électorat. Ils ont voulu la « rupture », aujourd’hui oui, ils l’ont eu.
Le président élu s’est-il pris pour Bonaparte, capable de réinventer le pays à son image, lui qui nous a annoncé qu’on entrait en guerre et nous a plongé dans les affres de combats contre l’invisible, mais après toutes les siennes, Napoléon a fini à Sainte Hélène…
Les bains de foule filtrés, les armées de conseillers en communication, de sbires, de Benalla, de policiers en civil, les promesses et « grand débat » aux promesses non tenues, et toute cette fanfare média, tout cela sonne faux.
Dimanche les électeurs des régionales n’ont pas aimé son slam…
Envahi par les décibels technos, sur des pulses en 130BPM, de la République à la Nation, résonnait dans l’air en ce jour de fête de la Musique, l’écho tonitruant d’un désaccord majeur dans une France devenue trop violente et qui se voudrait autrement …
CharlElie Couture
23 Juin2021