Menu

Confesse Book

59 – Texte IMmortel

Et voilà, après tout ce qui a été dit, le disque sort. Livré à son propre sort.

Je découvre la cover achevée dans son dernier état. Je la trouve très réussie. En recto le super portrait fait par Gérard Rancinan. A partir des éléments que je leur ai fournis, les graphistes ont fait un super job, à la hauteur du contenu musical…

Nous avions l’un pour l’autre ce qu’on nomme du « respect. ». On se connaissait de réputation, Biolay et moi, mais nous n’avions encore jamais travaillé ensemble. On avait échangé quelques couplets de « Jacobi » sur la scène de mon Casino 2011, mais je ne savais de lui, rien de plus que ce que l’on sait quand on écoute les disques de quelqu’un.

M’étant mêlé de la production de mes 18 (et plus) précédents albums, j’avais bien sûr une idée assez précise des arrangements que j’aurais pu faire moi-même, mais cette fois j’avais envie de me faire surprendre, changer de peau, celle qui habille le squelette des structures et qu’on appelle « arrangement ». Oui c’est ça j’avais envie de me faire arranger…

Si l’on parle de « haute couture », Biolay est un grand styliste.

Je me suis présenté à lui sans fard. J’ai joué quelques morceaux Guitare ou Piano /voix . Immédiatement, il est entré dans la musique. Ce type est un vrai mélomane que les ondes musicales font vibrer

Comment fait-il ?? Je ne sais pas. Je l’ai vu travailler, mais sa méthode est restée assez mystérieuse. Chaque créateur à ses habitudes, ses codes et ses rituels ; chaque cuisinier a ses recettes… Mais peu importe « comment » , ce qui compte c’est le résultat.

Il a su amadouer mes angles durs, et mettre de l’élégance là où je laissais le béton brut. Sa désinvolture dandy éclaire les plages sombres de ma lune noire, et mes textes sont sortis de l’anecdote pour devenir plus universels.

C’est vrai, je ne suis pas un grand fan des « teen fictions »,  « adult fantasies », ou comédies romantiques bidons. Sans tomber dans une déprime ténébreuse, les thèmes que j’aborde sont ceux que m’inspire une société angoissée sous les nuages des idées inquiètes, quand le souffle de l’accélération des échéances balaie les saisons, et quand revient la question quotidienne du temps, celui qu’on calcule comme on fait ses comptes, quand on a des comptes à rendre, décomptes bancaires et comptes à rebours…

Ecrit à New York où j’habite depuis maintenant dix, ans, le disque a été enregistré à Paris et à Bruxelles dans les célèbres Studios ICP où j’avais déjà enregistré plusieurs disques. Me retrouver là, c’était comme continuer une histoire commencée il y a des années.

Tour et re-tour. Je serai à nouveau en tournée cette année…

Oui, j’ai continué. Agir, écrire, jouer, et créer pour la liberté. Je suis resté en mouvement, et je me retrouve là, aujourd’hui en cette veille de sortie d’album, avec ce même stress qu’aux premiers albums des années 80, mais aussi avec la même foi, celle qui me donne le feu, cette flamme qui brûle en moi comme une huile qui ne s’éteint pas…

Si grâce à ce disque, certains entendront parler de moi pour la première fois,

Pour d’autres néanmoins, j’imagine que ce sera des retrouvailles,

Avec quelqu’un parti pour vivre une autre vie, une seconde vie,

Et qui revient un jour,

Des années plus tard…

Oui c’est ça, je voudrais croire que ce disque sera comme une ré-apparition,

Au-delà du temps.

Mortel, je le suis,

ImMortel

Aussi.

® CharlElie – Sept 20XIV