Non, je n’ai pas menti. Je vous le jure, j’étais bien à La Rochelle le 10 Juillet dernier parmi ceux qui furent filmés pour l’émission dite « les copains d’abord ». Je m’en souviens bien, on était partis à 5 heures du matin après un concert à Genève, pour m’emmener prendre ensuite un avion à Lyon afin d’ être à l’heure aux répétitions en fin de matinée. La journée fut longue, le tournage de l’émission sur la grande scène des Francofolies avait pris du retard dés le démarrage. Ça n’en finissait pas. J’avais dû me résoudre à partir avant le plateau de parade de fin, parce que je repartais aux aurores vers Perpignan et concert à Carcassonne, avant de revenir à La Rochelle le lendemain pour mon concert. Bref, ça faisait beaucoup de déplacements et de voyages, mais l’équipe de com. avait insisté: « Il FAUT que tu y sois, c’est important ! ». Je m’étais laissé convaincre, et je ne l’avais pas regretté. C’était aussi pour moi l’occasion de voir de nouvelles paires de mes pairs, serrer des mains, et jouer devant cette grande audience estivale. Heureux de l’avoir fait, y avait plus qu’à attendre Septembre pour la diff.
Aussi, quelle ne fut ma surprise hier soir quand, arrivé à Paris quelques heures plus tôt, au détour d’un zapping, je tombe sur la diffusion de l’émission…
Je regarde le cœur battant, m’étonnant un peu de ne pas voir la moindre image des rencontres que j’ai faites en coulisse qui servaient de liens entre les séquences chantées. Mais bon, je me dis que ça va venir. Mais ça ne vient pas. Ce qui vient, c’est le générique. Et voilà, c’est fini.
– Ben quoi ? Et moi…?
-Toi? Rien, j’te dis, c’est fini, t’y es pas. Point. Fin du générique donc et « l’Avion sans ailes » qu’ils m’avaient imposé, ne figure pas au programme.
What ? Mais pourquoi ?
Je vous avoue que je suis un peu abasourdi. J’ai la gorge sèche. Lessivé. Me voilà effacé. Javel. Je n’existe pas.
Comme si le poids des années me revenait sur les épaules. Soudain, je suis mort. Mort de fatigue. Dans le jetlag. Je me sens décalé. Qu’est-ce que je fais là ?
Je deviens parano. Y a-t il eu un problème technique? Non, ceux avec qui je travaille avaient revu l’enregistrement de ma prestation après le tournage, et m’avaient dit que c’était super bien réalisé ? Je me souviens aussi d’un type de la maison de disque qui vient vers moi enthousiaste: « Les gens vont comprendre qui tu es, magnifique, je suis certain que ça va te remettre en selle »… Tu parles. Mon pied a dû rester accroché à l’étrier en descendant, car maintenant j’ai la tête qui cogne sur le sol, et le cheval galope en même temps que le générique dans lequel mon nom n’apparaît pas.
Je ne suis pas là souvent. On peut pas me reprocher de squatter les programmes. Alors, qui donc n’aime pas ce que je fais au point d’évacuer les 3 minutes 40 de ma chanson ? Morgane, la production ? Ou bien le patron des Francofolies ? Ou bien quelqu’un de France2 ?
Certainement quelqu’un pour qui je suis une denrée négligeable…
Ce n’est pas Omar (Sy) qui m’a tué, c’est quelqu’un d’autre, quelqu’un qui a jugé que je pouvais disparaître sans laisser de trace. Hop, à dégager, sans importance. « Ecoute coco, on a des contraintes commerciales, l’émission est trop longue, Couture, on le vire ! »
Oh ! Je ne suis pas le seul : « Les innocents » et « Ben l’Oncle Soul » que j’ai vus là-bas et deux ou trois autres sont aussi passés à la trappe. J’imagine que ces artistes doivent ressentir la même chose que moi, ce qu’on appelle de la tristesse.
J’ai passé quelques coups de fils, et on m’a appris à ma surprise que TF1 venait de diffuser le même soir un portrait tourné il y a quelques jours à mon atelier à New York…
Allez, on va dire que ça compense un peu : il n’était pas dit que ce jour-là je serais « totalement » absent du PAF !
Je suis revenu ici plein d’énergie pour défendre le beau disque « ImMortel », mais là, Pif, je viens de prendre un méchant coup derrière la nuque, et je ne sais même pas à qui en vouloir, c’est comme ça. C’est la vie des médias. Je l’ai déjà vécu.
Mais pour sûr, ce soir, on me rappelle bien qu’il ne faut jamais y croire et se faire des illusions,
Oui ce soir, je le suis en deux mots :
« Im Mortel ».
® CharlElie – Sept 20XIV