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Confesse Book

478 – Sarah Halimi (suite)

Environ quinze mille personnes s’étaient déplacées place du Trocadéro devant le parvis des Droits de l’Homme ce dimanche pour manifester contre la décision de la cour de cassation qui entérinait la décision de justice tendant à considérer Kobili Traoré l’assassin de Sarah Halimi comme irresponsable.
Après, les témoignages vidéos de certaines personnalités, projetés sur un écran, après une minute de silence pour la policière égorgée hier à Rambouillet, les gens ont entendu les discours de Jonathan Behar, organisateur de ce rassemblement tentant de galvaniser les foules, puis celui stratège de l’avocat maître Szpiner maire du 16ème arrondissement, puis celui de Muriel Ouaknine-Melki avocat de la famille lucide et clairvoyante, et enfin le long exposé de William Attal frère de la victime, habité comme au premier jour par cette douleur qui ne se taira jamais.
Ils ont appelé à la révision du procès, citant le témoignage de nouvelles personnes à verser au dossier ainsi qu’ont été redit des informations sur les vices de forme et incohérences de l’enquête…
Il faisait beau. L’ambiance était révoltée certes, mais une révolte plus intérieure que spectaculaire, une révolte essentiellement causée par l’incompréhension de la décision de ce non-procès qui arrange un certain nombre de personnes dont les expertises arbitraires n’ont fait naître que le chaos.
Il y avait tellement de monde que je n’ai pas pu atteindre ceux qui m’avaient invité, ni même retrouver ceux avec qui j’avais rendez-vous. Il faut dire qu’avec les masques c’est un peu difficile de se faire une idée sur qui était qui.
Au milieu du sérieux de l’événement je me rappelle de cette annonce venant de l’une des organisatrices visiblement inquiète qui demande au micro: « Y a-t-il un médecin ici ? Y a-t il un médecin parmi nous… » Alors je me tourne vers la personne qui m’accompagne et je lui dis : On croirait que c’est un gag… Demander ici, s’il y a un médecin ici… attention au mouvement de foule… C’est pas dit qu’il y ait un max de maçons, ou d’égoutiers, mais des médecins… Il faudrait surtout préciser de quelle spécialité elle a besoin…». Bref.
Parfois des harangues fusaient en scansion quand tel ou tel nom était cité, mais majoritairement les gens qui s’étaient déplacés étaient venu chercher une forme de réconfort au sein du collectif, partager leur inquiétude de se sentir comme des « exclus de la loi », sensée protéger tous les citoyens au même titre.
Et puis, les enfants sur les épaules ou dans des poussettes, ou les couples âgés se tenant par la main, sont repartis comme ils étaient venus, sagement, sans casser de voiture ni incendier des poubelles. Dans l’espoir que les juges entendent le message qui leur est adressé. Il n’y a pas de honte à se tromper, l’erreur est humaine, seuls les cons qui ne changent pas d’avis.
C.