Premier avril, ce n’est pas une blague, il y a un an jour pour jour, je publiais sur ce même compte Facebook quelques lignes dans lesquelles je racontais comment j’avais touché le fond. Atteint par le Covid19, je venais de passer un très mauvais moment, que dis-je une expérience particulièrement éprouvante, et je voulais croire que les forces allaient me revenir vite. J’avais fait partie des premiers touchés, mais après une dizaine de jours particulièrement enfiévrés et annihilant, j’allais remonter la pente. Depuis le fond du gouffre, je marchais sur le sentier qui menait vers la sortie de crise. Il m’a certes, fallu encore un peu de temps pour retrouver toute mon énergie, mon odorat et mon goût pour le goût, mais je poussais un ouf de soulagement, habité par le sentiment d’orgueil de ceux qui ont franchi un obstacle. Heureusement j’avais eu la chance d’éviter la prise en charge par les secours d’urgences (qui d’ailleurs, n’avaient pas voulu de moi puisque, même à 3 heures du matin, le répondeur diffusait le message des appels saturés et alors après 20 minutes, j’avais raccroché et trouvé seul la solution pour qui ressemblait à une crise d’angoisse). Bien sûr j’étais tombé, à plat pendant une dizaine de jours, flingué par cette maladie venue d’ailleurs mais pour autant je constatais que je n’en étais pas mort. Bref, désormais, je savais de quoi il s’agissait. Je pouvais accorder un sens à ce mal viral invisible qui avait envahi la planète, les médias et aussi bien sûr les hôpitaux. Oui, accorder un sens à tout cela. J’avais traversé un brouillard et je recommençais à voir clair. Après dix jours, mon corps avait identifié les coupables, il avait produit et saurait produire les anticorps qui feraient désormais barrière aux prochains assaillants semblables à celui qui m’avait sournoisement laminé. C’est le principe d’un « vaccin » qui consiste à «enseigner» la fiche signalétique d’un virus agresseur ou tel ou tel parasite microscopique afin que l’organisme et notre système immunitaire réagisse vite en cas de prochaine tentative d’effraction .
Donc il y a un an, je croyais que, puisque j’étais guéri, le monde était guéri.
Mais c’était sans compter sur la force du vent. On était tous pris dans une tempête de sable, désorientés…
Un an après, on a écouté hier soir l’allocution confuse d’un Président égal à lui-même, toujours fringuant et sûr de lui, toujours en guerre contre tout et rien à la fois, un discours aussi ferme qu’inconsistant qui nous replonge dans les affres d’un confinement qui n’en est pas un, comme une réponse qui n’en n’est pas une, quand « tout est arrêté mais que tout est en marche », quand « rien ne va plus mais que les jeux ne sont pas faits », quand « Eh, qu’est-ce que vous feriez à ma place, mais que vous n’y êtes pas », quand « la politique c’est comme le foot ça se joue sur le terrain, pas dans les bistros» d’autant qu’ils sont fermés, comme les théâtre, les cinémas et les lieux de vie.
Le résultat est là, une année morte.
Un an perdu. Un an de merde et de tristesse, un an de projets avortés, un an de frustrations, un an « d’efforts civiques » et d’exercices physiques sur place, un an de consommation d’alcool et d’augmentation pondérale…
Après un an pile poil, toujours rien qui repousse sur le crâne des cantatrices chauves. On est toujours au fond de la mine dans les galeries effondrées, sans espoir de revoir la surface.
Le temps passe, et nous sommes isolés en télétravail obligatoire. Le temps, oui comme le courant qui s’écoule. On est accroché comme des hameçons aux algues, au fond de l’eau. Quelques poissons profitent des crues pour sortir de leur lit, (je parle de celui de la rivière), d’autres tentent des sorties suicidaires et se jettent sur les berges pour faire rigoler leurs copains, mais ils se font vite rembarrer par les gardiens de l’ordre et l’opinion publique scandalisée, qui les ramassent dans leurs filets et leur collent des amendes pour entrave aux bonnes «morts dans l’âme».
Bref il y a un an, oui je croyais avoir passé le cap de Bonne Espérance mais les concerts continuent de s’annuler « de façon préventive », les musées sont toujours clos et désormais, c’est officiel, on ne peut même plus « aller visiter des amis».
– Non, arrête c’est une blague, tu dis ça parce qu’on est le premier Avril…
– Si seulement…
Après le succès du premier diffusé Jeudi dernier avec la merveilleuse intervention de Yamée et de Nico Mingo, on fera prochainement un autre « CHARLELIvE on line », mini concert en ligne. Histoire de garder la main. On peut quand même pas nous interdire de nous voir entre frères… Alors le prochain invité sera TOM NOVEMBRE…
CharlElie COUTURE.
1er Avril 2021