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Confesse Book

56 – Routine d’août

Comme si chaque journée suivait le même parcours, comme les gens, les journées qui se ressemblent, s’assemblent, ou presque…

En cette fin d’Août, j’emploie mon temps de façon routinière. Aujourd’hui comme hier, tous les jours, je monte dans le wagon, comme  si j’avais une place réservée dans l’omnibus du traintrain quotidien.

Et en plus il fait délicieusement beau.  Ciel bleu, température idéale… C’est plutôt confortable de ne pas s’interroger sur ce que l’on va faire, juste le faire (comme l’acier) parce qu’on doit le fer (avant que ça rouille).

Réveil  5h45.

D’abord Wake up. Les yeux mi-clos se faire surprendre par l’aléatoire. Facebooking pendant une demi-heure.

Ensuite, enfiler short et tee shirt, descendre dans la rue, et de 7 heures moins le quart à 8 h, « physix ». Marcher/courir à Central Park … Courir et « mettre un pied d’vant l’autre, et recommencer »  comme dit la chanson. En général à cette heure (7 heures), il y a déjà du monde dans les allées. Pas seulement des touristes hagards en plein jet lag, pas seulement des promeneurs de chiens, pas seulement des fêtards en after ou des homeless sur des bancs, mais aussi des gens habillés en couleurs fluos, toutes sortes de gens qui se forcent à se mettre en mouvement, le visage concentré sur leur effort, courant avec entêtement et courage, pour le plaisir ou pour gagner des courses, pour eux-mêmes ou pour être mieux dans le peau, par devoir ou par défi, contre la montre ou contre la mort. Retour home.

De 8.00 à 9,30 lecture de livres.

En ce moment : « La vie a deux ou presque » de Raphaël Fejtö, « les jardins à l’Algérienne » d’Albert Labbouz,  ou encore « L’histoire d’Ouradour n’est pas finie » de Regis Le Sommier » Trois bons livres, trois styles, aussi trois manières d’envisager l’écriture.

Puis faire du piano de 9h45 à 10.30. Gammes, arpèges, impros et morceaux pour me dérouiller les phalanges.

Ensuite je prends ma bicyclette pour aller à l’atelier/ RE-Gallery sur la 36th. Depuis quelques mois, je suis invariablement le même itinéraire. J’en connais chaque bosse, chaque trou dans le macadam, et pourtant chaque jour est différent.

Sur la 39th st, je salue « Junior » que je croise au même spot sur la chaussée. Qu’il pleuve, vente ou neige, un drapeau orange fluo à la main, il est au même poste, indiquant aux voitures qu’il y a des places libres dans le parking qui l’emploie. A force, on a fini par se saluer, et le pouce levé, on se dit « have a good day »…

La peinture demande un engagement physique répétitif. Je sais qu’il me faudra déjà bientôt rentrer en France pour la promo de l’album. Je n’ai pas le temps d‘engager de « grands travaux » aux murs, alors je dessine plus que je ne peins. Plus précisément, je prépare un jeu de cartes…  Si quelqu’un entre, je m’interromps, et puis j’y retourne. Ainsi toute la journée. Je ne m’arrête pas à midi car à 13,00 on me livre un plateau-repas aux quantités exactes que la diététicienne m’a recommandé.

Et le temps passe comme ça,  de 11.00 à 20.30, jusqu’à descendre le rideau de fer dans un bruit de « Deschiens ».

Ensuite soit je rentre, soit je sors… jusqu’à 23h.

Si j’ai choisi de rentrer, je joue de la guitare en regardant du Baseball. Le sport des autres me vide la cervelle. Comme si ça se passait sans moi. Je veux dire, que je suis présent devant l’écran et absent à la fois. Hier, j’ai zappé: regardé une émission historique assez déprimante sur le « no man’s land » cet endroit situé autour de Boise City dans l’Oklahoma, dans ce rectangle à la jonction entre le nord du Texas, le Kansas, le Colorado et le New Mexico. Le documentaire noir et blanc racontait ce que vécurent les fermiers au moment des grandes sécheresses, et de la crise économique et les orages de poussières dans les années 30. Quelque chose de terrible…

Vers 23h, je m’alite.

Le corps à plat, faisant glisser les éléments du monde du bout du doigt sur ma tablette plane, je lis les actus. En fait quand j’étais gamin, j’aimais bien lire le dictionnaire avant de m’endormir, aujourd’hui je regarde ce qu’on m’a conseillé ou je « googueule » des biographies, je cherche des infos sur le devenir de untel, « tiens, qu’est ce qu’il devient ? », c’est là que j’apprends une mini polémique autour des engagements politiques de Biolay. Bref,

vers minuit / une heure j’atteins le moment d’éteindre.

Et ça repart le lendemain,

à l’identique,

Ou presque…

 

® CharlElie – New York – Août 2014