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Confesse Book

456 – « New York Memories »

La Peinture, demande beaucoup d’énergie, la Musique se fait dans le partage/addition des talents et des savoir-faire mais, puisque pour les raisons que l’on sait (et d’autres que l’on ne sait pas…), il se trouve que les échanges physiques m’ont été interdits ces deux derniers mois, alors c’est par le téléphone que je me rencarde pour prendre des nouvelles de mes amis :
– Et toi qu’est-ce que tu deviens ?
C’est souvent la même réponse :
– Ben, euh, pas grand chose…
Le paysage culturel est balayé par un blizzard qui stimule peut-être les plateformes et diffuseurs de produits de masse, mais qui frigorifie la création individuelle et les petites structures. Concerts annulés, expos ou tournages au mieux « reportés ». – Je précise néanmoins que mon concert Salle Gaveau est pour l’heure, maintenu à Paris le samedi 27 Mars et les billets toujours en vente-
Quand par chance, on arrive à mener une œuvre à son terme et que, télétravail et distanciation sociale obligent, on a la chance d’avoir des attachés de presse ou un service de com, ceux-ci sont contraints de bosser à distance. Aussi le développement est devenu particulièrement difficile. Combien d’albums, de spectacles, ou de livres sortis façon pétards mouillés. Et ce sont des mois, parfois des années de préparation et d’espoirs ruinés, anéantis….
Heureusement que, pour ma part, il me reste l’Écriture qui me permet de m’échapper comme la Lecture en fait voyager d’autres.
Enfermé, contraint en confinement, j’ai beaucoup écrit depuis un an. Quelques poèmes certes, mais pas seulement. J’ai aussi relu mes carnets de notes américaines, celles que j’avais prises quand j’y habitais à plein temps. J’y ai remis un peu d’ordre et précisé la forme. Le résultat sortira la semaine prochaine au Cherche-Midi sous le titre « New York Memories ». Dans ce livre je reviens sur les quinze années passées sur Big Apple à travers une quarantaine de nouvelles et chroniques. Ça va des souvenirs intimes fébriles de mon installation, jusqu’aux raisons qui ont motivé mon retour, ça va de petites anecdotes typiquement New Yorkaises comme une traversée épique de Central Park la nuit comme un film d’horreur jusqu’au crime auquel j’ai assisté… Dans cette ville fascinante, gigantesque, tournant sur elle-même comme une toupie dans un mouvement perpétuel, les espoirs s’envolent en volutes ou se respirent comme des poussières carboniques et résidus de combustion. New York est une « villusion » où l’on veut croire que tout est possible, elle est aussi un révélateur de nos fantasmes.
J’y ai tenu une galerie un peu particulière et fait des rencontres inoubliables avec des personnalités venues de tous azimuts. Sans y avoir fait fortune, j’ai pu y vivre en vendant mes œuvres (peintures, dessins ou photos), chose qui m’aurait été impossible ailleurs.
Pour le meilleur et pour le pire, à l’opposé de la routine, souvent border line, en limite de rupture, j’ai admis l’idée que deux jours qui se suivent ne se ressemblent pas et qu’on se doit d’aller chercher soi-même ce dont on à besoin…
J’ai vu la ville se reconstruire après l’effondrement des tours, et puis se transformer pour être aujourd’hui après les quatre années de fracas et de déchirements internes initiés par celui qui est arrivé à « diviser pour régner», une ville-kaléidoscope, toujours prête à se réinventer…
CharlElie COUTURE

Janvier 2021