Danser, oui danser sans penser ni à mal, ni à bien, danser et faire le plein de vide. Oui. Qui qu’ils soient, même si cette musique-là ne ressemble pas plus à celle que j’écoute qu’ils n’écoutent pas eux, celle qui m’émeut, néanmoins je pense que si j’avais eu leur âge, c’est bien là que j’aurais voulu être ce soir-là.
Parfois, pour retrouver ses esprits, il faut juste que ça sorte, toute cette énergie ensevelie pour rien, le trop-plein qui déborde, toutes ces envies frustrées qui implosent en nous… Toutes ces semaines gâchées, ces fêtes à moitié, ces tristesses qu’on garde, ces projets avortés qui nous enfoncent en nous-mêmes, ces promesses non tenues qui nous rendent amers, jaloux, médisants ou simplement neutres. C’est la cata, la cataracte qui nous aveugle. Les adultes ont appris les ordres, c’est bien, ils sont sages. Comme des bonnes pâtes bien cuites qui gonflent dans le moule de la société. Ils se chicanent ou s’injurient sur Facebook, mais au fond leur rébellion tient dans quelques émoticons. Résignés, soumis aux lois du confort trop rangés pour sortir du rang, trop dociles pour exprimer leur mécontentement. Ils se taisent ou ils vocifèrent devant leurs écrans, ou bien ils zappent quand un officiel énonce au micro un énième renversement de situation qui les plonge dans la contrition.
Nos envies, nos passions se meurent. Elles s’estompent ou s’interrompent dans l’œuf avant d’avoir pu naître, parce que nous sommes adultes, on ne fait rien. On laisse faire.
Eux, ils expriment leur désarroi, leur désenchantement, leur manque d’espoir non pas en cassant des mobiliers urbains ou en brûlant des voitures, mais en dansant, en se secouant au tempo des boomers à 140 bpm. Mais ça c’est inadmissible pour ceux qui se la jouent princiers dans les ors de la République. Alors afin d’éviter toute tentation de prosélytisme, on envoie la force de répression d’Etat qui s’en donne à cœur joie parce que s’ils sont sûrement indisciplinés, ces adversaires-là ne sont pourtant pas au fond bien méchants.
Ça fait maintenant dix mois que ça dure. Peut-être qu’au départ les mesures furent prises dans l’idée d’un intérêt général, et on a vécu le premier confinement avec une certaine « philosophie » en tentant de positiver coûte que coûte, et puis c’était le printemps. Mais depuis, que s’est il passé?
Au fond pas grand chose, et l’on se retrouve noyés dans une gadoue de bons sentiments, et l’on patauge dans cette mélasse sécuritaire/sanitaire.
La peur est là, comme le pire des dangers quand la raison n’arrive même plus à reprendre le dessus.
Et les jeunes jouent au badminton avec des masques sur le visage et les cyclistes, les « trotinettistes » ou les livreurs deliveroo gardent le masque sous leur casque sans même plus se poser la question de l’utilité ou pas.
On ne réfléchit plus, on ne remet rien en question.
On a dit que le virus mutait alors on ne lutte plus.. C’est comme ça, et tant pis si ça ne sert à rien. Et maintenant on commence à entendre parler d’un nouveau virus venu d’Afrique, et les restaurants n’ouvriront pas le 20 Janvier, pas plus que les théâtres, les cinémas ou les salles de spectacle, et tous le monde devrait se faire vacciner, et certains suggèrent d’imposer le vaccin…
Bref, on nous en a trop dit, personne n’y voit plus clair, c’est la cata, la cataracte catastrophiste qui nous aveugle.
Trop d’infos tuent l’info. Trop de mensonges à répétition, on aurait juste besoin de prendre un peu de recul,
et c’est ce que ces jeunes là ont fait!
CharlElie Couture