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Confesse Book

54 – Franchouillard

Franchement, depuis que j’habite à New York, tout Frenchman que je sois, je ne comprends pas pourquoi les Français utilisent pour un oui pour un non, le mot « franchouillard » pour parler d’eux-mêmes ? J’ai entendu cet adjectif utilisé à maintes reprises lors des commentaires du Tour de France, je le lis régulièrement dans la presse, et je m’interroge. Oui, je sais bien que c’est de l’ironie, et j’entends qu’il y a dans le mot « franchouillard » quelque chose de sympathique, mais à quoi sert cette ironie? On a l’impression que c’est une manière de se dédouaner, se disculper de quelque chose, comme s’il fallait se désolidariser de ceux qui sont fiers de leurs références et vantent les qualités et mérites de leur terroir.
Un peu d’autodérision n’a jamais fait de mal à personne, dit-on; oui, mais bon, est-ce que le sarcasme fait tant de bien que ça ? C’est aussi en France qu’on avale le plus d’antidépresseurs. Est-ce « franchouillard » de faire de l’autodérision?
Doit-on s’excuser de quelque chose ?
Doit-on laisser les extrémistes exacerbés utiliser seuls le concept de la Nation?

Pour info, Nicolas Chauvin n’a jamais existé. Ce grognard de l’Empire qui a inspiré le mot « chauvinisme » est un pur concept créé au XIXème siècle. Teinté d’une forte connotation péjorative, on pense qu’il fut inventé par des pacifistes à l’encontre des va-t’en guerre fanatiques. Par extension, il définit les protectionnistes et xénophobes. Quand au terme « cocardier » il définit plutôt les esprits étroits qui ont une propension à chercher la bagarre, puisqu’il fait référence à la cocarde que portent les taureaux choisis pour combattre ; c’est vrai que certains d’entre nous sont de vrais « taureaux »…
Cette parenthèse étymologique mise à part, le danger quand on refuse d’appartenir à un groupe, c’est de se retrouver isolé, et ce détachement n’est pas exactement le commandement des mousquetaires que je sache : tous pour un, un pour tous…

Quand on voit comment la faillite des systèmes plonge le monde dans le chaos actuellement, même s’il y a bien sûr des cons parmi les patriotes, je crois qu’il est important de serrer les rangs, sans tirer à la sarbacane dans le dos de ses « com-patriotes ».
Nous sommes tous des êtres uniques avec un code génétique singulier et pourtant nous sommes aussi tous semblables avec nos 23 chromosomes. « Bons » gènes ou « mauvais » gènes, quand y a d’ la gêne dans l’éthique, y a pas de plaisir….

Bref, à New York, au milieu de cette foule bigarrée venue des quatre coins de la planète chacun apprend à assumer ce qu’il est. Bon goût, mauvais goût peu importe, ce n’est pas dans le détail mais sur l’ensemble que se définit une communauté.
Qui qu’on soit, il n’y a aucune raison d’avoir honte d’être ce que l’on est.

Apprécier ce que font les Français, et défendre le « made in France », ce n’est pas être « Franchouillard »!

® CharlElie – Aout 2014