Depuis des jours le vent faisait bouger les feuilles et ça frétillait dans les ministères. La valse des propositions à trois temps, dans les bureaux de postes à pourvoir. On promettait une tempête, mais c’est juste un courant d’air qui fait s’envoler des dossiers par les fenêtres (…), d’autres passent au broyeur (à l’intérieur) tandis qu’au fond du grand trou béant dans lequel ils survivent depuis une décennie, ceux de la Culture écouteront de l’Opéra puisque leur destinée est désormais jumelée aux humeurs ministérielles dont la nouvelle et médiatique ministre de tutelle est friande, (personnage un peu fantasque qui ressemble elle-même à une cantatrice et qui ne saurait pas être pire que le serviteur inutile qui l’a précédé). Bref, le vent est retombé.
Je regarde le ciel. Le temps passe. De plus en plus souvent, je lève les yeux vers le ciel. Sur la balancelle je m’abandonne au mouvement lent des nuages en évolution. Depuis la nuit des temps, l’Être que nous sommes a voulu se confondre à l’azur, s’extraire du pesant des choses et s’élever par la pensée.
Avant je n’y faisais pas attention, je laissais le ciel aux rêveurs, dans l’immatériel de l’espace. Moi je préférais regarder la Terre et sa Nature enracinée que je comprenais moins bien que l’œuvre de l’Homme dont je partageais les efforts.
Sauf que ledit Homme que nous sommes, n’y est pas allé de main morte. Abusant de son pouvoir, il est allé trop loin, si loin qu’il n’est pas près de revenir, à tel point que même l’horizon ne fait plus rêver. Souvent les voyages en avion polluant n’ont pour seule finalité que de permettre aux vacanciers des pays riches de faire des économies en allant vers un ailleurs moins cher, sous entendu: « Allez profiter des pauvres, ils ne demandent que ça!»
Mais la Terre aujourd’hui c’est autre chose que des jardins suspendus à flan de montage, à perte de vue des champs cultivés par une industrie agricole utilisant des méga-machines programmées monstrueusement puissantes, les arbres déracinés en quelques secondes, sciés ou simplement arrachés au sol, et des animaux zigouillés en masse dans les abattoirs pour nous gaver de chair, ou tués dans leur environnement pour le plaisir des bataillons de chasseurs armés jusqu’aux dents persuadés qu’ils sont des « régulateurs »… (Nous sommes au début de l’été, le matin comme le soir, depuis des mois j’entends par ma fenêtre les coups de fusil … Pendant le rut et les chaleurs et maintenant en été mais qu’est ce qui se passe ? Y a-t il tant de … nuisibles?
Convaincus par les prêtres de la dangerosité de la chose terrestre aux dépends de l’Esprit, on a voulu soumettre la Nature. Aujourd’hui pris à notre propre piège, on ne sait plus faire la part des choses…
Pourquoi continuer d’imposer aux innocents immunisés ces gestes-barrière aussi incohérents que le port d’un masque dont l’inutilité est prouvée (quand on n’est pas malade)? Quand donc finira cette hystérie collective, cette « mascarade » tragi-comique? À qui profite la paranoïa de cette société en plein burn-out?
Même pas prémédité, une succession d’illogismes, un cercle se voulant vertueux, mais en fait un cercle vicié, asexué et désaxé.
Pour justifier leur statut les instances dirigeantes adoptent des postures du genre :
– Vous êtes là grâce à nous qui sommes les garants de votre sécurité!
Comment en est t-on arrivé à croire qu’on peut faire des lois pour interdire les virus ? Pourquoi ne pas interdire la pluie, la neige, le verglas ou la brume ? Ça me rappelle les manifs prophétiques et dadaïstes du mouvement « Jalons » dans les années 1980, descendu dans la rue pour lutter « contre le froid ». Sauf que c’était de l’humour, alors qu’aujourd’hui c’est sérieux…
Ce goût pour la prudence me rend fou. Comment sortira t-on de cette crise imbécile ? Ce concasseur de la pensée qui nous transforme en poussière. Tous coincés, l’âme meurtrie dans un cul-de-sac
sans sourire…
Loup, y es tu ? M’entends tu ? Bien sûr que non il n’est plus là !
Mais bien sûr qu’il reviendra, comme le furet au bois mesdames, inexorable, et si ce n’est lui c’est donc son frère.
Oui il reviendra et alors … « Restez chez vous disaient les drones téléguidés » allons nous être confinés en cluster au premier raclement de gorge ou à la premier toux d’un voyageur ?
Même quand le « danger » est écarté, on continue de nous interdire la vie et l’usage des lieux publics, et freiner les plaisirs partagés en commun, (concerts, théâtres, cinéma, ou les épreuves sportives), pour faire de nous quoi? des veaux avachis devant l’écran des téléviseurs diffuseurs de publicités incitant à la consommation?
Alors je lève les yeux au ciel
En priant pour qu’il nous libère l’esprit.
Les chiens aboient au loin, le vent est tombé.
Je regarde le ciel, un verre à la main,
Je regarde le ciel.
CharlElie
Juillet 2020