Menu

Confesse Book

384 – Dans la gadoue

Dans la gadoue jusqu’aux genoux comme un troupeau d’hippopotames dans un marigot, nous sommes contraints d’attendre encore la libération du 11 Mai tout en respectant des distances-de-sécurité-et-de-prudence-sanitaires sociales-dans-l’intérêt-collectif, autrement nommés « gestes-barrière » et tout un baratin de com à la con ayant diffusé à outrance le principe du « porteur sain ».

C’était à prévoir, à force de décisions qui n’en sont pas, on se retrouve enlisés dans des nouvelles lois ubuesques, empêtrés dans les termes imprécis d’un dé-confinement complexe.( et faisant de ceux qui ne portent pas le masque des êtres abjectes, menaçants, des criminels potentiels…) Seuls dans notre assiette, jour après jour, on surnage comme des bonnes pâtes dans une soupe de mots chassieux. Déconfis comme des fruits flasques dans le sucre d’une histoire en pleine déconfiture. Si l’utilité de ce confinement est loin d’être démontrée, il est quoi qu’il en soit désormais encore plus absurde que le fameux « pic » tant espéré a été atteint depuis plusieurs semaines.

À tête reposée, on peut commencer à faire le bilan et apprendre ainsi que ce virus n’était finalement pas plus méchant que de nombreux autres, (moins mortel même que celui entre autres de la grippe de 2017, dont on avait peu entendu parler). Ainsi COVID19 disparaîtra comme il était venu sans qu’on sache pourquoi. Les épidémiologistes et virologues connaissent les séquences de chiffres : un virus passe et trépasse en dessinant une cloche. La forme de la courbe est toujours la même, sans qu’on sache non plus pourquoi. Depuis deux mois on marche sur la tête. La peur a eu raison de l’intelligence, car la peur est incontrôlable. Tapie en chacun de nous, la peur est un démon. Elle envoûte notre raison. Comme une maîtresse voluptueuse, elle maîtrise de notre logique, qui s’organise dés lors en fonction de ce que suggère ladite ingénue. Inventer des réponses pour la satisfaire. Cette histoire de « deuxième vague » d’épidémie est éloquente car il s’agit d’une ineptie médicale, une supputation angoissante de scénariste, totalement dénuée de fondement scientifique…

Si on se base sur le Charles de Gaulle: 1760 marins, 1046 testés positifs, 24 marins à l’hôpital, une dizaine sous oxygénothérapie, dix en observation et deux en réa….

On s’est retrouvé dans un tunnel. Du matin au soir, un seul sujet de conversation, un seul! Plus question de questions, il fallait des réponses. Comme des animaux dressés sous le fouet des dompteurs dans l’arène du Coronavirus. Merveilleusement orchestrée, mise en spectacle, cette peur a transformé les êtres les plus lucides, les plus sensés en déments paniqués, convaincus de l’Apocalypse.

Nous sommes une civilisation à la fois incroyablement arrogante, positiviste à pleurer, sûre d’elle-même et de son potentiel technologique, et pourtant toute aussi inquiète, déconnectée de la réalité. Des pays « trop » riches, habités par des trouillards qui ont pris le pouvoir (et qui ne veulent pas le lâcher). Il est intéressant de noter que c’est dans l’opulent Occident qu’il y a eu le plus de morts, pourquoi? Parce qu’à la différence des pays pauvres qui n’avaient pas le choix, les dirigeants des pays riches, peut-être dans l’espoir de découvrir une nouvelle molécule qui profiterait aux laboratoires, ont décidé de NE PAS soigner les malades! Un comble pour les disciples d’Hippocrate, isn’t it !

Pourquoi y a t-il eu moins de cas à Marseille qu’ailleurs ? Parce qu’ils ont été soignés.

Après plusieurs jours d’une méchante rage de dents n’y tenant plus, j’ai pris contact via internet avec un praticien dont le cabinet était fermé par obligation mais qui a néanmoins accepté de me recevoir en toute confidentialité. Je suis allé en ville pour la première fois depuis six semaines. Le dentiste est venu spécialement, je l’en remercie au passage. Il m’a prescrit ce qu’il fallait pour me soulager et il est reparti aussitôt en me disant qu’il me recontacterait quand les directives officielles l’auront informé de ce qu’il peut ou ne peut pas faire…

Il faisait beau, soleil radieux. Peu de voitures certaines conduites par des supra débiles avec des masques au volant (déjà le masque ne concerne que les malades, indoor, seul ça n’a aucun sens), mais bon, les gens font ce qu’ils veulent après tout, s’ils veulent mettre des nez rouges et des chapeaux de clown c’est leur affaire. Je suis donc allé à la pharmacie acheter le traitement. La queue dehors, un mètre de distance, ça n’en finissait pas. À croire que les gens faisaient des provisions de médicaments, le mec devant moi est reparti avec deux sacs pleins, comme ceux qui achètent dix paquets de farine. La peur de manquer, une autre peur d’écureuil. Une vieille dame est entrée. Elle s’est assise sur une chaise. Un peu naïvement, elle a demandé à la pharmacienne si elle pensait que ça allait durer encore longtemps ? Celle-ci était habillée des pieds à la tête, pantoufles sur-chausse, gants en latex qu’elle nettoyait au gel après avoir touché le moindre truc, charlotte bonnet de bain sur la tête, masque devant la bouche plus bouclier plexi, l’air aussi abattu que gravement concernée, elle a répondu à la vieille dame : « Oh, ça ne fait que commencer ! Vous savez c’est pas prêt d’être fini ! Il faut vous faire une raison.» Raison mais quelle raison? Nonobstant l’absurdité assumée de son déguisement grotesque dans sa voix, on pouvait entendre la joie que dis-je l’ascendance autoritaire des armuriers en période de conflit. Ceux qui ont les armes pour combattre l’ennemi. J’étais dans un arsenal dans cette officine, j’avais en face de moi l’officier dont le rôle n’a de sens que s’il y a la guerre.

C’est une lutte fratricide, une lutte quasi religieuse. Il s’agit de foi, on y croit ou pas. Le fameux argument par l’absurde « puisque tu ne peux pas démontrer que Dieu n’existe pas, c’est donc qu’il peut exister ». Et même si la démonstration est faite, même si on a pu répondre à toutes les questions, même acculé à l’évidence, quand on ne veut pas entendre, on reste sourd et l’on suggère que l’autre a menti. D’un côté une partie de la France se complaît dans le drame, tandis que l’autre partie pleure devant l’inepte de la situation. Y a plus qu’à laisser le ciel se couvrir ou laisser revenir le beau temps. Ça va passer, mais le COVID laissera des séquelles dans la conscience, en attendant on patauge dans l’incertitude des indécisions… Même si d’un point de vue égoïste, je ne m’en plains pas, car je suis près des miens, néanmoins, il aurait fallu choisir de sortir du confinement entièrement et sans restriction aujourd’hui 4 Mai !

Au fond une fois encore, l’adversaire dangereux que nous avons le plus à craindre est en nous-mêmes.

CharlElie Couture

 

4 mai 2020