Vivre au fil du temps qui file, sans autre référence que celle des nuages qui passent derrière la fenêtre, dans le même décor, le même paysage. Les nuits qui se ressemblent et les matins encore. S’habituer à tuer le temps, sans pitié, l’écornifler, le détourner, sans objectif, sans échéance. Une contrainte certes, pour le moins déstabilisante, mais cet enfermement est aussi une chance. Pour ma part, je n’ai jamais passé autant de temps avec mes filles. D’habitude, elles disparaissent vite, là, je les observe comme je n’ai jamais pu le faire.
Nous sommes en intérieur, et l’intérieur, je connais, je ne m’y ennuie jamais. Depuis que j’ai gagné la guerre, guéri du Covid19, j’ai retrouvé le son de ma voix, et mon énergie.
Dans mon atelier, après l’avoir relu, j’ai établi un dialogue avec l’image de Rimbaud. Qu’est-ce que la modernité ? Je scrute les quelques photos (cinq ou six clichés qu’on connaît de lui), j’y vois la passion de l’indépendance, la liberté et la tension dans un regard adolescent universel épris de voyages.
J’ai aussi commencé une série de cent dessins sur papier, des dessins « confinés» que j’enverrai par la poste…
Trouver une issue au tunnel de la peur qui nous obsède. Rallumer les torches et les lampes à acétylène sur nos casques de mineur dans les galeries de l’espoir… Ça se fera, mais c’est pas pour demain! Avec ses mimiques aseptisées de bon élève/mauvais comédien, le bel Emmanuel nous en a remis pour quatre semaines. Mais pourquoi donc ? Auto-satisfait, on le sentait jouir de se savoir regardé par 37 millions de spectateurs.
À l’échelle mondiale, la gestion de cette crise sanitaire est une improvisation. À ce jeu-là, les Allemands semblent les plus intelligents/organisés. Les Français pataugent comme des amateurs dans un camp de survie, ne sachant plus comment s’extraire de cette lise de déclarations, discours, pathos et baratin dans laquelle ils se font fourrés. Potions empoisonnées et promesses improbables, beaucoup de questions restent en suspend, mais on a bien compris que, si le Gouvernement accordera des avantages fiscaux et retard dans les échéances, en revanche les petites entreprises et les moineaux des professions libérales devront attendre pas mal de temps avant qu’on ne leur jette des miettes.
Si intelligents qu’ils soient, une fois élus, les hommes politiques perdent la raison (exception faite du déficient mental Américain qui fut élu par ses semblables, justement parce qu’il était débile…) Entraînés comme des poussières dans les vents nauséabonds du Pouvoir, les élus s’envolent dans les tourbillons ! Protégés, intouchables, ils perdent le sens de la réalité. On les entend mentir en prenant des poses affligées, maniant l’alibi des grands sentiments et les faux mea culpa. Pourquoi chercher à se justifier ? Les communicants sont dépassés par les événements, et les contradicteurs sont cloîtrés chez eux.
Dans les hôpitaux, les réanimateurs sont à l’épreuve, mais en dehors de ces services saturés, les autres secteurs (cardiologie, urologie, neurologie, chirurgie réparatrice ou viscérale, allergologie, dentisterie, hémato, rhumato ou soins palliatifs), tous les services ont été épurés et les interventions ajournées pour laisser de la place et du coup, beaucoup de services tournent au ralenti, et les chambres sont vides…
Mais bon, ça y est, c’est bon, la quarantaine est passée, le pic de l’irréversible a été et atteint aux alentours du 1er Avril… On le sait, et pourtant dans le castelet de la télé, les marionnettes continuent à secouer des draps en guise de fantôme de la peur, lançant des volées de chiffres auxquels plus personne ne croit.
Plutôt que les tests de détection qui remettraient tout en place, on préfère continuer à attendre les deux milliards de masques en papier qui arriveront comme une boîte de préservatifs au moment de l’accouchement. (Entre parenthèses, cette commande démesurée me rappelle le fiasco des 94 millions de doses de vaccins H1N1 en 2009 commandés par la ministre-pharmacienne Roselyne Bachelot et qui ont coûté 382,7 millions d’euros à l’Etat français (selon la Cour des Comptes, le coût unitaire de la dose de vaccin fut évalué à 113 euros…) En sera t-il de même pour les masques et pour justifier cette commande aussi tardive que délirante, va t-on contraindre tout un chacun à en porter en toute circonstance dans les transports ? Et puis quoi ?
Interdire le lien social et la joie des rencontres, sportives, cinéma/théâtre, restau, fêtes et festivals tout annuler jusqu’à la mi-Juillet (et même les enterrements à huis clos… !) Mon dieu ! Une torture dont l’efficacité est loin d’être prouvée. Juste faire mal pour faire savoir qu’on est au Pouvoir, En d’autres circonstances on parlerait de méchanceté voire de sadisme.
Comme un numéro de magie sans spectateurs, le Christ a une fois de plus ressuscité, sorti à Pâques de son confinement mortel urbi et orbi, pour voir quoi ?
Pessah pareil s’est passé dans l’indifférence… Moïse a une fois de plus traversé son bras de mer, fuyant l’Egypte, arrivé de l’autre côté, s’en suivirent quarante ans d’errance dans le désert.
Quand on fera objectivement le bilan, on peut penser que les conséquences de cette crise sanitaire seront aussi terribles… Et pourtant à certaines heures, c’est tellement bon de retrouver le confinement intime de sa coquille comme des mollusques embusqués, des gastéropodes écoutant de la musique, des escargots embarqués sur un cargo, attendant la première occasion au cours de la prochaine escale pour se faire la malle au fond du jardin …
CharlElie
16 Avril