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Confesse Book

366 – Le virus est dans l’air.

Le virus est dans l’air. Si petit, invisible. Le virus pénètre les esprits bien avant d’asphyxier les poumons. Mais attention, le Corona n’est qu’un parmi tous les virus qu’il y a dans l’air. Un seul parmi ceux qu’on se transmet involontairement les uns les autres. Tous les jours, on se refile des trucs… On ne le sait pas, on ne le voit pas, on ne le sent pas, mais tous les jours notre organisme lutte contre les agressions extérieures plus ou moins identifiées, il y en a tellement. Tous les jours notre organisme chasse les bactéries, les microbes et autres intrus. Quand on est en forme, notre métabolisme se façonne une armure, il se construit une barrière d’anticorps, des costauds qui tels des divisions de gendarmes mobiles agissant au service de notre santé, détruisent les infâmes qui veulent s’implanter en nous. Pourtant soit parce qu’on est fatigué, soit parce qu’on est âgé ou déjà malade, il arrive que les anticorps soient dépassés par les événements. Alors le bouclier n’est plus aussi efficace. En manque d’effectifs, ou parce que l’agression est perfide ou parce qu’ils mettent trop de temps à la repérer pour se concentrer sur eux, alors les black blocs aliens en profitent pour se développer on appelle ça une infection. Alors on fait appel à des contingents commandos d’antibiotiques déboulant à moto dopés comme des flics illuminés, et on en est quitte pour une « saison en enfer », ou quelques jours au lit, le temps que l’esprit sain et le corps reprennent le dessus.
Cette histoire de virus n’est pas nouvelle. Ainsi l’ Humanité a survécu depuis des milliers d’années. Car il y a heureusement une faille : si les virus sont malins, ils ne résistent par à la chaleur. La fièvre est une ultime défense de l’organisme. Avoir 38 de fièvre, c’est comme choisir le 49.3 pour résoudre un problème de manière radicale. (Comme dirait McGuiver, quand on sent qu’on est mal en point, au départ, rien de plus efficace que de se prendre des douches très chaudes ou à défaut , boire de l’eau chaude…) – Euh d’accord dans un premier temps, Mac, mais après il se peut aussi que ça ne suffise pas, auquel cas les médications prescrites par les « sorciers », rebouteux ou dignes médecins de famille sont les bienvenues…-
Mais voilà, bon, dans le scénario du Corona Covid 19, il y a deux facteurs nouveaux : d’une part on voyage beaucoup, beaucoup plus et très vite, de l’autre la nécessité d’occuper le temps d’antenne des médias avec des sujets super angoissants et qui concernent tout le monde. Ces deux données changent la relation qu’on peut avoir avec son propre corps et la description des agresseurs « invisibles ».

Pour se rassurer la société s’auto-persuade qu’elle maîtrise la situation. Le propre des civilisations dites « organisées » par la raison, les chiffres et les statistiques est de nous faire croire qu’on sait tout. Quand une panique comme celle d’aujourd’hui se déclenche, les politiciens dont c’est le métier de gérer les mouvements, les fluides d’une société en magma, en remettent une couche dans le sens du drame, genre « ah vous voyez que vous avez besoin de nous! » et même si au début ils n’y croient pas, ils y trouvent un bon moyen de justifier leur statut, en se montrant utiles à peu de frais, prenant des arrêtés surréalistes pour « défendre la population », et même s’il le faut contre elle-même, tout cela à grand renfort de mouvements de bras et d’air abattu. Eux qui sont incapables de s’entendre pour mettre fin à des nuisances dangereuses reconnues (pollutions industrielles, engrais chimiques, réchauffement climatique, production et surconsommation d’énergies fossiles, contrôle des matières premières, usage surabondant des matières plastiques, et disproportion des richesses,ou invasion de criquets en Afrique de l’Est, etc.) eux qui sont incapables de signer des accords à propos de ces choses clairement identifiées, s’unissent soudain dans la nécessité de combattre par tous les moyens, un danger invisible.
J’étais à table à Houston, avant ce concert que j’avais été invité à faire sur une scène installée au Discovery Green, immanquablement au cours du déjeuner la question du CoronaVirus est apparue dans la conversation : « Est ce qu’il y aurait du monde le soir ? » « Est ce que les gens oseraient se déplacer ? » « Faut-il suggérer qu’ils portent tous des masques? » «Est ce qu’il ne faudrait pas mieux annuler toutes les manifestations publiques en urgence ? Et si on fermait les grandes surfaces, les gares les ports et aéroports ?» Et si, et si et le Messie… Les avis et analyses à l’emporte-pièce ressemblaient aux supputations des joueurs d’échecs : « Si je fais ça, il pourrait faire ça… Et si je prends son fou, il se vengera sur ma tour, mais si je lui prends ce pion, c’est le cavalier qui se trouve en danger etc. » Sous entendu rien n’est joué, mais tout est possible! Pourtant il faut se décider, et jouer, s’engager, oser. On y croit ou on n’y croit pas. J’ai interrompu le brouhaha et j’ai demandé à chacun ce qu’il en pensait. Ma question était simple : « En fonction de ce que vous savez aujourd’hui, croyez vous, en votre âme et conscience que ce virus soit dangereux? » Résultat si une « petite » majorité considérait au fond que le virus n’était PAS dangereux, pourtant les seuls qui refusèrent de répondre à la question binaire « Dangereux » ou « Pas dangereux », furent les trois diplomates, chargés de responsabilités politiques. « Oui mais, voyez vous , c’est délicat, on ne peut pas voir les choses comme ça… » « Disons que peut-être qu’il n’est pas dangereux aujourd’hui mais demain, qui sait ? » Comme on doit tourner à droite ou à gauche, j’ai répété ma question :« Dangereux » ou « Pas dangereux ? » « Mais enfin mon avis ne compte pas… Et que dira-t on s’il advient que ça se propage ? Je peux me tromper… etc. » Et malgré mon insistance, étaient-ils Américain, Français ou Canadien, impossible d’obtenir une réponse claire de part de ceux dont la fonction est pourtant de prendre des décisions. C’est tout dire.
Et ce sont eux qui font les lois..

Dans les aéroports, on repère immédiatement « Ceux Qui Portent le Masque » et « Ceux Qui Ne le Portent Pas ». Si clairement les voyageurs de la communauté asiatique se cachent derrière ce filtre à café pour le reste le nombre des autres voyageurs masqués variait selon qu’on était à Houston, à La Guardia, à JFK ou à Paris, question d’indépendance d’esprit…
Je plains les malades qui sont sous l’emprise du virus, heureusement mieux encore dans les pays où l’assistance médicale fait partie des priorités, la grande majorité des victimes se sortira sans encombres de cette pandémie. Pour cela aussi je fais plus confiance aux avis du corps médical qui connaît son sujet qu’en ceux du dé-cor à sensation journalistique.

On peut prendre toutes les mesures qu’on veut, mettre des villes en isolation absolue, des pays en quarantaine, interdire aux bateaux d’accoster, annuler les manifestations publiques, les réunions sportives, les concerts, et toutes les foires du monde, figer les usines, fermer les écoles, on peut montrer du doigt le milliard, trois cent millions de Chinois, on peut s’enfermer chez soi, se laver les mains dix neuf fois par jour, refuser de serrer la main de ses amis (ne plus jamais se faire la bise), on peut faire tout ça et plus encore…. Mais on ne m’enlèvera pas de l’idée que toutes ces mesures si drastiques qu’elles soient, ne sont que de la poudre aux yeux pour ébahir les spectateurs car dans les faits on ne peut pas capturer la fumée dans un filet à papillon…

À bientôt donc, tant que nos concerts ne sont pas annulés (vu qu’on joue dans des salles dont la capacité se trouve -et je m’en réjouis- sous de la barre des « mille » fatidique), et je serai sur scène avec le groupe cette semaine mardi soir à Lyon, puis à Roanne mercredi et enfin à Nancy samedi soir,
rien de tel que la musique pour se guérir des idées noires.

CharlElie COUTURE
Dim 8 Mars 2020