Il y a des gens pour qui rien n’est jamais simple. La vie de Raymond Thierry Liebling en est l’illustre illustration, tout un roman… Né en France (à Paris 12ème) d’une mère catholique et d’un père peintre, Raymond est emmené par ses parents à l’âge de trois ans dans le mauvais sens, à savoir vers l’Est (plus précisément Cracovie) à un moment de l’Histoire peu favorable à ceux de l’origine Juive de son père…
Toute sa vie Raymond va tenter d’échapper à son destin. Échapper à la déportation, (contrairement à ses parents et à sa sœur), s’échapper du ghetto, échapper à la mort par assassinat en plein « ventre » d’ Hollywood (contrairement à sa femme et 4 autres personnes poignardés à son domicile), échapper aux paparazzi, échapper aux affres de la dépression, échapper à la routine des pensées faciles, échapper aux évidences et points de vues consensuels, mais aussi échapper au juge Rittenband et aux tourments de haine, aux déluges de critiques, aux conspirations jalouses, aux huissiers, et enfin aux tombereaux de fumier déversés sur son nom.
À la fois adulé par les uns, et détesté par les autres, ce provocateur athée qui s’est plu toute sa vie à prendre le contrepied de ce qu’il « fallait » faire est aujourd’hui encore considéré comme un « fugitif » par Interpol. Bien que récompensé pour son savoir-faire brillant, exigeant et capricieux, méticuleux et susceptible, cet incontestable talent ne peut désormais aller librement que dans trois pays : la France, la Pologne et la Suisse. Et encore…
Il a beau être l’un des plus grands « artistes » du cinéma, il n’en n’est pas moins une sorte de paria, dont la simple évocation du nom suffit à faire se dresser les boucliers face aux poignards. « Ils en ont parlé » montrait la fameuse caricature du « repas de famille » par Caran d’Ache (qui fut lui aussi un antidreyfusard parmi les Edgar Degas, Auguste Renoir, Pierre Louÿs, José-Maria de Heredia, ou même Jules Verne, membres de la Ligue de la Patrie Française…), et bien pour ce qui concerne ledit Raymond alias « Roman » même conséquence et violentes disputes de famille, au sein même de la « Grande famille du cinéma »….
Haenel peut bien être sortie de la salle – où elle était rentrée en sachant bien que LE film qui avait reçu douze nominations, « J’accuse » allait à coup sûr s’en prendre une- et Foresti pouvait bien faire ses blagues éméchées ou méchantes, et dans la rue les furies pouvaient bien allumer tous les feux du chambard sur le tapis rouge pour attirer l’attention du Web, Raymond restera l’un des plus grands réalisateurs de cinéma de tous les temps. Énormes succès, bides monstrueux, le roi du Up and Down, dont la pensée est des plus subtile en demi-teinte, laisse pourtant le sentiment du « tout ou rien » le « ça passe ou ça casse » des natifs du « Scorpion » qu’on dit suicidaires…
Je suis comme toutes les bulles dans un verre de soda, je tente de me faire une idée du soda en éclatant à sa surface. Comme tout le monde, je connais ce qu’on a dit/écrit, des faits qui se sont déroulés le 10 Mars 77 à une époque où la libération sexuelle, avant le Sida ressemblait à la « quéquette du bonheur » avec toutes les digressions et virages hasardeux qu’empruntaient les « sexplorateurs » à la recherche d’un 7ème ciel sur terre … À cette époque le téléphone portable n’existait pas et Benjamin G. n’était pas encore né. Mais les histoires de mœurs demeurent, comme des fantasmes éternels.
Cette affaire a été jugée, rejugée même, et la victime Samantha Gailey, (épouse Geimer) a publiquement pardonné à son assaillant, suppliant à plusieurs reprises qu’on cesse les poursuites… Pourtant des années après, une nouvelle fois, comme un leitmotiv, cette histoire revient nous empaler telle une stalactite qui se décroche du toit.
Vous, qui ne savez pas pardonner à un homme de 87 ans, au fond c’est toute l’époque que vous n’avez pas vécue que je vous entends juger. Au fond ?
Mais quel fond ?
Et qui vous jugera demain pour ce que vous faites aujourd’hui?
CharlElie