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Confesse Book

352 – Une belle matinée d’emmerdes sous un beau ciel bleu!

20.30 h. Il pleut, on regarde les infos sur les kilomètres de bouchon dans le Paris des grèves contre la réforme des retraites. Le téléphone sonne. Shaan à qui l’on a prêté la voiture est en panne, coincée au milieu du trafic rue de Crimée. Elle rentrait d’un tournage quand un voyant indiquant « frein à main à vérifier » s’est affiché. Elle a éteint le moteur qui ne s’est plus remis en route.
On n’appelle pas un mais sept dépanneurs soit disant actifs 24h/24 pour que finalement un seul accepte précisant qu’il est au milieu d’un repas de famille. Il se déplace pour 260 €. Il pleut, elle est immobilisée dans le trafic. 21h. On accepte.
21.45h Il pleut toujours. Le dépanneur, sa femme et son gosse dans la voiture arrivent enfin.
– Où j’emmène la voiture ? Chez Vous ?
– Non, à quoi ça servirait qu’elle soit en panne sur le parking?
On lui transmet l’adresse d’un garage Renault dans le 11ème qui s’est déjà occupé de notre voiture.
Il pleut. On attend.
22h30 Shaan nous redit cela de vive voix. Ding ! Elle reçoit l’info et photo à l’appui prouvant que le véhicule a été laissé rue Saint Maur…
Lendemain. 7.45h
On appelle le garage. Ils sont surbookés. Ils n’ont pas trouvé la carte commande du véhicule. On tente de recontacter le dépanneur.
On rappelle le garage, ils sont toujours surbookés, il aurait fallu les prévenir à l’avance.
– On ne prévoit pas de tomber en panne. Rappelez plus tard.
Finalement on arrive à parler au responsable
– On est dans Paris, on ne peut pas élargir les murs. De toutes façons avant toute estimation, nous avons besoin des papiers du véhicule.
Aujourd’hui jour de grève générale.
10h Il fait beau. Je monte sur mon scooter pour porter les papiers.
J’arrive. Notre voiture est là qui attend un peu mal garée sur une place de « livraison » mais bon, elle ne dérange personne juste qu’elle est là à 30 mètres de l’entrée du garage. J’ai mis entre parenthèses les choses que j’avais à faire ce matin, et je prends mon mal en patience. J’attends. Je vois qu’en effet les voitures entrent et sortent. Je reconnais le patron. Il me reconnait à son tour et me salue avec le même aplomb qu’un médecin qui vous demande si ça va.
– Ben moi oui, mais pour la voiture, ça va dépendre de votre diagnostique…
– Je suis à vous dans 5 minutes… Je finis ça… C’est pour quoi déjà ?
– L’Espace qui est arrivé dans la nuit…
– Ah oui, celui qui est mal garé en bas de la rue ?! Vous avez de la chance qu’ils ne vous aient pas déjà alligné.
– Quand même… Jour de grève…
Il m’a mis la puce à l’oreille je vais vérifier illico. Et je constate que si, ils m’ont déjà mis le PV.
Je retourne au garage dépité.
Le chef d’atelier me demande un énième délai de 5 minutes. Finalement il revient vers moi. Bon alors de quoi s’agit-il ? Je commence ma description des symptômes, il se dirige vers l’entrée du garage et m’interrompt immédiatement pour me dire :
– Ah ben voilà, ils sont en train de l’embarquer… Dépêchez vous !
Je me précipite en hurlant « Qu’est ce que vous faites » et là Peïng claquage du mollet. J’arrive en boitant, un clou dans la jambe. Le grand black a déjà commencé à hisser ma voiture. Je me prends la tête. C’est kafkaïen :
– Mais cette bagnole est en panne, qu’est ce que je peux faire. J’attends que le garage la prenne en charge, si vous l’emmenez à la fourrière je ne pourrai même pas la récupérer, puisqu’elle est en panne. Comprenez moi. C’est le dépanneur qui l’a garée là hier soir en attendant que le garage la prenne en charge…
Le gars a bien compris, mais il a été mandaté du coup il est « obligé » de l’embarquer. À moins que je ne paie sur le champ cette amende à la noix. Je n’ai pas d’autre choix que d’accepter la sentence. J’accepte mais le gars remonte dans son camion.
– Mais qu’est-ce que vous faites ?
– Ben vous voyez, je déloque la rue…
Et je vois ma voiture partir pour aller se garer dix mètres plus loin. En boitant comme un gueux, je rejoins le type. Je lui réexplique le truc. Il m’invite à monter dans sa cabine pour attendre la police à qui je dois faire le règlement. Il compatit à ma détresse et me propose de boire un peu d’eau pour me calmer. Il ne peut rien faire d’autre.
– T’as vraiment pas d’ chance Papa, le monde est mal foutu !
– Dites, vous avez pas traîné pour radiner quand même, vous êtiez en embuscade ? Il est 10.50h à quelle heure ils ont mis le PV ?
– 10h
– Dis donc, un jour de grève générale vous pourriez être plus lents !!! Vous êtes sans pitié.
– J’y suis pour rien Papa, si c’était moi je vous la rendrais, mais il y a plein de policiers en civil…
– Hein ? Mais de quoi vous me parlez… Vous êtes parano !
Bref on attend, un autre ¾ d’heure avant que ne se gare la voiture de police à l’endroit même où était la mienne. Dedans trois femmes compressées en uniforme et un grand black. Ont-ils vraiment besoin d’être 4 pour ça ? Le grand gros sort et bombe le torse pour m’en imposer. Je lui redis pour la quatrième fois mon histoire. Ils se foutent de moi en disant hypocritement que rien n’indique que le véhicule était en panne.
– Le dépanneur dit qu’il avait mis un mot sur le pare-brise.
– Alors une des fliquesses à l’arrière me suggère de me retourner vers le dépanneur.
Ils vérifient mes papiers dans les moindres détails: carte grise, permis de conduire, assurances, des fois qu’en plus je ne sois pas en règle.
– Eh mais c’est pas moi qui conduisais !!!
– C’est ça oui… murmure la fille au volant. Genre « ils disent tous ça ».
Inflexibles. Je leur tends ma carte bleue, ils n’en veulent pas. Ils m’ont fait l’insigne honneur de se déplacer (à quatre, je le répète), alors ils veulent palper du billet. Je dois leur payer les 150€ en cash sinon, la bagnole part à la fourrière. Alors je leur tends ce qu’on m’avait conseillé de tirer au distributeur.
Ayant en main le reçu des keufs, le truck man fait une manœuvre compliquée et dépose ma voiture comme un paquet cadeau devant la porte du garage non sans m’avoir aimablement proposé sa bouteille d’eau.
Le dépanneur nous ayant enfin précisé l’endroit où il a laissé la télécommande. Le chef d’atelier ouvre la voiture :
– Ben, y a plus d’ jus dans vot’ batterie !
– On l’a changée il y a deux mois à peine.
– Alors c’est l’alternateur… Ah ben ouais, c’est ça, y a rien qui sort de l’alternateur… Normal qu’il n’y ait plus de jus…. La nuit en plus, les phares tout ça…
– La réparation va chercher dans les combien…
– Je peux pas vous dire ça au pif, j’ vais vous envoyer un devis dans l’après-midi mais comptez pas moins de mille…
Plus 260 de dépanneur à la con,
+ 150 d’amende sans la coquille ….
Plus un claquage de mollet,
Un jour de grève,
Une belle matinée d’emmerdes sous un beau ciel bleu!

CharlElie COUTURE

10/12/2019