Ok, je me suis fait avoir comme tout le monde par la fausse information concernant l’arrestation d’un gars qui finalement ne ressemblait pas du tout à Xavier Dupont de Ligonnes. Une fois passée la vexation de m’être fait berner, ce qui m’a amusé fut de constater qu’après en avoir fait des tartines, et des unes, et des scoops, et des « alerte ! », et des et des « interruption-de-programme » , constater dis-je qu’ils avaient le lendemain consacré pratiquement autant de temps d’antenne à la rétro info et les pseudos « excuses-à-nos-lecteurs », actes de contritions, dénégations et excuses publiques. Bien sûr qu’ils s’invitent les uns les autres, entre copains complices, mais le weekend dernier, ils se sont nourris d’eux-mêmes façon serpent qui se mord la queue. La non-information occupe autant de place que l’information.
« Je te copie », tu me recopies. Comme les cellules d’un corps, les cellules de la société médias du spectacle industriel, ont vite changé leur fusil d’épaule, convenant néanmoins que si c’était à refaire ils referaient pareil « à peu de choses » prêt.
Bon, ce n’était qu’une boulette, (…), mais dans le principe des dominos, cette déferlante tournait en boucle pour atteindre le sommet de l’AFP et la couv’ du Parisien / Aujourd’hui.
Peut-être que le Parisien s’est fait abuser par une source ? Ils peuvent bien jurer leurs grands dieux que 5 sources valables ont confirmé l’info, désormais on les sait capables aussi d’affirmer n’importe quoi avec le même aplomb. On a surtout compris qu’ils craignaient d’« alerter » leurs confrères en posant trop de questions des fois que l’un d’eux excave la pépite en premier. Alors ils se sont rués : « Allez les poilus, soyons burnés, osons façon « Ozzy Osburne », faut y aller ! On tente… après tout il y a des grandes chances pour que ce soit bon, on y va, au bluff !» Sauf que cette fois ci, manque de pot.
Cette histoire est juste emblématique de ce qui nous nous aveugle à longueur d’écrans: que l’info soit grave ou qu’il s’agisse d’un fait-divers, tout est copié /collé. Ainsi fonctionnent les médias qui se plagient mutuellement dans une sorte de brouhaha stressé par l’urgence de l’exclu. Transmettre à tout prix, même n’importe quoi. Peut-être qu’Internet met la pression ? La règle, le chalenge, le but à atteindre, c’est d’être le premier à mettre en ligne et ça se joue à quelques minutes près. Pas le temps de vérifier.
La fin justifie les moyens. Jeu de miroir, ils se regardent en disant que « l’information n’appartient à personne », et les émissions pataugent dans la gadoue d’un verbiage de bistrot, un pathos où la vérité n’a pas vraiment sa place.
C’est un axiome : il n’y a pas de fumée sans feu, si c’est dit c’est qu’c’est vrai. Et hop ça part en vrille, on suppute par ci et supputations par là….
Le pire c’est qu’on peut même penser que de bonne foi (ou de mauvaise foi) les journalistes, rédac-chefs ou animateurs, chacun veut justifier son salaire auprès de sa hiérarchie, même s’il faut pour cela se salir un peu la conscience et de même un mécano doit se laver les mains en fin de journée, s’il faut y passer, alors va pour un petit mea culpa qui n’a jamais fiat de mal à personne. Faute avouée est à moitié pardonnée…
Est-ce que pour autant les choses auront changé demain ? ON peut craindre que non.
En attendant l’armée Turque d’Erdogan attaque les Kurdes qui ont combattu Daesh, qui du coup relâchent dans la nature les criminels, effroyables assassins de l’Etat Islamique…
Et De Ligonnes court toujours,
Du moins dans nos fantasmes.
16/10/2019