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Confesse Book

334 – Ordre National du Mérite

La médaille d’officier de l’Ordre National du Mérite m’a donc été épinglée hier soir des mains de madame le Maire de Paris Anne Hidalgo en présence de quatre vingt personnes de mes invités. Cette médaille m’avait été attribuée il y a déjà quelques temps, mais elle ne m’avait pas été remise. Je ne cours pas après les honneurs et je ne sais pas si ceux ci ont un sens mais quand au cours de son discours tout en émotions l’édile prononça le nom de mon père, j’admets que mes jambes ont un peu vacillé.
Même si je ne les porte pas à mon revers, ce n’est pas la première fois qu’on m’accroche une médaille, chacune est particulière c’est vrai; celle-ci était encore différente de la Légion d’Honneur qu’avait suspendue à ma veste Stéphane Hessel avant mon départ pour les Etats-Unis, et rien à voir non plus avec les phrases un peu neutres qu’avait prononcées le ministre Douste Blazy qui m’avait accroché celle de chevalier du Mérite National. Non, Madame Hidalgo me connaît bien. Elle est venue me visiter quelques fois à New York dans mon atelier Galerie à l’occasion de l’un ou l’autre de ses voyages quand j’étais installé sur la 36th street. Elle n’avait pas encore été élue au fauteuil de Bertrand Delanoë. J’avais appris à cette occasion qu’elle appréciait mon travail mais c’est une chose de tenir des propos aimables dans le privé, c’en est une autre de les redire comme ce fut le cas hier devant un aréopage de gens venus (pour certains de très loin) pour l’occasion.
J’ai l’habitude d’avoir de l’audience, et pourtant j’étais très impressionné par cette assistance constituée de femmes et d’hommes (pour certains éminent et d’influence) qui s’étaient libérés pour être présents hier soir dans ce petit salon de l’hôtel de Ville qui accueillait la cérémonie. Artistes, médecins, architectes, sportifs, intellectuels, éditeurs, journalistes, enseignants, chercheurs, musiciens ou comédiens, qu’ils soient du monde de la création ou de celui des rouages de la finance, en regardant le panel des personnes présentes, ça me rappelait la théorie des couleurs de Johannes Itten ou de Kandinsky, quand toutes ces couleurs rassemblées en un centre donnent la lumière blanche. Eh bien c’est cette lumière blanche là qui m’éclairait hier.
Une copine m’a dit: bien sûr je voulais être là mais souvent ces cérémonies sont juste ennuyeuses, et flafla et j’te congratule sans qu’il ne se passe rien, mais avec toi c’est différent, tes lunettes noires et ton style… cette médaille c’est marrant, on dirait un accessoire de punk !  »
C’est vrai que je ne l’ai pas demandée, mais je ne l’ai pas refusée non plus en renvoyant le certificat barré. Pas tant que j’estime l’avoir « méritée » plus que d’autres, mais bon, après tout, je ne l’ai pas volée non plus, et puis pas plus que celle de Art-et Lettres, ça ne change rien à ma vie. Je n’agis pas dans le but de me faire gratifier autrement que par les sourires chaleureux de ceux que je rencontre à l’occasion de mes concerts ou dans une expo ou lors d’une signature de mes livres, celles et ceux qui me disent comment tel ou tel fragment de mon œuvre les accompagne, voire une émotion procurée par ceci ou cela. Oui c’est ça le sens de ma vie.
J’ai achevé mes remerciements en chantant deux chansons et chacun est reparti, comme si de rien était,
Ou presque…
Après tout ce qui compte c’est de rester en mouvement,
Comme l’a bien rappelé Anne Hidalgo : « Un homme arrivé est toujours fatigué… »,
Et moi j’ai
Même pas sommeil !

Merci donc une fois encore à toutes celles et ceux qui, présents ou non hier soir, m’accompagnent de leur amitié, et qui par leur soutien me donne l’envie et la force de continuer à transformer en réalité sous forme d’écrits, d’images ou de musiques, les abstractions aussi complexes que merveilleuses, qui se mélangent en moi.

CharlElie Couture