J’ai retrouvé David Dévérité venu de Normandie, pour une longue / longue interview. Plus d’un an qu’il étudie mon « cas ». Il me dit qu’il commence à voir le bout de ma biographie. C’est un auteur scrupuleux qui recoupe les informations et multiplie les rencontres avec ceux qui m’ont connu. Il trouve que cela va plutôt vite. 6 heures d’entretien, aujourd’hui on a parcouru « les années New Yorkaises ». Cette expérience qui consiste à retourner dans sa mémoire ressemble à une descente en ascenseur dans le puits de sa propre histoire. À tous les étages, les souvenirs vivent en nous comme les voisins d’un même immeuble.
Je file ensuite à l’atelier de Tony Soulié qui a récupéré quelques uns des tableaux exposés à Toulouse en Juin. Une exposition de groupe à laquelle Tony a participé lui aussi. On en a pas vraiment entendu parler et pourtant… Beaucoup de choses se font sans qu’on en ait l’écho.
Son atelier est rangé, très organisé. Tony travaille dans un spectre de création somme toute assez proche du mien (en peinture): sur ses œuvres se mêlent photos / images de ses voyages et transparences peintes.
Le soir je mange avec l’aquarelliste Norbert Waysberg et Lou Ise, deux artistes que j’ai connus à New York au collectif de la 104th street East Harlem. On se régale dans un restau Turc en se remémorant des souvenirs. Norbert me dit que l’immeuble est resté dévoué à l’accueil d’artistes, mais il n’y a plus la même complicité depuis que je suis parti comme si aussi là bas, une page s’était tournée.
Le lendemain, je passe la journée à écrire et à dessiner. Je finis ce livre de dessins et poèmes que je voudrais publier.
Je pars ensuite visiter une école maternelle à Joinville-le-Pont. Mon copain Alex Tréma et son collectif m’ont invité à intervenir parmi les 25 autres street-artistes qui pendant trois semaines pourront repeindre/ transformer l’endroit ouvert au public durant trois weekend end en Octobre avant d’être détruit et remplacé par un EPHAD. En fait ça passera de couche à couche… Je choisis mon mur, on précise ce qu’on fera.
Ça me fait du bien d’aérer les idées maussades qui tournent en moi depuis que j’ai appris le décès de mon plus proche cousin. J’ai peu de famille, lui c’était un peu mon cousin alter-égal, né la même année, quelques jours avant moi, on avait été parfois comparés (entre cousins), d’autant que nos parents nous avaient attribué le même prénom (Bertrand). Plus tard allant à son mariage j’ai constaté que son épouse avait elle aussi le même prénom que la mienne… Oh, coïncidence quand tu nous tient ! Il était photographe de presse. Atteint d’une maladie qui le condamnait, j’avais été informé il y a quelques semaines de l’imminence d’une issue fatale. Mais apprendre aujourd’hui sa disparition me trouble. On ne se côtoyait pas souvent mais il était une sorte de double-fantôme comme des neurones-reflet. – Le reflet étant par nature la confirmation d’un sentiment d’exister…-
Bref, ça me fait du bien de rouler, et me sortir de mes pensées sombres.
Samedi réveil à 5.30h.
Une nouvelle canicule en perspective… Je veux profiter de la journée, d’autant que je prends le train à 8h direction Sète où je participe au 22ème festival international de Poésie Voix Vives, invité par Maïté Vallès-Bled, qui se dévoue à ce festival en plus de la gestion du Musée Paul Valéry où j’ai exposé trois mois au début de l’année…
CharlElie COUTURE
Juillet 20XIX
(à suivre)