Donc, je viens d’apprendre qu’aujourd’hui je suis né il y a 21.213 jours…
Je ne sais pas comment je dois le prendre ? Ce n’est pas vraiment une date anniversaire, il s’agit juste de chiffres… Les chiffres me font tourner la tête. Parfois ils me filent des cauchemars. Les multitudes me rendent fou, elles m’empêchent de penser, comme si au-delà de certains nombres, ma cervelle s’obstruait ; comme si un tamis de logique venait filtrer l’information, et qu’ensuite plus rien ne pouvait passer.
Je ne sais pas si, dans mon jeune âge j’étais ou non, atteint par les troubles de la dyscalculie, (équivalent pour les chiffres de la dyslexie pour les lettres). À cette époque, on ne se posait pas vraiment la question sur des bases médicales psycho-sensibles, on devait tous avoir la moyenne dans toutes les matières, on devait faire semblant d’y arriver. Et quand ça ne passait pas en douceur, on se tapait des pages d’écriture. J’étais à la ramasse en arithmétique, et puis en maths, et puis en physique mais j’ai survécu. Pourtant, quand les chiffres m’assaillent, à nouveau je perds mon flegme et je suis pris par des espèces de vertiges.
Au fond j’ai toujours eu du mal à considérer le monde comme une entité achevée, figée dans un moule de vérités vérifiables dont les paramètres sont immuables.
Tout est en mouvement.
Le mouvement c’est la vie.
Et ces 21 213 jours font suite à un autre post amusant que j’ai mis en ligne juste auparavant. Une série de truismes qui associent des incompatibles du genre : il y a plus d’étoiles dans le ciel que de grains de sable sur terre… je veux bien les croire sur parole. Comptez pas sur moi pour les compter… Mon dieu, ayez pitié des nombres qui nous propulsent dans un espace intersidéral, dans lequel l’infiniment grand rejoint l’infiniment petit.
Et pour rester en l’air dans les spéculations astrales, j’ai récemment vu circuler une annonce catastrophe un peu space émanant de la NASA (relayée par la RTBF), qui annonçait la fin de notre civilisation « plus tôt que prévu »…
Ah… la belle histoire ! Tout d’un coup la NASA, qui avait jusque-là la tête dans les étoiles, se retrouve aujourd’hui les pieds sur Terre.
Après le calendrier Maya, après les oracles des augures mystiques, après les présages et prédictions de Nostradamus, après les prévisions météos de pluies pour le week-end, après les scoops des horoscopes et les menaces des diseuses de bonne aventure, après les salaires mirobolants versés aux analystes chargés des anticipations rationnelles en matière de gestion de patrimoine bancaire, après les sondages catastrophes des devins médias vaticinant en bleu-marine sur les municipales (dont Hénin-Beaumont qui n’a rien à voir avec le Marly-Gomont de Kamini), après les prophéties de Zoroastre, de Mahomet, de Mani, de Jean Cavalier ou de Marcus Gravey, alors c’est donc maintenant la RTBF qui nous promet l’apocalypse…
Mais en quoi est-ce une nouvelle ? Depuis que le monde industriel existe, il pollue l’atmosphère, l’eau et la mer. La finalité de ce monde-machine étant de créer le besoin APRÈS qu’on a créé le produit.
Depuis 50 ans la surconsommation est devenue un outrage à l’intelligence.
Prenant conscience du danger, certains illuminati ont fondé les mouvements écologistes, verts ou environnementalistes qui pointent du doigt les dangers de la surexploitation des richesses.
Ça fait depuis 1968 que le Club de Rome dénonce les excès de la surconsommation et suggère la notion de développement durable. Mais qui les prend au sérieux ? Pour un oui pour un non, on ironise à leur propos en parlant des empêcheurs de tourner en rond rétrogrades et passéistes, on combat les sea-shepherd dont on fait des parias; et quand parfois certain(e)s arrivent à s’élever dans la hiérarchie verte, grisé(e)s par la folie de la politique, à force de fréquenter les dirigeants au pouvoir, ils s’imaginent à leur tour être capables d’influencer le destin du monde. Et ils se présentent enfin comme candidat(e) peu candide à la mairie de Paris…
Malgré les luttes des braves, quel résultat ? On paie les légumes et les fruits bio-trafiqués de plus en plus cher, et on en jette de plus en plus.
Et la NASA publie un rapport qui découvre que l’humanité court à sa perte ? Mais y a pas besoin d’avoir fait l’Ena ou une école d’ingénieurs pour arriver à cette conclusion.
Mais quand on leur parle de faire attention, les gens s’énervent. Personne ne veut changer de siège dans le wagon de son train de vie. Habitué à la surconsommation, on est prêt à raser la forêt Brésilienne, prêt à payer toujours plus cher un pétrole polluant, et contraindre les paysans à utiliser des pesticides, et gâcher l’eau pour les réacteurs nucléaires, etc. Les milliers de tonnes de détritus s’amoncellent et les déserts avancent.
En 2011 rien qu’en Europe on a jeté 160 millions de téléphones portables. À Lagos (Nigeria) on brûle chaque mois 300 000 ordinateurs hors d’usage. À proximité de la e-déchetterie géante de Guiyu (Chine) les enfants ont un taux de plomb dans le sang supérieur de 50% à la moyenne des villes voisines… 45 000 tonnes de déchets en plastiques sont jetés chaque année dans les océans…
Et la NASA découvre que la civilisation court à sa perte ?
Depuis que je suis né il y a donc 21.213 jours, beaucoup de choses ont changé. Mais si certains mystères ont été élucidés, si la miniaturisation des technologies de communication a facilité l’accès aux relations sociales, même si le ciel est toujours bleu au-dessus des « resorts » construits avec un luxe de pacotille pour les touristes riches en vacances, néanmoins les nuages couvrent la conscience des humanistes quand ils s’aperçoivent que l’envie de consommer, considérée comme un droit inaliénable, sera toujours impossible à assouvir.
La semaine dernière en Espagne, un rassemblement a réuni plus d’un million de personnes qui ont défilé dans les rues, pour protester contre quoi? Pas contre les pollutions et la détérioration des milieux naturels, non, mais contre l’austérité et les inégalités, celles qui empêchent le monde, tout le monde de consommer plus. Il ne s’agissait pas seulement de petits bourgeois insatisfaits, il s’agissait aussi de gens pauvres qui voulaient faire connaître leur mal-vivre né du malaise en disproportion, du genre y a pas de raison, nous aussi on veut avoir accès aux richesses. Ce n’était pas des manifestations morales mais des exigences, des questions de gens en manque, une angoisse liée aux questions d’argent, à la consommation. Le but du jeu étant de vouloir gagner plus, pour consommer d’avantage.
La NASA peut continuer à dire ce qu’elle veut,
ça n’empêchera pas le tsar« Putin » d’envahir « l’ Ukr-Haine»…
® CharlElie. – Mars 2014