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Confesse Book

285 – Philippe Gildas

Curieux de voir, intrigués de savoir, Philippe et Maryse sont venus visiter mon atelier à New York en 2007.
Philippe, je l’ai rencontré souvent, et toujours il avait ce sourire aux dents blanches, qui le protégeait en même temps qu’il lui permettait de dire tout ce qu’il voulait. Sous des allures bonhommes, Philippe Gildas n’avait pas la langue dans sa poche. S’il se prêtait aux boutades des potaches, il n’en pensait pas moins, il était comme un instituteur qui savait se faire respecter.
Depuis qu’il avait soutenu ma tournée « Art est Scalp » quand il dirigeait Europ’1 jusqu’aux années pendant lesquelles il a conduit le camion de Nulle part Ailleurs, Philippe Gildas m’a accueilli chaque fois que je sortais quelque chose.
Il n’était pas un journaliste facile, il menait la barque et j’ai toujours un peu ramé quand il fallait speeder. Mais pour autant il était bienveillant et ne cherchait jamais à vous enfoncer. On ne passait pas là pour se faire allumer, mais il fallait se lâcher. Philippe Gildas avait un ton de voix bien à lui, celui d’une époque où tout restait à faire. Les journalistes et « médiateurs » pouvaient inventer, essayer des choses. Tout n’était pas joué avant le lever de rideau. Inventer la radio, inventer la télévision. Cela paraît presque désuet de dire cela aujourd’hui quand tout existe avant d’avoir été fabriqué, quand avant tout le marketing se suffit de concept, quand les médiamètries drivent les chaînes, quand les émissions sont minutées à la secondes, suivies, analysées. Je veux dire qu’il y avait à cette époque encore une part de hasard, ce hasard qui combat l’ennui. Aujourd’hui on se veut programmé. Il y a tant de propositions! On a besoin de savoir avant de se lancer, on a besoin de connaître la fin, on besoin de tout savoir du film avant d’entrer dans la salle, besoin d’être rassuré et de connaître la météo du lendemain… On craint l’impromptu, pourtant c’est à cela que jouait Philippe Gildas, ses émissions étaient pleines de surprises, comme la première fois que j’ai rencontré Benoït Poelvoorde…

Adieu Philippe, je crois qu’on s’aimait bien, on se l’était encore dit il y a quelques mois,
mes pensées amicales se tournent vers Maryse.

CharlElie Couture