Quand mon corps viendra à s’arrêter, je peux penser que c’est elle qu’ON choisira de jouer en guise d’éloge posthume et, considérant que c’est la seule chose importante à retenir de lui,ILS diront au journal du soir une banalité « grand public », un truc du genre: il est parti rejoindre les anges, « comme un avion sans ailes. » Bon, je ne dis pas qu’y penser m’amuse plus que ça, mais y a pire. D’autant que ce titre lui, n’est pas prêt de s’éteindre, vu l’usage répété qui en est fait, dont celui de ce Jeudi 2 Août à la une de Libération.
Ce n’est certes pas la première fois que « Comme un avion sans ailes » est emprunté. C’est d’une part le plus connu parmi les 15 x 22 disques de chansons que j’ai enregistrés (les 23ème est à venir), mais il faut croire qu’il porte en lui une certaine magie stimulant l’imaginaire, puisque c’est clairement celui auquel on fait toujours et toujours et donc toujours référence.
Il notamment a servi à ma connaissance pour deux films qui n’ont rien à voir l’un avec l’autre : le premier » Comme un avion » est celui de Marie-France Pisier (qui m’avait par ailleurs demandé la musique), et plus récemment sorti en 2014 ce même » Comme un avion » avait été emprunté pour la comédie pastorale de / par, et avec Bruno Podalydès que, par contre, je n’ai jamais rencontré.
Et puis il a servi aussi pour le joli roman « Comme un avion sans elle » de Michel Bussi, adapté à l’écran pour une série M6 « un avion sans elle » avec Bruno Solo dans le rôle principal…
Oui, tout ça pour dire que, même si l’usage en est fait sans me consulter ou me demander la moindre autorisation, (que je m’empresserais de donner trop content de la faire vivre et revivre), je suis surtout très heureux de constater que le titre de cette chanson écrite en 1981 soit à ce point toujours d’actualité à voir la Une du 2 Août de ce grand journal. Et vu que rarement mes créations, quelles qu’elles soient, ne semblent retenir la moindre attention de leur part, qu’ils choisissent néanmoins ce titre-là en guise de « Une » est plutôt flatteur. De même imaginent-ils sûrement que leurs lecteurs savent à quoi ils font référence puisqu’à aucun endroit le nom de l’auteur (à savoir Bibi Fricotin) n’est jamais cité… Mais bon, so what?! Comme on dit.
Il faut convenir aussi, c’est vrai, que le sujet de ladite chanson éponyme, n’a rien à voir aussi avec le contenu de l’article, puisque ma chanson parle de l’enthousiasme et du feu intérieur qui incite à « faire », et à décoller avec ou sans aile, (voire à chanter jusqu’au bout de la nuit) même si tous les éléments, et même si les circonstances se liguent contre toi, et même si elle ne t’écoute pas… continue coûte que coûte, contre vents et marées, fais ce que tu dois faire…
C’est vrai, j’en conviens, que c’est assez loin des grèves d’Air France, qui auraient plutôt tendance à te clouer au sol!
Quoi qu’il en soit, une chanson est encore plus belle quand elle ne vous appartient plus,
quand elle fait partie de ce qu’on appelle la mémoire collective.
Le comble pour une œuvre, c’est qu’elle vous dépasse!
Au-delà des nuages
(qu’il n’y a pas d’ailleurs dans ce ciel si bleu…)
CharlElie Couture.
Août 2018