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Confesse Book

259 – Mauvais rêve

Il fait beau. De ces temps de printemps merveilleux qui vous rendent joyeux, pourtant j’ai le cœur en vrac. J’ai fait un rêve, un mauvais rêve comme on les appelle. Il n’y a pas que ces rêves faciles qui vous servent de trampoline, il y a aussi ces rêves comme des roues voilées qui vous font rouler de travers. Je ne sais pas pourquoi après tant d’années j’ai fait ce rêve dans lequel j’ai revu mon père.
On était dans une maison qui ressemblait à celle de mon enfance. Apparemment il a beaucoup plu, le sol est mouillé. Je sors et je glisse dans l’herbe grasse. Je tombe sur trois vieilles plaques de chocolat qui datent de 2001. J’en goute une. Je me dis qu’il est encore bon. Soudain j’entends la voiture de ma femme qui arrive, je crains qu’elle ne me surprenne là. Il semble que j’aie honte. Je me cache comme si j’allais me faire prendre la main dans le sac en train de commettre un péché. Je rentre dans la maison, je veux cacher ces plaques de chocolat, comme on cache un trésor. La porte qui donne sur la terrasse est restée ouverte, ça fait un méchant courant d’air froid/frais. Dans un fauteuil, mon père est installé qui ne dit rien sous une couverture. Il me regarde, d’un œil bienveillant. Je ne suis pas surpris de la voir là. Je lui demande si « ça va ». Il me fait signe que oui. Je vais chercher quelque chose dans une autre pièce. Quand je reviens dans le salon, tout le monde semble affolé. On m’explique qu’on le cherche partout, qu’il a dû partir par la porte restée ouverte. On part à sa recherche. Il y a beaucoup de gens, tous alignés comme une battue dans la campagne. Je suis embarrassé d’avoir mobilisé tant de gens. Je pense qu’on va le retrouver vite. Mais on ne le trouve pas. Le jour baisse. Il fait froid. Je suis très inquiet. On est vraiment loin de la maison, je me dis que c’est impossible qu’il ait parcouru une telle distance dans son état. Quand il m’a parlé tout à l’heure, on aurait même dit qu’il était incapable de marcher. Alors comment aurait-il pu venir jusqu’à cette vallée ? La foule s’égaye. Il n’y a plus vraiment d’espoir. Les gens s’en vont. On ne l’a toujours pas trouvé j’essaie de dire qu’il faut chercher plus près de la maison, mais soudain un homme vient voir le responsable des recherches, il lui murmure à l’oreille que c’est lui, là-bas en pointant une tache de couleur bleu/vert au milieu d’un pré. « Restez ici, ne bougez pas » m’ordonne le chef de la police.
Puis une femme qui ressemble à ma mère, s’approche elle explique à une autre personne que depuis là où il se trouve, quand on se place d’une certaine manière, entre les bosquets, on peut lire sur une publicité « Tank you very much ! ». Ça me fait sourire. Je pense que c’est intentionnel, qu’il a fait exprès de venir mourir là. Je regarde à nouveau la couverture et sans avoir eu l’occasion ni le droit de m’approcher pour le voir une dernière fois, je me réveille. Et merde !
Je voudrais me rendormir, mais impossible.
Je me lève un peu patraque. Le cœur lourd. Sans être aussi terribles que les cauchemars, certains rêves sont justes mauvais. C’est vrai, quoi, il ne sert à rien celui là si ce n’est de me faire entrer dans la journée avec un certain handicap. Pourquoi fait-il exprès de me créer de la peine ? Je sais que ça va passer, y a pas de raison.
Aujourd’hui répétition pour Sion, un concert « d’ excep-sion » demain en Suisse. Vu que Karim Attoumane est à l’étranger, Nico Mingo prendra le relais à la lead guitar. Enfin, s’il arrive jusqu’ici, vu qu’il n’habite pas tout près et que les grèves tournantes de la SNCF compliquent terriblement la vie des citoyens…
Quand je parle de mauvais rêve, il y a aussi de mauvaises réalités.

Pourtant il fait si beau, la lumière est divine, le temps idéal ni chaud ni froid, si agréable ! De ces heures qu’on adore, qui ne sont que délice. Et pourtant, ce rêve à la con s’est posé sur ma conscience me fait comme un voile. Il paraît que c’est ça qu’on appelle : le Blues.
Toute la musique que j’aime…

CharlElie
Mai 2018