Maintenant que j’y passe beaucoup moins de temps, quand je suis de passage à NYC, (comme je le suis actuellement encore pour une semaine), en quelques coups de téléphone, je retrouve ceux que j’ai côtoyés pendant 15 ans, mes copains/copines, tu sais ceux avec lesquels on partage le pain… Ça se passe le plus souvent en terrain neutre dans les restaurants, plutôt que chez les gens eux-mêmes qui ne trouvent pas le temps de cuisiner, mais quoi qu’il en soit à l’occasion de ces repas, brunches, lunches, cafés ou diners, obligés à l’immobilité assise, chacun s’observe. On s’écoute, on se livre avec plus ou moins de retenue, de pudeur, de façon plus ou moins directe, on se confesse les uns aux autres. C’est ça qu’on appelle l’amitié, tiens! Une fois passée la première phase des civilités politiques sur l’état du monde, chacun vient à confier des infos sur son ressenti face à l’existence. « Et toi qu’est ce que tu deviens…? »
Chez mes amis masculins, le transfert d’infos passe souvent via un échange d’idées assez généralistes, mes amies, elles, transmettent plutôt via leurs expériences familiales plus personnelles, plus intimes.
Mais quelle que soit la méthode choisie, dans tous les cas, c’est un prétexte pour s’évaluer. Se sonder. Ces partages de la nourriture en commensalité plus ou moins arrosés, permettent de se jauger, se comparer à l’autre, comme un ordinateur dont on scanne le disque dur. On se vérifie mutuellement.
On appelle ça faire le bilan.
Et chacun apporte dans la conversation son enthousiasme ou ses difficultés, qui sont globalement toujours les mêmes, qui vont et reviennent par cycle générationnels :
Selon l’âge, les sujets abordés sont :
-les problèmes au boulot,
– les ruptures dans le couple,
– les faux espoirs et fausses promesses, ou les objectifs surévaluées,
– la perte de confiance en soi (qui va de pair avec les performances sexuelles en baisse),
Et puis les enfants,
– leur influence grandissante,
– la fin de leurs études et leurs angoisses pour rentrer dans la vie réelle, en même temps que leur joie enflammée par le plaisir de découvrir ce qu’on a nous-même vécu trente ans auparavant,
Et puis
– les premiers problèmes de santé perso, (les tensions dans les extenseurs, articulations qui se raidissent, fibres musculaires qui perdent de la souplesse, les hanches, les genoux, la vessie…)
Puis la disparition de l’un puis de l’autre des parents, et ce deuil marque un pas au seuil de la vie,
Et puis on sent en soi qu’une forme de « raison » calme le jeu, il paraît qu’on appelle ça la sagesse. Sans aller jusqu’à la résignation c’est souvent lié à une meilleure connaissance de soi, ne plus agir « en contre » mais en tenant compte des faits, en faisant preuve d’acceptation.
Et puis, nouveau coup dur, la perte des amies, amis / comme des frères et sœurs.
Etc.
Oui, comme on peut le constater en visitant le site goodplanet.org tout le monde vit les mêmes choses…
Même si nous sommes tous différents, même si chacun réagit en fonction de sa propre « intelligence » émotionnelle, qu’on appelle parfois du terme indéfini de « l’âme », néanmoins, on a tous beaucoup de ressemblances, et ce sont elles qui nous lient, au delà des cultures, des frontières, des océans, des communautés, au-delà de la couleur de nos peaux, des principes et valeurs, des caricatures, des ironies et formes d’humour… Au-delà de tous ces particularismes, au milieu du grand pataquès et du tourbillon pluriethnique, et cosmopolite on ne fait tous partie que d’UNE humanité seule et unique.
CharlElie
Avril 20XVIII