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Confesse Book

255 – Il fait beau cette semaine

En France, il fait beau cette semaine. Considérant que la lumière douce qui vient d’un ciel bleu sans nuage est réjouissante, il fait beau comme on dit. « Temps mieux ». C’est le « Beau temps » quand même les cons sont con-temps. L’hiver a joué son rôle d’hiver et personne n’a trouvé drôle l’alternance des ciels couverts et des journées froides, et cette neige qui tombe mais qui ne tient pas, et les vents qui se lèvent et retombent, et les pics de froidure suivis de nuits humides… L’hiver quoi. Mais à croire qu’on se veut tous amnésiques, on vit tellement au présent qu’on oublie tout dés qu’il fait beau.

Hier, j’entendais sur NBC une émission dans laquelle des savants géo-stratèges météorologues Américains affirmaient à grands renforts de logarithmes et de puissances de calculs qu’ils faisaient d’énormes progrès dans les prévisions. Ces éminents devins à lunettes disaient faire beaucoup moins d’erreurs que par le passé (normal : les autres étaient nuls, nous on est bons !), mais ils convenaient aussi que la planète restait vivante, et que leurs oracles et prédictions dépendaient aussi des fluides et courants de magma invisibles sous l’écorce terrestre …
Dans la même émission les mêmes aruspices évoquaient le réchauffement climatique. Malgré certaines saisons partiellement coriaces, après l’avoir fermement nié, donc le réchauffement climatique est enfin considéré par eux comme indiscutable. Pour le dénoncer aujourd’hui, ils s’appuient sur les preuves que fournissent depuis une cinquantaine d’années les palpeurs électroniques, testeurs-analyseurs et autres capteurs qui prodiguent des relevés heure par heure. Nonobstant les pseudos arguties (invérifiables) que soutiennent certains fantoches financés par les industriels défendant la théorie qui justifie le réchauffement par des dérèglements du Soleil (et concluent donc que puisqu’on n’y peut rien c’est juste une fatalité et par voie de conséquence on peut continuer à faire ce qu’on veut…), la grande majorité des climatologues constate avec le flegme qu’on connaît chez les gens de science, que ce réchauffement est indéniablement lié à l’apparition sur la planète des émissions de gaz a effet de serre. Si l’on ne fait rien, là, maintenant, tout de suite, et vite, si l’on ne s’en tient pas au minimum aux accords de Paris, ça va être terrible ! Il n’est plus question de pessimisme ou d’optimisme, non, concrètement on est déjà dans la merde, et soit on nage pour s’en sortir, soit on noie la prochaine génération dans nos caprices de consommation. Disons que, toute façon ça va être grave, mais apparemment, ça peut l’être, un peu, beaucoup ou à la folie, selon que les hommes politiques imposent des contraintes plus ou moins drastiques aux industriels qui eux ne se gêneront pas pour envoyer à l’attaque des bataillons de lobbyistes chargés de défendre leurs intérêts à court terme.
Bref, en faisant le bilan, de cette émission je disais en résumé : plus on progresse dans un sens plus on régresse dans l’autre.

Oh Dieu, comment faire pour convaincre les voraces de la génération expansionniste de freiner un tantinet leurs ambitions débiles, ceux qui continuent de croire et d’affirmer que la Terre n’attend qu’eux, ceux qui pensent qu’ils sont au sommet de toutes les espèces et qu’ils ont le pouvoir absolu de l’argent pour résoudre toutes les énigmes de l’Humanité – dont ils estiment ne pas faire partie eux, Êtres Supérieurs, qui affirment avec le cynisme détaché des bourreaux insensibles : « Si je ne le fais pas, de toutes façons un autre le fera à ma place », et « si c’est pas moi c’est lui qui s’enrichira, alors autant que ce soit moi ! » ? Comment convaincre ces mécréants implaccables que la vie était belle (même) sans eux, et que leur ambition de Pouvoir Financier n’est qu’une illusion ?

C’est sûr quand on ramène les grands problèmes à des mots simples, on passe pour un naïf, une espèce de crétin utopiste, et même, avec la nuance de mépris qui convient dans leur jargon technocrate, s’entendre dire: toi, mon pauvre, t’es vraiment un poète !
Sauf qu’E=MC2, est le résultat résumé en 5 signes d’une théorie qui faisait 4 pages au début de son théorème.
CQFD.

Je sais, ces angoisses existentielles ne m’appartiennent pas, elles sont comme des poussières dans l’air, propulsées sans filtre par les ventilateurs médias dans une atmosphère polluée.
On peut feindre de les ignorer, ou bien les respirer et/ou y être allergique comme on l’est aux pollens du printemps.

Bon, ça ne parle pas QUE de cela, mais je ne peux pas nier que ces idées tourmentées me tiennent éveillé, et j’admets qu’elles feront aussi partie des thèmes qui animent les nouvelles chansons que je vais prochainement enregistrer…

CharlElie
Avril 2018