La semaine dernière j’ai appris le décès de Vicent Madramany, un amoureux de l’Art. Aujourd’hui ce sont celles de Jacques Higelin et de Véronique Colucci. Mes doigts se nouent. Soudain, comme si la batterie s’était vidée, je ne sais plus très bien comment penser. Penser quoi ? Je me perds dans mes pensées. Il fait beau, et pourtant mon âme fait des ronds dans l’eau. Méchante tache d’huile. Indélébile.
Une sorte de grande confusion dans mon cœur troublé. J’entends des murmures dans le silence et des souvenirs me reviennent comme un film qui repasse en arrière. Des moments ensemble : la première rencontre avec Higelin en 1974, j’étais encore étudiant au Beaux-Arts, je l’ai croisé lors d’une émission qu’il était venu faire à Nancy, (avec Georges Lang , il y avait aussi Christian Vander). Higelin venait de sortir BBH. Ce disque marquait un tournant. Il gardait sa verve poétique, mais aussi il ouvrait le champ des possibles vers d’autres arrangements plus électrique…
La première rencontre avec Véronique, c’était en 1980 à la fin d’un concert en solo que je venais de faire dans une salle de la périphérie parisienne. On était ensuite devenus des amis, et puis Coluche m’avait invité au Café de la Gare, et c’est là que tout avait commencé quand j’y avait rencontré Jean Henri Meunier qui avait fait la jonction avec Chris Blackwell. Etc.
À cette époque d’ailleurs Higelin, habitait à quelques numéros de chez Coluche, dans la même rue Gazan…
La première fois que j’ai rencontré Vicent, c’était il y a une quinzaine d’années. Il m’avait donné l’opportunité de faire une expo de mes « Photografs » dans le grand centre d’Art qu’il avait monté sur ses propres deniers à Perpignan…
Se souvenir des premières fois. Décisives…
Et puis de la dernière fois qu’on s’est croisés: Pour Jacques c’était il y a deux ans, sur le perron de France Inter porte B, au sortir d’une émission qu’il quittait quand je venais la faire à mon tour… On a brièvement échangé quelques mots amicaux, comme on l’avait fait quelques temps auparavant à la Rochelle…
Véronique, c’était aussi il y a trois ans. J’étais passé lui rendre visite afin de la remercier après qu’elle soit intervenue pour me permettre d’obtenir une copie pellicule pour projeter « Tchao Pantin » dans un festival du film à Denver / Colorado;
Quant à Vicent, la dernière fois qu’on s’est vu c’était en 2015 lors du vernissage d’une autre exposition que j’ai faite sur le thème des « Portraits intérieurs»…
Les murs se rapprochent, il n’y a pas de honte à reconnaître sa peur.
Et puis la peine, cette peine épaisse qui vous oppresse. Un manque d’air.
La peur du vide, « Tombé du ciel » . Ce vide qui envahit tous ceux qui ont aimé
un être qui s’efface,
L’âme en peine,
Oui la peine, quand disparaît quelqu’un qu’on a aimé,
Disparaît quelqu’un qu’on a aimé,
Quelqu’un qu’on a aimé,
Qu’on a aimé,
Aimé.
CharlElie
Avril 2018