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Confesse Book

243 – Valentintintin

Une journée de bruit autour de Saint Valentintamare !
What Saint Valentin ? Non mais allo quoi! En cette période de dénonciations calomnieuses faisant réapparaître de vieilles rancœurs onze ans plus tard, comme les champignons vénéneux qui poussent là où on les attend le moins (sur la mousse d’un ministre de l’écologie comme une vengeance au lendemain de sa réussite à faire interdire la construction de cet aéroport inutile à Nantes), c’est quand même très surfait d’entendre parler dudit Saint Valentin. Cacher ce Saint que je ne saurais voir…
Faudrait savoir ce qu’on veut ? Ou bien on souhaite un «Love-love», façon «compatible», «on se comprend», «on s’assume», «on s’essaie», «on recommence», «on s’engueule mais c’est sans conséquence», «on se retrouve», «on se partage», «on se suggère», «on s’épaule contre épaule», «on se tolère -même les défauts-», «on se touche au bouche à bouche», en babouche, en bottines, pieds nus ou en escarpins ?
Ou alors : «on se Sainte Nitouche», «chacun pour soi» en se regardant en chien (et chienne) de faïence, arcboutés sur ses positions de complexes de supériorité/infériorité, ou type Œdipe toxique et autre psychopathologie mal assumée.
Si, le cœur battant, un éperdu, un peu débile ou décidément vieille école, voulant escalader l’infranchissable mur de l’amour, se permet d’acheter un bijou, un grigri ou des fleurs pour convaincre celle qu’il convoite, que ce même tendre épris lui offre un jour un billet pour un voyage au septième ciel sur le transsibérien, à Venise ou Acapulco, qu’il fasse quoi que ce soit pour séduire sa dulcinée capricieuse récalcitrante, voire même qu’il lui envoie un SMS pour l’inviter au restau, alors là, mon pote, gare aux conséquences : il risque tout simplement de voir débouler les flics et les huissiers dix ans plus tard avec une plainte aux fesses pour harcèlement.
Saint Valentin, tiens.
Un jour spécial pour les amants déments, ceux qui tombent dans le brasier de la passion allumé par les démons pernicieux de l’excitation amoureuse ? Mais pourquoi donc fêter les amoureux? Pour eux c’est déjà la fête quand ils se croisent du regard, quand ils s’envient à chaque instant, béats d’admiration l’un pour l’autre. Pour eux qui vivent dans leur monde à part, c’est facile, ils ne se préoccupent pas de la réalité, ils flottent sur le nuage de leur merveilleux fantasme idéalisé, amants sans démenti, amoureux au présent, ils vivent au futur, remplis d’espoir et d’optimisme, imaginant l’avenir comme un infini parfait avec des enfants gentils qu’ils sauront chérir, un job qui va leur permettre de se réaliser, des amis qui seront toujours là quand ils auront besoin d’eux, et une société qui toute entière ne pourra que s’améliorer… c’est ça être amoureux.
La légende de Valentin de Terni qui subit jadis le martyre pour avoir redonné la vue à une jeune femme aveugle, aurait plutôt dû être choisie en vue de regonfler le moral des malheureux qui voient la vie pour ce qu’elle est. Ceux qui se sont réveillés au milieu de la nuit, envahis par un cauchemar de lucidité. Qu’ils soient nantis à Nancy, menteurs à Mantes la jolie, divorcés à New York City, ou hagards à Austerlitz, défoncés à Tripoli, célibataires impairs (en manque) à Paris, divisés à Djibouti, débauchés à Rimouski, anars désenchantés, veufs de guerrières, orphelins magyars ou téléspectateurs isolés sur un brancard, geeks obsédés ou chanteurs maniaco-dépressifs, danseurs place de l’Etoile ou chippendales mondains, tous ceux qui sont seuls et saouls au-dessus de rien en-dessous de tout,
Et ceux qui s’agrippent aux choses qu’ils possèdent, les misanthropes qui se veulent pragmatiques, ceux pour qui l’autre n’existe pas,
Et ceux qui sont tellement avertis qu’ils ont l’impression d’en valoir deux, ceux qui se suffisent à eux-mêmes, (main droite ou main gauche),
Et ceux qui jouent double jeu/je et qui regardent cette fête des amoureux en se disant que tous les mots d’amour sont morts quand 17 gamins viennent de se faire descendre par un de leurs pairs, un copain énervé et débile dans un collège de Floride, par exemple…
Tous ces bougres-là auraient bien besoin d’un petit remontant candide, ou à défaut un coup de pouce pour les envoyer faire un voyage en stop sur l’autoroute des rêveries amoureuses…

Et en passant, plutôt que Saint Vantentin-tintin,
Pourquoi pas Saint Dominique-nique, nique ?

Fev 20XVIII