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Confesse Book

234 – Montier en Der

21ème Festival de photo animalière et de Nature de Montier en Der 2017

On a perdu les pédales. À peine a-t il inventé la bicyclette que l’Homme a commencé à dérailler. Certes je n’ai rien contre la petite reine qui permet de visiter le monde sans le polluer, mais il faut admettre qu’avec l’industrialisation on a perdu le contrôle du véhicule.
À vouloir tout contrôler, tout dominer de la tête aux pieds, l’Homme a perdu la tête. À force d’accélérer, emporté par son inertie, on a raté le virage d’une modernisation humaniste qui lui aurait permis de gagner du confort, tout en respectant l’Environnement.

À force de vouloir tout et son contraire,
À force de demander à la Terre de donner plus qu’elle n’a, même si parfois elle se rebiffe, elle s’épuise en essayant de nous satisfaire. À force de tout sur-exploiter, de creuser des galeries dans l’écorce, des mines des plus en plus profondes;
À force de n’être jamais satisfait ni rassasié, comme l’écureuil qui ne consomme jamais l’entièreté des glands, faînes, noisettes, noix ou cônes qu’il a emmagasinés hanté par la crainte atavique de l’avenir, l’Homme fait des réserves disproportionnées.
À force de vouloir se protéger en anticipant sur les drames qui pourraient éventuellement lui arriver, obsédé par le pire, – autrement dit « principe de précaution » inepte mais que tout le monde finit par trouver normal nourri par la répétition de pensées négatives- l’Homme produit plus que son besoin. La « conscience du malheur » le mène à se comporter d’une manière absurde, devra-t-on sortir chaque jour avec un casque sur la tête au cas où une tuile vienne à tomber du toit?

On vit une période d’angoisse mondiale et les causes de stress sont nombreuses. Pourtant bien qu’informé que ses agissements risquent de mettre en péril sa propre existence, (et encore plus sûrement celle de ses petits-enfants) au lieu de reconnaître ses manquements et de tenter de modifier ses comportements grégaires, ledit Homme fait semblant de ne pas entendre les mises-en-gardes. Avec un cynisme écœurant, afin de défendre son confort égoïste soutenu par des arguments financiers spéculatifs, il nie les évidences, discutaille les chiffres ou condamne l’augure qui tentait de le prévenir…

On s’alimente à la fois trop et de plus en plus mal, en ingérant des nourritures imbibées de substances créées par des chimistes fous œuvrant pour le compte d’industries n’ayant pour ambition que de générer des profits afin de satisfaire l’appétit insatiable des porteurs de titres et autres actionnaires anonymes qui règnent en maîtres sur les conseils d’administration.
« Grandir ou mourir » on nous dit qu’il n’y a pas le choix !
On nous dit ce qu’on veut, d’autant que ceux qui financent les groupes d’informations sont aussi les premiers concernés par les avertissements des vigies et lanceurs d’alerte poussant des cris d’orfraie mais qui s’égosillent face aux sbires sourds qui défendent les pouvoirs économiques en place.

Oui, la Nature ne peut plus suivre le rythme effréné qui lui est imposé.
Les déserts avancent et les animaux supplient qu’on leur fiche la paix.
Ces animaux qui partageaient avec nous leurs ramages et leur diversité dans le paysage, et qu’ils soient à poils, à plumes ou à élytres, qu’ils soient papillons ou abeilles, se font de plus en plus rares….

À force d’aller plus vite que la musique, on atteindra un jour au silence !

Ah si seulement on avait le droit à nouveau de prendre son temps !
Prendre le temps de regarder.
Prendre le temps de respirer pendant qu’il est encore temps.
Prendre le temps de se réjouir d’une lumière, d’un rayon de soleil, d’un parfum dans l’air, d’un regard croisé dans un reflet de pluie, ou cette forme en mouvement qui glisse dans les fougères, ou une ombre élégante qui apparaît subrepticement en silhouette au crépuscule, tandis que le soleil se couche et que le vent chante une étrange mélopée en frottant les roseaux…

C’est de tout cela (et de bien plus encore) dont on peut penser qu’il est question à longueur de journée – voire de longues soirées animées- entre amis et complices, dans le cadre chaleureux de ce 21ème festival international de la photo animalière et de nature de Montier-en Der qui voit venir chaque année quelques 40 000 visiteurs venus de toute l’Europe en accompagnant la migration des grues cendrées qui se posent sur le lac du Der…

J’y suis allé le jour même où ce président nuisible signait une convention abjecte autorisant à nouveau l’importation de trophées de chasse sur le continent américain…

Je remercie Alain Gavier et le président Régis Fournel qui m’ont invité.
J’ai pu y découvrir entre autres, les superbes images de mer de Guillaume Bily, rencontrer les très sympathiques Tuul et Bruno Morandi de retour des steppes mongoles, saluer en coup de vent mon ami Yann Arthus-Bertrand, échanger des idées sur le monde avec le passionnant Reza, ainsi qu’en apprendre de toutes les couleurs sur les expériences de vie de Hans W. Silvester, avant de reprendre la route la nuit sous la pluie, protégé par le regard de verre bienveillant d’une rare peluche à l’effigie de l’aï, autrement dit « le paresseux ».
Quand je parle de prendre son temps…
tout un symbole!