Septembre, pour certains ce mois signifie « la rentrée », un retour dans l’atmosphère de la capsule « glandouille » après des mois dans l’espace « relax ». Y a intérêt que le bouclier soit solide, parce que ça va chauffer! Septembre, c’est le retour à la réalité, un réveil (difficile) après le rêve éveillé des vacances, quand celles-ci sont considérées comme un « droit » à l’ endormissement volontaire, une nécessité physiologique, une hibernation à l’envers. Une rupture, une accalmie, une sieste. Pendant les mois d’été, beaucoup décident de fermer les yeux pour ne plus voir ce qui se passe, concentrés sur eux-mêmes. Fermer la porte sur les dysfonctionnements de la planète et répéter à longueur de journée « j’en ai rien à battre ». Nier l’évidence, repousser les emmerdes à plus tard. S’habiller autrement. Sortir de son antre, quitter la routine pour prendre d’autres habitudes estivales, d’autres repères pépères.
Se défoncer d’oisiveté, se réjouir comme jamais, rire de rien. Convenir de ses lacunes, s’amuser « même » de ses maladresses, reconnaître (éventuellement) ses erreurs et ses faiblesses.
Cesser de courir après chaque segment de seconde et se dire que le temps est tant important.
Faire des choses simples, réparer un tiroir ou changer une ampoule, ranger des affaires ou faire installer un poêle à convection, construire un cabanon pour les enfants ou choisir avec soin ses aliments sur un marché… Agir presque normalement en quelque sorte, sans faire attention à sa tension ni se préoccuper de l’urgence.
Ah les vacances ! Se vouloir beau comme un rebelle, en bronzant sur son vélo ou à plat sur une serviette en se laissant aller à une méchante paresse contre-productive. Ce sentiment d’être exit, qui vous excite.
Ah ! Les vacances, cet entre-temps en dehors du temps, dans lequel on entre en Juin et dont il faut sortir à la rentrée …
Hélas, l’ivresse ne dure pas. Comme une brindille qui casse sous le poids d’un monde en marche, le nappage ou la croquante fond et la douche froide de Septembre efface le sun-tan.
« Out », en Août, Knock Out en Septembre ! Quand on se retrouve confronté à la dureté de la matière.
Fini les petits matins en claquettes sur la terrasse ou en bottes dans les roseaux, finies les méditations poétiques sous un soleil de plomb au bord de la piscine, finies les longues heures de langueur endormies sur un livre trop lourd, finis les apéros anisés entre copains à manger des bretzels ou des cacahouètes salées, finies les parties de ping-pong dans le jardin, finies les promenades à cheval dans le Colorado, et les jeux du soir qui s’éternisent, fini le midi à minuit. Etc.
Mon métier m’interdit de suivre le rythme des gens « organisés », et s’il m’arrive de devoir ralentir, c’est bien parce que j’y suis contraint. Moi je ne m’arrête jamais vraiment. Il n’y a guère que pendant ma scolarité que j’ai vécu cette contrainte irrémédiable de devoir « rentrer », c’était un moment presque toujours plein d’angoisse, qui ressemblait à cette oppression que j’ai ressentie en franchissant les différents sas de la prison de Fresnes quand j’y suis allé jouer pour les détenus. Pourtant moi, je savais que j’allais vite ressortir…
Aujourd’hui je regarde les déménageurs embarquer les caisses contenant les œuvres qui quittent mon aRtelier du East Harlem. Je l’ai dit, je rentre, moi aussi, à ma manière…
Et je com-
-patis
Avec ceux qui sont
Revenus.
Septembre 2017