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Confesse Book

215 – Orage

Un gros orage vient de tomber, un des ces moments intense et terrible à la fois, quand on se retrouve minuscule détail incapable de rien face à l’immensité des pouvoirs météo. Quelques minutes explosées. Un moment spectaculaire, surdimensionné, hollywoodien. Cataracte tonitruante faisant naître en tout animal un mélange d’exaltation et d’angoisse.

Alors quand on prend conscience de cette puissance planétaire, comment ne pas être hantés par l’ultime menace ? Oui la semaine dernière, j’ai lu un article de la NASA prédisant la fin de notre civilisation dans un avenir très proche… Et merde, que ce soit un fake ou pas 40 ans c’est très court !!  Effectivement très proche !  Ok je ne le verrai pas, mais je ne peux m’empêcher de penser à ma descendance. Sans être loin s’en faut un de ces apôtres du pire qui vous coupe l’envie de ne rien faire, ce n’est pas la première fois que je tombe sur des démonstrations si documentées qu’elles en deviennent effroyablement convaincantes. Quand on réalise le comportement ultime des hommes qui peuplent notre planète, comment douter de l’inéluctable de ces prédictions fatalistes ? L’avidité des puissants, la cupidité suicidaire, la convoitise, la rapacité, l’impatience et l’âpreté au gain donnent une énergie folle aux lobbies industriels qui luttent farouchement contre les mises en garde écologiques qui essayent désespérément de retarder l’échéance fatale.

D’autant que ce comportement jusqu’au-boutiste n’est pas exclusivement réservé aux élites ambitieuses et autres démiurges de la finance, comme si le déni était inscrit en nous…

Lors de la canicule de Juin, espérant que la chaleur immobile ne fût qu’une épreuve temporaire, j’ai hésité à aller acheter de quoi me rafraîchir. Mais j’habite sous un toit et l’air devenait asphyxiant, alors après avoir sué deux après-midi, je me suis décidé à aller finalement dans une grande enseigne de distribution de matériels divers.

Encore emballée dans son plastique transparent, une pleine palette de ventilateurs venait d’y être livrée. Optant pour l’option « brassage d’air froid », je suis descendu au sous-sol où auraient du se trouver les climatiseurs. Mais l’air ironique, teinté de mépris, le vendeur m’annonça que tout ce qu’ils avaient en stock avait été vendu depuis belles lurettes.

– Vous allez en recevoir ?

– Oui… la semaine prochaine !!!!!

– Seulement ?

– Eh je ne peux pas les fabriquer moi-même… L’usine est en Chine. Il faut du temps pour être livré… Néanmoins nous venons de recevoir des aérateurs…

– Oui j’ai vu.

– Ne perdez pas trop de temps !

Déçu de ne pas trouver ce que je cherchais, je suis remonté en traînant les pieds, mais quand soudain j’ai vu l’état de la palette, j’ai accéléré le pas. En moins de dix minutes, il ne  restait plus qu’une pile de huit aérateurs. J’en ai pris un, et je lisais les informations spécifiques imprimées sur la boîte de l’appareil quand une femme m’a tapé sur l’épaule me demandant si j’envisageais de l’acheter… Un peu surpris, je me suis retourné, il n’y en avait plus un seul sur la palette à côté de laquelle un homme scotchait frénétiquement trois et trois boîtes ensemble… soit six d’un coup ! À la caisse un autre en avait pris 4 ! Une sorte de panique avait pris les gens.

– Alors vous le prenez ? M’a redemandé avec insistance la femme prête à me l’arracher des mains

Quand certains ne pensent en ce moment qu’au soleil des vacances, ce texte peut sembler aussi sombre qu’un ciel chargé de cumulus, pourtant malgré les mises en garde on se doit de convenir que c’est l’infâme égoïsme aveugle qui conduira l’Humanité à sa perte.

Il en sera de même pour toutes les denrées, quand l’eau viendra à manquer, quand il n’y aura plus de pétrole ou d’énergie électrique, quand toutes les graines seront stériles, quand les hôpitaux ne pourront plus soigner les victimes des épidémies, quand les pesticides auront tués tous les insectes et les abeilles, et les oiseaux…

Dire que ceux qui en sont la cause se protègent sous l’armure du même argument : « Ben quoi, les « zautres » se sont gavés, j’ vois pas pourquoi moi j’en profiterais pas non plus ? »

Putain mais c’est pas possible d’être aussi con ! La mer se vide de sa faune, les plages sont polluées de déchets à pleurer, les matières premières et les minerais « rares » diminuent… et pourtant la consommation ne cesse d’augmenter !

Oui : la veille de la fin du monde, les hommes continueront d’agir comme si de rien n’était, feignant de nier l’évidence inexorable !

À l’image de cet orage : avant qu’il n’éclate, le ciel était bleu, certes on sentait que c’était dans l’air, mais le calme régnait, et on aurait pu croire que l’orage allait passer… Et puis tout d’un coup, la pluie s’est mise à tomber, et on a compris que rien ne pouvait arrêter le déluge qui s’est abattu ce matin !

Pendant ce temps-là, les « nouveaux » de la politique Française reculent comme des lâches face au industries chimiques à propos des perturbateurs endocriniens,

Et le monstre à la mèche peroxydée joue au golf, avant de venir saluer nos armées le 14 Juillet …

Comme si de rien était !

 

 

Juillet 2017