Menu

Confesse Book

309 – Deux jours dans la vie d’un homme

Deux jours dans la vie d’un homme.
Jeudi 14 Mars 2019
-10.30h – Je gare mon scooter sous la pluie devant la Gare de Lyon. J’ai un bon trois quart d’heure d’avance sur l’horaire du train que je dois prendre. Je préfère arriver en avance. Et ce n’est pas seulement une métaphore, ça me rassure de voir venir. Du coup je suis tout seul et j’attends les musiciens qui doivent me rejoindre. Acheter l’Equipe et le Parisien. Le Train est maintenant à quai.J’y vais. En fait Martin est aussi là qui fume… Karim ensuite ses guitares en bandoulière, Pierre est déjà dans le wagon, il masque, douleurs de dos, lumbago. Dur dur. Mathieu arrive à son tour avec sa basse et son stick contrebasse…
-12.45Hh – Le TGV roule à fond à travers les pluies direction l’Est. On s’arrêtera à Montbéliard. Gaétan Roussel qui voyage avec son équipe dans le wagon contigu poursuivra lui jusqu’à Mulhouse. On boit un café tous les deux au bar. Il me dit qu’il s’est retrouvé dans les propos que j’ai tenus chez Augustin Trapenard. Moi j’avais bcp aimé son « Help Myself ». On a pas mal de choses en commun dans l’idée de se survivre. Très sympa. On promet de se revoir. Échange de coordonnées.
14h. Mon copain Laurent Méthot a organisé une rencontre dans son atelier à Beaucourt avec, entre autres, ceux qui m’avaient aidé à réaliser l’œuvre sculpturale grandiose « Manhattan Babylone » que j’avais présentée en 2012 dans le cadre de l’expo collective de la Factory qui se tenait dans les anciens ateliers des usines Japy. Ça me fait plaisir de les retrouver et d’échanger des souvenirs avec eux en buvant quelques verres de Macvin ou vin Jaune, me régalant des succulentes « sèches » que la mère de Laurent a malicieusement préparées pour moi. Oh gourmandise quand tu nous tiens !
16h30- Partir sous une pluie battante vers le Moloco – Audincourt à quelques kilomètres de là. Je rejoins les musiciens et le reste de l’équipe pour les balance / son. Concentration. Rires… L’avant premièreen quelque sorte.
21h/23h.- La salle est comble, archi comble, un bon signe / présage pour la suite. Premier concert donc de cette tournée « Wake Up Tour – Même pas Sommeil » qui nous amènera sur la route pendant un an et plus. On a enfin l’écho face au public de ce qu’on a rêvé. Lumièe, son, enchaînement des morceaux, ça se passe à l’idéal. Le spectacle est poignant. À la fois grave et tonique, comme si ce show nous dépassait tant les musiques sont prégnantes, leur assemblage nous emportant nous-mêmes dans des spires d’émotions intenses. On en ressort un peu abasourdis, même Pierre a pu un temps oublier ses douleurs lombaires. J’enchaîne avec ¾ d’heures de signatures troublantes et chaleureuses. (Larmes, mains serrées, selfies tremblants « ça fait si longtemps qu’on vous a pas vu », « faut r’venir hein CharlElie »… )
1h-2h du mat’. Débrief dans la chambre de Phiphi. On est heureux de cette joie particulière et viscérale qui anime les musiciens illuminés par l’adrénaline… On est une vraie équipe. Solidaires. Le spectacle est déjà très au point. Difficile d’imaginer que c’était une « première», peu de réglages à faire…
Vendredi 15 Mars 2019
9 h dans le hall de l’Hôtel. Départ à pied vers la gare TGV.
Midi- Gare de Lyon. C’est bon quand les trains marchent et quand on arrive à l’heure. On se quitte, réjouis de penser qu’on va se revoir déjà demain samedi au Phill7 à Magny le Hongre.
Je récupère mon scoot’. Une voix me demande s’il peut prendre ma place. Je me retourne… « Ravi de te céder la place, Vincent ! » Il est un peu surpris de ma familiarité, mais on se connaît déjà, on s’est déjà rencontrés… « Tu m’as reconnu ? » Dis-je, harnaché sous mon casque. – Non, me répond Vincent Lindon, et puis il réalise. « Oh putain, CharlElie… – Bonne journée à toi, tu vas où ? – À Lyon… -Je t’adore! Respect. -Moi, aussi, à bientôt ! ».
Je file.
13.30h. Je suis passé déposer mes affaires de scène à la maison. Manger sur le pouce. Faire une interview par téléphone pour une radio Bleue en relation avec le concert de Bagnoles-Normandie la semaine prochaine. Puis je repars à l’autre bout de Paris pour enregistrer l’émission de Bernard Poirette à Europ’1.
15.30h – Salon du Livre. Là-même où je cherchais une issue l’année dernière, je retrouve mon éditeur Eric Poindron, Jean Yves Reuzeau et les Gens du Castor Astral. Je m’assois quelques minutes pour faire des signatures, mais rien n’a été organisé vraiment. Du coup, c’est un peu peine perdue, ça ne sert à rien que je fasse le poireau ; personne n’est au courant. Je ne suis pas madame Michu attendant le chaland sur sa chaise. Je vais me promener dans les allées. J’ai dans l’idée de trouver un éditeur chez qui publier mes dessins à la plume. Mais tout est tellement organisé, regroupé par genres. La littérature avec la littérature, la presse jeunesse avec la presse jeunesse, la BD avec BD, les mangas ensemble, la S.F., l’éducatif, la presse voyage, les éditeurs étrangers… Il n’y a plus vraiment de place pour la surprise et l’inopiné; je ne trouve pas celui que je cherche… Néanmoins, je rencontre d’autres errants qui, comme moi, déambulent hagards, et aussi quelques connaissances affairées, Vincent Gimeno qui m’a invité à parrainer le marché de la Poésie en Juin cette année, des fans, les gens de Tecknicart, Guillaume Durand et aussi Franck Riester l’actuel ministre de la culture qui me salue au passage…
19h – Espace Andrée Chedid Issy les Moulineaux. 70 personnes sont venues assister à une rencontre/discussion organisée avec mon complice Poindron dans le cadre du printemps de poètes. J’y croise le maire aux phrases persiflantes et affutées, André Santini aimablement venu me saluer avec sa bonhommie joviale d’élu malin, roué du pouvoir.
Au bout d’une heure, la rencontre se conclut en chanson sur un « après la fêteblues » que je joue sur un beau piano blanc mis à ma disposition.
Petits fours « à la française » et pot de l’amitié en signant de « Mécaniques du ciel »…
Minuit.
Poussé par un vent à décorner les bœufs, je rentre enfin chez moi. Disons que mon scooter me ramène, il connaît la route. J’ai un peu hâte de me poser. Avant de repartir demain samedi pour le second concert du « Wake up Tour » , « Même pas sommeil en tournée ».

CharlElie
Mars 2019