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Confesse Book

205 – ITV Le RE-tour

Ma première question est tout d’abord : Vous êtes arrivé à NYC il y a 15 ans, quel bilan vous feriez de ces années ?

CharlElie : Je continue de trouver à NY la même énergie folle que celle qui m’a inspiré, Pourtant j’ai le sentiment que  la nouvelle génération des aventuriers qui viennent chercher quelque chose à NY, a d’autres aspirations, d’autres références que celles qui m’animaient. Le coût de la vie est devenu si élevé qu’il n’autorise plus aucun délai à la réussite. Ça doit être tout, tout de suite. La formule « à New York tout est possible » ressemble à un slogan publicitaire pour attirer les touristes dans un rêve qui n’est plus d’actualité.

Est-ce que c´est une décision soudaine de votre part, ou réfléchie depuis longtemps ?

CharlElie : Un ensemble de « facteurs » m’ont incité à poster cette lettre…

Il y a aussi une grande part de motivation politique,

CharlElie : Au niveau citoyen, la politique est un ressenti, une sorte de rapport qu’on établi avec « les autres ».

Qu’est ce qui vous a le plus convaincu à quitter NYC, Trump ou Macron ?

CharlElie : Les comportements honteux et décisions arbitraires du président Américain élu sont une injure à mes principes. Si je n’habitais pas à New York, je ne choisirais plus de venir m’installer aux Etats Unis aujourd’hui.

Qu’est-ce qui vous a convaincu chez Macron, puisqu’à l’issu du second tour vous aviez posté un texte sur FB qui disait en gros que « c’est le moins pire, comparé à Marine le Pen » ?

CharlElie : Son programme de campagne n’était pas vraiment défini et son manque d’expérience me faisait craindre qu’il ne soit un aérostat gonflé par l’hélium de la com financée par les banquiers. Pourtant, la constitution de son gouvernement m’est apparue comme comme une ouverture intelligente. Un bon navigateur doit savoir naviguer… À la différence de positions trop cassantes, trop « frontales »,  je veux croire que sa ruse peut profiter au pays…

Est-ce que la présence croissante du FN ne vous fait pas un peu hésiter sur la réalité de l’opinion en France, tout de même ?

CharlElie : Le « Front » National manifeste de façon brute et maladroite, un certain malaise identitaire. Parmi les partisans frontistes, il y a certes d’indiscutables crétins renfrognés et des fascistes cruels, mais aussi des Français qui se sont radicalisés par dépit, par écœurement. On ne naît pas d’extrême-droite, et rien n’oblige à y rester. Une meilleure gestion du pays pourrait amener les gens à se sentir mieux, donc moins « revanchards », moins amers… Le Front National ne doit pas être considéré comme une fatalité!

Est-ce que vous allez revenir à Nancy (pour boucler la boucle) ?

CharlElie : Eh… oh…Je ne suis pas un saumon… Je ne rentre pas pour mourir. Du moins, (je l’espère), pas tout de suite!

Qu’est-ce que vous vous attendez à retrouver en arrivant en France ?

CharlElie : Je n’attends rien, j’essaie d’anticiper, de prendre les initiatives. La liberté c’est choisir, il existe un « embarras »  du choix, comme il existe un embarras de la Liberté. On est souvent prisonnier de pensées qui nous empêchent d’agir…

Un terrain fertile pour un artiste comme vous (ou en tout cas plus fertile qu’ici) ? 

CharlElie : En France je peux continuer de créer en m’appuyant sur un socle de soutien amical et fidèle que je n’ai pas, (du moins dans les mêmes proportions), aux Etats-Unis…

Que vont devenir la galerie et l’Artelier ?  

CharlElie : La menace de vente de l’immeuble dans lequel j’ai mon atelier pend comme une épée de Damocles au-dessus des têtes des artistes qui y travaillent. Tant que le deal n’est pas conclu, j’y resterai, ensuite, j’aviserai sachant que j’ai constaté à regret la difficulté qu’ont les New Yorkais à se motiver pour venir au-delà de la 96th…

Pour vos projets en cours comment ça va se passer ?J’imagine que vous viendrez de temps en temps à NYC. 

CharlElie : Je voudrais peut-être me tourner vers l’enseignement, trouver une chaire où transmettre ce que l’expérience m’appris. En ce qui concerne ma relation avec New York, les proportions seront juste inversées: depuis des années je rentre en France quand j’ai quelque chose à y faire, désormais ce sera l’inverse, je viendrai à New York, quand j’aurai une raison pour le faire. Et il y a toujours une « bonne » raison pour venir à New York, n’est ce pas?!