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Confesse Book

202 – Bucklet list

Quand on a le temps, on peut tout accepter, on peut même pardonner à ceux qui vous ont offensé, quand on a le temps, on a le droit de penser qu’on recommencera quelque chose ailleurs, on est prêt à partir, on peut croire à une seconde chance, quand on a le temps on peut admettre l’inacceptable. Mais quand on ne l’a plus, le dos au mur, votre ombre armée vous menace : « c’est maintenant ou jamais ». Fini de procrastiner, et de remettre à plus tard, quand il est déjà tard et qu’on voit poindre le soir à l’automne d’une existence, les jours rétrécissent.
Bon, maintenant ça c’est fait, sur ma « bucket list » je peux cocher la case : « jouer dans un club de jazz à New York ! ».
Le Club Bonafide est un ancien speakeasy, situé au troisième étage d’un petit immeuble sur la 52nd Street. C’est un endroit de bonne réputation fondé par le grand bassiste Richard Bona.
La météo avait annoncé qu’il allait pleuvoir, il y a tellement de propositions à New York… Monter un concert, quel qu’il soit au milieu de rien, je veux dire en dehors de tout soutien de l’industrie, avec les seuls médias sociaux en guise de promotion, en espérant être suivi par l’amitié des membres d’un réseau de relations personnelles maintes fois sollicité, c’est toujours un peu « scary », oui, un peu le stress.
De plus cette année, j’avais besoin de prendre du recul, j’ai choisi que chaque concert soit « particulier / exceptionnel » ce qui signifie aussi que j’ai essayé des choses différentes, et donc je n’avais pas de « points de repères ». Cette fois ne dérogerait pas, accompagné pour l’occasion par George Saenz (à l’accordéon, trombone et même au piano sur « The alien / Quelqu’un en moi»…)
Heureusement, la veille, le patron m’a appelé joyeusement pour me dire qu’on serait « Sold Out ». Le nombre de sièges étant rigoureusement limité, il a suggéré de limiter les invitations! J’ai poussé un « ouf » de soulagement. Vu de l’extérieur, on imagine toujours que parce que c’est New York, ça sera plein, mais c’est une illusion : j’ai souvent été voir des concerts – et parfois même de grands noms -, qui se produisaient devant de toutes petites audiences.
La vie d’artiste (et de musicien) peut représenter une sorte d’idéal pour ceux qui exercent des métiers « sérieux » à travers lesquels ils n’ont pas forcément le sentiment de se réaliser pleinement, tentant de satisfaire les exigences de ceux qui les commandent, faisant plus ou moins scrupuleusement ce qu’on leur donne à faire, ils exercent une fonction en échange de quoi ils sont payés. Aussi, pour eux qui ont dû apprendre à taire l’expression de leur intimité, être artiste est synonyme de Liberté.
Que l’Art soit une libération, c’est indiscutable, en revanche ce n’est un secret pour personne que le prix de cette liberté ne s’estime pas en monnaie sonnante et trébuchante. Beaucoup de musiciens si virtuoses qu’ils soient, doivent accumuler les petits boulots pour simplement arriver à survivre. On imagine l’artiste n’en faisant qu’à sa tête, se levant tard et n’agissant que par caprice, c’est certainement vrai pour les artistes-amateurs, mais si l’on veut un jour espérer pouvoir vivre de ce que l’on fabrique, il faut assez vite admettre qu’« être artiste » au-delà de la gestion de ses émotions excessives, survoltées, passionnées, c’est prendre des initiatives, entreprendre, mettre en route des projets (qui souvent n’aboutissent pas), oser, essayer, recommencer, seul ou accompagné. Oui, quel qu’il soit, l’Art n’est jamais qu’une proposition. Alors, avec les années qui passent, on devient encore plus sensible à la fidélité. Je remercie ici « from the bottom of my heart » en priorité ceux de mes amis (connus ou inconnus) qui, présents à New York, se sont déplacés malgré les intempéries pour assister à ce concert « in-time », mais ce post s’adresse aussi plus généralement à tous ceux que je retrouverai dans les semaines à venir au long des concerts que je ferai bientôt !

Dans deux jours je m’envole, direction la Suisse, Vevey, où je viens pour le vernissage de mon expo à la Galerie Ferrari, mais ça c’est encore une autre histoire…

® CharlElie Couture.

PS : Et en passant, je monterai sur la scène de l’Entrepôt à Paris avec les « Lost Bayou Ramblers » qui y feront un concert le 24 Mai !
Pour ceux d’entre vous qui seront dans le coin, n’hésitez pas à venir découvrir le nouveau son des musiciens cajuns qu’animent Louis Michot et les LBR !
Mélange, de « folk trad », de « coonass punk rock » et « d’Acadian style », encore injustement inconnus en France, les Lost Bayou Ramblers sont une référence indiscutable de la musique Louisianaise d’aujourd’hui.
À bon entendeur…