Menu

Confesse Book

197 – Votes éliminatoires

Ce sera donc le « Petit Prince » et ses rêves de moutons à dessiner – avec le crayon que vous lui aurez prêté- qui sera en charge d’une alternative potentielle, face au populisme démagogue  (« de mes gogues ») incarné par la descendante du parti de la francisque.

La France appelait au changement, mais encore une fois les mots ont repris le dessus. Les urnes ont donc parlé pour dire qu’à moins d’une méchante explosion de l’extrême droite et d’une dramatique abstention démocratique, un bouleversement à la tête du royaume n’aura pas vraiment lieu.

Après avoir fait des grèves et défilé dans la rue pour manifester leur désapprobation à la loi El Khomri, les électeurs ont choisi celui qui en a été l’un des auteurs… Les mêmes qui ont honni François Hollande, qui l’ont conspué pendant les « cinq années-de-son-septennat »  (qui donnait la sensation de ne jamais finir tellement la vague qui l’a porté au pouvoir s’est épuisée avant le troisième mois de sa présidence), les mêmes ont donc soutenu son dauphin, intronisé, dans la « droite » ligne du programme de démantèlement du parti socialiste. On pourrait croire à un manque de cohérence ? Il n’en est rien.

Les Français sont les meilleurs audits de la planète. Ils savent analyser une situation avec beaucoup de clairvoyance et repèrent avec perspicacité tout ce qui ne fonctionne pas. Choisissent-ils pour autant de prendre les décisions qui s’imposent pour y remédier? Pas certain. Thèse/antithèse certes, mais qui s’intéresse à la synthèse ?

Tout en semblant de défendre les pensées évolutionnistes, les Français se régalent d’oxymorons du genre  « le changement dans la continuité ! » Pour le beurre, et l’argent des beurs, dans les épinards (du Qatar)… Ni l’on sort,  ni l’on entre, restons au Centre ! Ni dur, ni mou, votez dans le trou ! Ni oui, ni non, votez Macron !

Ab-usant de la technique de l’esquive, au cours de ces grandes messes électorales, le prêcheur a évité les pro-messes, prônant la bonne parole du Rassemblement et les généralités à « l’eau-de-rose ». Tout orateur qu’il tenta d’être, malgré un organe naturel qui tendait à se briser quand il poussait sa voix, E.M. est habilement resté très, très flou durant sa campagne, et ça a marché. Séduits par le charme du jeune homme, les électrices et les électeurs ont opté pour l’enveloppe sans connaître son contenu : P.S. non, mais  Pochette Surprise, oui !

En résumé, aujourd’hui l’alternative binaire est celle d’un « mur déjà construit » par un parti nationaliste composé pour beaucoup d’obtus à l’idéologie obscurantiste, face l’abstraction aérienne d’un mouvement dit « En Avant » surgi en campagne électorale comme une campagne de pub financée à coups de millions venus d’on ne sait où…

Au lendemain du premier tour, les éliminés sont minés. Mais attention, ce n’est pas le tout d’atteindre la finale, le tournoi n’est pas encore gagné ! Et quand bien même, le serait-il, qu’une élection n’est qu’une étape. Le vainqueur devra craindre ensuite l’esprit de revanche de ceux qu’il a écartés pour en arriver là ? Comment l’élu(e) pourra-t il (ou elle) gouverner sans le soutien d’une majorité  à l’Assemblée?

« Faites-lui confiance ? Vous êtes trop sévères… Une fois au pouvoir… Il est « trèzintélijan ». Oui, oui, on disait aussi cela à propos de son mentor… Mais bon, c’est vrai, lorsqu’on écoute le discours positif des ambitieux quadras et si l’on suit les optimistes crédules, on peut il voir en Macron une issue de secours. Alors pourquoi se cramponner coûte que coûte à la rampe des certitudes ? Il faut parfois oser se jeter dans l’inconnu.

Dimanche prochain plutôt que de foncer dans le mur à coup sûr, s’il y a une chance, même infime, que quelque chose puisse marcher, je n’hésiterai pas à me jeter dans le vide!

Oui, c’est ce qu’on nomme : l’Appel du Vide.

® CharlElie Couture – Avril 2017