Attila, Pilou-Pilou, Murat ou Tandoori, la première chose que vous dit le propriétaire d’un animal domestique c’est son nom.
– Lui, il s’appelle « Tricky », lui c’est « Borodine », elle c’est « Mozare » ou celui qui se cache là, « Bakounine »…
Et je regarde l’animal qui lève les sourcils (s’il en a) semblant faire à votre égard une mimique d’impuissance, du genre « Eh oui mon pote, c’est comme ça, c’est pas moi qui l’ai voulu »
Car le propriétaire, lui, en est sûr, il dit le nom de l’animal comme si celui-ci était né avec ce nom:
– Il s’appelle Popeï …
– Ah comme Popeye ?
– Non, comme Pompéi mais sans le « m »
– ????
Et le chien entendra cette histoire mille fois dans sa vie, sans qu’il ne puisse rien faire pour changer la donne. Quand on est Homme, de la race homo sapiens, on peut essayer d’intervenir sur notre prénom. C’était possible au Etats-Unis, depuis longtemps, en France, une loi vient enfin d’autoriser quiconque à changer son prénom sans devoir passer par un tribunal. Théoriquement, il paraît qu’il suffit d’aller à la maire et expliquer la raison de ce désir de changement. Sera-t on entendu ? Ça c’est un autre affaire… L’administration française, est à considérer comme la loterie: soit on tombe sur le bon numéro compréhensif qui vous fait confiance et vous signe le papier ou vous refile un coup de tampon, soit on tire un grincheux mal à l’aise dans sa vie, qui en veut à la Terre entière de ne pas lui avoir donné l’occasion de révéler sa splendeur et qui décide de se venger sur le premier candide qui vient lui demander quelque chose, faisant ainsi apparaître le monstre (Hulk) de puissance qu’il a en lui et derrière son hygiaphone sur son siège à roulettes, et qui choisit de vous montrer son Pouvoir, celui de vous faire braire, pour que vous compreniez, pauvre de vous, que vous êtes à sa merci.
Mais qu’en est-il du chat ou du chien, du poisson rouge, du lion ou du canari qu’on a affublé de « Brigitte »
– Attends, mais tu ne m’as pas dit que c’est un mâle ?
– Oui, justement, et alors, c’est ça qu’est marrant…
– Ah bon ?! Tu trouves ça marrant ?
– Ben, Ouais…
« Somnifer » ou « Edmond Dantès » peuvent-il vous murmurer à l’oreille qu’il n’en est rien, que c’est un nom d’emprunt, et qu’il ne se reconnaît pas du tout dans son nom… ? Eh, non, c’est ainsi le sort des A.D.C.! Les Animaux De Compagnie ont certes la chance de ne plus être livrés à la dangereuse sauvagerie naturelle, mais en revanche qu’ils soient Kiki, Bouba, Stotschkov ou Mélimélo, ils doivent apprendre à subir les caprices de leurs maîtres et maîtresses, si démoniaques soient-ils. Ils sont pour leurs propriétaires des sortes de choses-vivantes-chargées-de-les-amuser, de les distraire, (c’est leur boulot.) En échange lesdits maîtres se chargent de les nourrir, et de les faire chier (dans tous les sens du terme)…
Aux Etats-Unis, on voit des tortues ou des chats hériter de fortunes, ou partir en vacances ou faire de la gym dans des salles de muscu spécialement aménagées, on en voit aussi s’occuper de leur maître, on les appelle des « service dogs ». Ils ont un statut privilégié : eux ils ne voyagent pas en soute avec la racaille des bâtards en cage, ce sont des accompagnants et les hôtels doivent les accepter dans les chambres… Qu’ils soient golden retriever, chihuahua ou teckel, peu importe la race, ils ont le statuts d’ infirmiers chargés d’équilibrer la fragilité émotionnelle de celui (ou celle) qui tient la laisse qui serait éperdu(e) sans son clebs.
Et si le canidé fait un burn-out pour cause de trop de stress, parce qu’on lui en demande trop, ou parce qu’il a ma digéré un déménagement, le changement de saison ou ses nouvelles croquettes, qu’à cela ne tienne, on pourra toujours les envoyer chez un animal-psychologist qui analyse les comportements des bêtes tentant de comprendre les raisons qui le font se sentir mal si dans sa peau de crocodile, de dindon, de lama ou de castor…
À moins que ce ne soit simplement son prénom ?
® CharlElie – NYC 2017.