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Confesse Book

186 – Côte Ouest

Pas d’alcotest sur la Côte Ouest, se faire conduire, à Los Angeles.

Ange ailé ou pas, on s’y laissera aller.

L.A. c’est là que j’irai chanter à la fin du mois dans le cadre de la semaine de la francophonie. Des chansons du dernier album et d’autres que les gens reconnaîtront, on jouera un gombo de mes poetic rock blues inspiré de la Louisiane.

« Lonely at the top », « I love LA » écrivait Randy Newman. Je me souviens de la première fois que je suis allé à Los Angeles en 1988. J’avais été invité par le réalisateur Alan Rudolph à venir enregistrer deux chansons que j’avais écrites pour son film « The Moderns » qui m’avait donné l’occasion de rencontrer Keith Carradine, Geneviève Bujold, Linda Fiorentino et John Lone.

J’étais logé au Château Marmont, le fameux hôtel qui a accueilli tant de stars. Barbra Streisand, Lana del Rey, Warren Beatty, Jean Harlow ou Clark Gable, Robert Mitchum, Grace Kelly, Howard Hughes, Greta Garbo, Leonardo DiCaprio, James Franco ou Lady Gaga…

Michel Colombier, habitait à quelques blocs, il était venu me rejoindre ; on avait évoqué nos différentes approches des musiques de film, lui qui connaissait bien l’hôtel m’avait donné à croire que j’étais peut-être dans la chambre où l’on avait retrouvé John Belushi mort d’overdose ( pas sur le dos). On avait aussi parlé de la mini dépression que connaissent tous ceux qui ont gagné un prix, et à fortiori un Oscar, comme si toute ascension était forcément suivie d’une dépression.

J’étais ensuite allé me promener dans le Joshua Tree Desert avec mon ami le réalisateur Caveh Zahedi,…

Los Angeles est une ville qui ressemble à une série TV. Comme si même la réalité devenait une fiction, comme si même les choses simples devenaient LALA Land. En dehors du temps, Los Angeles est un état d’esprit entre deux saisons, comme un labyrinthe au soleil, un dédale automobile entre les collines sur lesquelles sont construits des palais kitsch avec la piscine à fleur, des haciendas pour milliardaires ou des villas sous surveillance permanente dont les propriétaires sont des seigneurs des médias, de la mode, de la finance ou du cinéma qui organisent des fêtes pour se persuader qu’ils sont aimés.

Los Angeles est un mirage, presque autant que Las Vegas, il faut y venir pour l’inventer. Chacun sa coke, sa gym, chacun son show, son poodle, chacun son privilège ou sa désespérance. Los Angeles est un décor, un gâteau en sucre ou en stuc pour célébrer une vie certes plus facile ailleurs, mais qu’on rêve de vivre pourtant ici, parce que tout y est théoriquement plus parfait qu’ailleurs….

 

(à suivre)

CharlElie

Mars 20XVII

Cette semaine je quitterai New York mercredi pour aller faire quelques concerts sur la côte Ouest. D’abord je jouerai à Los Angeles les 24 et 25 (infos sur https://www.charlelie.com/)  et puis je monterai un peu plus au Nord à San Francisco…

À la fois Berkeley University et Silicon Valley, San Francisco autrement dit S.F. n’est pas une ville de S.cience F.iction, mais plutôt celle de ceux qui se sont réveillées du fantasme. San Francisco et une ville chantée, de ces airs qui ont bercé la vague hippie des années 70, San Francisco est pleine de sens et d’histoire. Une ville de poésie deep.

L’urbanisme organisé dans un carré, à la pointe d’une presqu’île, SF est une métaphore géographique définie par les collines qui s’imposent par leur relief  pentu. Up and Down, on n’arrête pas d’y monter et d’y descendre.

Ashbury Heights, Castro,  Fisherman’s Warf, Chinatown, Mission District, Downtown ou North Beach, les quartiers sont séparés les uns des autres comme si les états d’esprits de chacun ou ses particularismes, étaient protégés par le relief.

Je me souviens de la plongée dans le temps que j’ai faite en visitant l’île des pénitents punis apellée Alcatraz, (l’île des Pélicans). Dans ce lieu de détention, j’avais été captivé par l’incroyable mise en scène audio. Le casque sur les oreilles, replié sur moi-même comme un bad trip de LSD, j’avais plongé à l’échelle 1/1 dans un rêve dur, emporté par tous les bruits, fonds sonores, interviews et témoignages des détenus qui reconstituaient l’ambiance de l’endroit quand il était encore en usage. Al Capone, Machine Gun Kelly ou Alvin « Creepy »  Karpis ( l’ennemi pulic N°1), j’étais Doc Barker abattu par un garde, ou Robert Stroud, l’homme aux canaris, (qui n’en a d’ailleurs jamais eu à Alcatraz), je les ai vus défiler comme des fantômes et j’ai tremblé devant la grille de Frank Morris et des frères Clarence qui tentèrent de s’échapper (voir « le prisonnier d’Alcatraz »)… Le réfectoire, les douches, et l’occupation par les indiens Sioux en 1968… cette visite m’avait tellement marqué que j’avais choisi une photo du grillage de la cour du pénitencier qui, érodée par le vent donnait une sensation que « la Liberté est comme le vent, plus forte que le métal », comme verso de la pochette du mon disque « forT Rêveur ».

Comme si les histoires, on les vivait à San Francisco, pour mieux les raconter à Los Angeles.
J’ai hâte d’aller raconter là-bas les miennes,

Moi qui vis depuis toujours dans une antichambre

Entre rêve et réalité.

 

® CharlElie – NYC Mars 2017